12-02-2021
Ubaye - Parpaillon - Alpes Cozie S
PD
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Après une halte en Matheysine, nous avons rejoint Rémi, Catherine et leur petite à Saint-Paul-En-Ubaye, dans le seul gite qui sert encore la demi-pension en cette période trouble. Gite agréable où l'on mange bien, nous avons une chambre de 8 pour nous 3. Seul bémol, les lits minuscules pour de si grands gaillards! Les pieds dépassent, et chaque mouvement dans le lit superposé manque de conduire à la chute. Ambiance bivouac en paroi, le froid en moins. Au petit déjeuner, première mauvaise surprise. La petite a été malade toute la nuit, ses parents n'ont pas fermé l'oeil de la nuit. Nous sommes donc abandonnés, filants tout les trois vers la première étape de la journée.

Cascade du vallon du pont

La journée est au mauvais temps. Ce matin il fait tout gris, et la neige doit arriver dans quelques heures. Bien décidé à profiter au maximum de notre séjour, on s'oriente vers la cascade du vallon du pont, une classique du secteur. Dès le bord de la route, nous apercevons un imposant cigare, assez proche. Notre itinéraire comporte bien un cigare, mais c'est en L6, et nous visons une variante qui permet de l'esquiver. On est donc surpris de découvrir aussi rapidement un ressaut si impressionnant. On décide tout de même de monter voir.

ça brasse pas mal, Louis fait la trace le long d'un ruisseau. Plus haut, on découvre une gorge qui file sur le côté du fameux cigare, vers un inconnu que l'on devine plus accueillant. Nous voici rassuré, nous sommes bien au bon endroit. On continue de s'enfoncer entre d'imposantes falaises, mais déjà un nouveau doute nous assaille. Tout est blanc autour de nous, et nous n'apercevons pas de trace de glace. On entends l'eau couler à fort débit sous la neige. Après avoir zigzagué entre chaque versant du vallon, on découvre ce qui est censé être le premier ressaut. On aperçoit vaguement de la glace sous la neige, mais en bien faible quantité. Et au milieu coule une rivière ... C'était attendu vu le chaud de la semaine précédente, mais la confirmation s'abat: cascade pas en conditions, on rentre. Le retour se fait dans nos traces, de manière bien moins fatigante.

Arrivé au gîte, on croise Rémi et Catherine, sur le départ pour un retour express à Lyon. Quasi mis à la porte par la gérante par peur que la petite ne soit porteuse du Covid ... Ambiance 2021 ... De notre côté, on zone un peu, ne sachant trop quoi faire. On hésite à sortir les skis pour faire quelques virages, mais déjà les cimes se bâchent. Catherine nous envoi un message pour nous indiquer un spot qu'ils ont aperçu au bord de la route, où des gens partaient grimper. C'est le signal! Aussi rapide que des pompiers partant en intervention, on se rhabille, on attrape le matériel et nous filons vers l'endroit indiqué!

Grande cascade de la Reyssole

A peine sorti du village en direction de Barcelonette, on s'arrête sur un pont entre deux tunnel. On peu repérer des lignes bien visible en contrebas. Une longueur en 3+ où deux personnes font des moulinettes, sous l'oeil attentif de deux seniors qui les filment depuis le parapet. Et plus loin, une jolie ligne très raide. On hésite un peu, la première cascade a l'air rigolote mais est déjà prise, alors on décide de se diriger vers la seconde, dans l'idée d'y poser également une moulinette. La traversée s'effectue par le dessus sur un petit sentier aménagé. Mais à mi chemin, on s'arrête au pied d'une ligne qui attend son heure, camouflée sous la neige. ça a l'air pas mal! Avec un peu de ménage ça devrait être grimpable, et plus abordable!

Nous jetons donc notre dévolu sur cette trouvaille inattendue. Je me lance dans un premier ressaut. C'est un vrai chantier de nettoyage, mais je trouve une glace pas mauvaise du tout sous la poudre. Les premiers coups de piolets me décrochent un large sourire, bientôt suivit par mes premières crampes aux mollets. Je broche (beaucoup) et avance (pas vite), pour finalement sortir le ressaut et faire relais sur un arbre. Au dessus de moi, une pente de neige quasi plane et puis un second ressaut, un peu plus raide. "Super, ça continue!" cris-je à mes deux camarades. Après quelques minutes, les voici qui me rejoignent au relais. On échange sur le plaisir de cette grimpe, inattendu après l'échec du matin. Puis je repars, dans l'idée de faire un nouveau relais au pied du second ressaut.

Malheureusement, je déchante vite. Sous la neige, beaucoup de rocher et une mince pellicule de glace, solide mais trop fine pour brocher. Hors de question d'installer là un relais. Plus haut cependant, ça parait bien brochable. Alors je décide d'enchainer. Je remonte dans de la neige tassée, toujours le même geste de balayage avec les piolets pour fouiller le manteau. La suite et une belle grimpe sur une glace solide, même si la neige cache la frontière avec le rocher. Je sors du ressaut et me découvre bout de corde. Alors je fait relais sur un arbre, avant d'être rejoint par Maëlle puis par Louis. Au dessus, il n'y a plus rien de grimpable. Et puis, ça y est, il neige de plus en plus et on a pas trop envie de trainer dans le coin pendant que les flocons s'accumulent. Louis nous dégote un couloir entre les arbres qui nous ramène à notre point de départ. Au bord de la rivière, les deux glaciéristes ont disparus. Alors malgré le mauvais temps, on décide d'une dernière moulinette dans cette ambiance austère!

La ligne est très sympa, plus raide et sculptée que précédemment. Chacun fait sa moul', Maëlle en redemande une seconde fois, puis on prends le chemin du retour, trempés mais heureux d'avoir rattrapé la journée ainsi dans ce site sympathique. Pas très bucolique, mais facile d'accès! On aura ainsi pu dérouiller nos réflexes, bien nécéssaire pour qui connait le programme du lendemain ...

PS: en fin d'aprem, les nouvelles venues de Lyon sont rassurantes. Pas de covid chez Rémi et Catherine, juste un classique rhume hivernal...