09-07-2021
Ecrins
500
3362
D
5h30
0

 

Après un échauffement au pilier Candau (cliquez c'est important), voici une première vraie course d'alpinisme sur ce camp de La Bérarde avec Emeric E, dit Papy (attention, il y en a plusieurs). Le papy en question n’est qu’à l’aube de sa quarantaine mais il a déjà développé un côté vieux con avec des principes auxquels il déroge rarement. Par exemple, il faut plier les dégaines à rallonge et les sangles en les récupérant et non pas les mettre en bandoulière à l’arrache, c’est donc à sa manière que je le ferai tout au long des 500m d’arête au programme.

On prévoit de suivre le topo pour l’approche : assez vite il s’inquiète en ne voyant toujours pas le cairn promis par C2C. Je décide donc de prendre les choses en main et passer par là ou ça semble logique (d’autant que nous voyons l’attaque d’où nos sommes), ce qui a le don de le mettre de fort mauvaise humeur, la traversée finale semblant trop « éboulis de l’Oisans »esque à son goût ! Vers 9h15, c’est tout de même ensemble que nous arrivons à l’attaque, c’est plus pratique pour s’encorder.

De mon côté, je sens que la journée va être excellente, la Meije est magnifiquement plâtrée de la veille, le ciel est bleu pour la première fois du camp. C’est à un train tout à fait honorable que nous commençons à gravir le premier ressaut. Nous nous employons modérément dans les premières longueurs, côtées plutôt généreusement et parfaitement sèches sur le fil, quelques vagues résidus de neige ne gênant que très peu dans les courts passages en versant N. Papy passe tranquillement le court surplomb en 5b que je me suis pourtant bien employé à passer en grosses. « Oui, bon, j’étais en second », me glisse cet éternel modeste dans un clin d’œil.

Après un dernier passage en III, nous gardons les grosses pour terminer en corde tendue sur une belle section horizontale, peu grimpante mais aérienne, jusqu’au pied du 2e ressaut, atteint vers 12h00 : nous avons bien tenu l’horaire, galvanisés notamment par les conditions rencontrées sur ce premier ressaut (du soleil et du rocher superbe), et les automatismes commençant à apparaître dans la cordée.

On perd donc quelques minutes à tolérer les lubies de Papy, qui croit bon de faire une sieste de 15min au soleil en plein dans la voie, puis on se remet en marche dans le 2e ressaut. Les 2 premières longueurs sont bien perverses, je coince les grosses dans des cannelures que je trouve bien moins généreusement côtées (IV+) (leur caractère improtégeable, suspendant l’intégrité de mon bassin à quelques pitons plus rouillés que les genoux de Papy, doit aider), mais je bénéficierai de l’assistance de mon compagnon de cordée pour en gravir la fin en second.

Après avoir récupéré tout le matériel laissé par Emeric dans la dernière (très belle) longueur de IV+, qui voulait sans doute me refourguer toute la ferraille pour s’alléger le baudrier, nous rejoignons tranquillement le sommet du Pic Nord des Cavales vers 14h45, dont la descente par l’arête S puis par les rappels du trou d’eau glaciaire se déroulent sans encombres, puis le bivouac vers 2500m, où nous attendent nos duvets et surtout nos chaussons pour s’attaquer à la face SW du pic Maître le lendemain.

Quant à Papy, il commence déjà à négocier, pour le lendemain matin, un RDV très matinal ! Ah, la jeunesse…

Bilan : une jolie voie pas si peu équipée sur le superbe rocher des Cavales, assez soutenue dans le IV/IV+, mais dont la seule section plus dure est équipée pour passer en A0. L’itinéraire est évident et le cadre splendide : foncez !