19-12-2020
Ecrins
500
2057
2569
F
4
Pablo, Arnaud, Emilie
2

Au bout de 2 pâtés, j’ai abandonné et opté pour un 69  dans une cuvette de neige entre un rocher et une fille. Le tout, sous un ciel étoilé sans étoiles mais avec petit grésil bien chiant à la place. Une quinzaine de couches entre nous et une couverture de survie par-dessus qui crisse au moindre mouvement avec ce petit bruit strident qui casse bien l’ambiance.

Pour faire un bon pâté, faut pas foncer tête baissée dans le premier tas de neige venu. 80 cm de profondeur parait le minimum avec une neige peu compacte.  L’idée est d’obtenir un sorte de sarcophage de 40 cm de haut + ou –enterré sous 40 cm de  neige afin que la voute tienne. En fonction de son degré de claustrophobie, on s’y glisse les pieds devants ou la tête.             

Je choisis une pente de neige assez raide et me mets à creuser à l’horizontale. Pas concluant, ça s’écroule au fur et à mesure que j’avance. J’étais aussi trop de près de Pablo et sur la même ligne de pente. Sans risque dans le cas présent mais cela fragilise un peu le manteau neigeux.

Pour ma seconde tentative, je m’applique un peu plus sur l’emplacement. Je prends une pente un peu plus raide avec plus de neige ( la sonde peut s’avérer utile ). Je suis les conseils de mon pote Arnaud qui pilote la petite aventure . D’abord creuser à la verticale sur ~ 80 cm de profondeur autour de soi, puis ensuite attaquer les côtés pour se faire un peu de place et enfin faire la taupe selon un axe pour se déblayer une cavité. Là encore, pas assez de neige, je me retrouve trop vite sur la terre pour me constituer une surface plate.

 Je commence à me dire que je ne suis pas encore couché. Je lève le nez et vois Christelle en contre bas qui sans bruit , tranquillement , est en train de se construire un mur de neige en profitant d’une avancée rocheuse. Discretos, je m’approche.

- « Ouiiii, bonjour mademoiseeeeeeeelle »

- « Qu’est ce tu veux ?»

Je ne me laisse pas décourager par cet accueil glacial.

- « Ca m’a l’air grand chez vous » En fait 80 cm de large dont une partie bouffée par l’avancée rocheuse. « Je peux t’aider ?

- « Non, tu vas tout casser ! »

Je fais profil bas. Pour éviter un râteau , je prends une pelle et me mets à découper des blocs que je refile à l’architecte. Au bout d’une petite heure, on s’est construit une ceinture de neige suffisamment haute pour être protégé du vent

- "Y a un courants d’air par ici, il faut surélever de ce côté »"

Je m’exécute mais l’ironie de la remarque nous fait marrer. On est en bivouac en plein hivers au-dessus du Lautaret. Tout n’est qu’un courant d’air.

L’installation dans le duvet prendra encore une bonne ½ heure à chacun. Une fois bien au chaud dans son duvet -20/-30° , on est top, on papaute , un peu émerveillé par cette situation inédite. Grasse mat le lendemain jusqu’à 8h.

 L’après-midi, course d’arête facile « L’arête des clochettes » au-dessus du Lautaret.