24-10-2021
Haut Giffre - Aiguilles Rouges
2732
TD
1

 

Encore une belle météo automnale annoncée en montagne, direction les Aiguilles Rouges avec Claire. Au programme :

  • la voie Les Noces d’Etain dans le versant sud du Doigt de Mesure (300 m, TD-) ;
  • une nuit en bivouac vers 2200 m d’altitude ;
  • la noie Les Enfants du Bonheur dans le versant Est de l’Aiguille Morris (300 m, TD-).

Nous nous garons au niveau du Pont de l’Eau Noire (1431 m) et entamons l’approche par une sente peu marquée entre myrtilliers et arbustes. Peu à peu, la brume s’évacue et nous découvrons un paysage au contraste somptueux où le givre adoucit les chaudes couleurs de l’automne... L’Aiguille du Tour, la Verte et les Drus se dévoilent à nous, quelle ambiance !

Vers midi, nous parvenons au bivouac où nous déposons une partie de notre fardeau avant de repartir en direction de l’objectif du jour. Nous découvrons que les versants nord sont déjà bien « plâtrés » dès 2000 m d’altitude alors que le rocher rouge des faces sud est en excellentes conditions. Nous observons avec une certaine inquiétude la face Est de l’Aiguille Morris, notre objectif du lendemain : si les 6 longueurs de la voie semblent à peu près sèche, ce n’est pas le cas de la course d’arête qui permet de rejoindre le sommet. Mais à chaque jour suffit sa peine…

Nous trouvons facilement le « bloc formant abri à matériel » indiqué dans le topo, une lunule équipée d’une corde matérialise le pied de la voie. Néanmoins, nous n’arrivons pas à distinguer le premier spit mais ça ne peut être que là ! Je m’aperçois alors que parmi toutes les photos que j’ai pris du topo Piola il manque bizarrement le croquis de la voie… J’envoie un message à quelques GAULois pour tenter de le récupérer.

Je m’élance dans cette longueur côtée 5b et protège comme je peux avec les 4 friends que nous avons emportés « au cas où ». Je finis par apercevoir un relais à 45 m, mais toujours pas le moindre spit. Je me dis que la première longueur, se protégeant bien, a peut-être été déséquipée… Quoi qu’il en soit, quel bonheur de grimper en T-shirt sur cet excellent rocher ensoleillé, sous l’œil des chamois !

Une fois atteint le relais, je découvre une ligne de spits qui s’élève en traversée à gauche vers un surplomb : soulagement, cela correspond au topo ! C’est au tour de Claire de passer en tête mais elle doit plusieurs fois s’arrêter dans cette longueur côtée 5c où un dièdre pas évident précède un passage très athlétique dans lequel elle se résout à tirer au clou, le tout avec seulement 5 spits sur 45 m. En second je trouve la longueur bien soutenue et je tire aussi au clou dans le surplomb. Pas donnée cette voie…

La troisième longueur part dans une superbe dalle raide qui me paraît peu prisue… et effectivement je me retrouve confronté à des difficultés bien supérieures au 5a annoncée ! Je frise le vol dans un petit surplomb teigneux dans lequel une prise me reste dans les mains. A ce stade, j’ai acquis la certitude (enfin, me direz-vous !) que nous ne sommes pas dans notre voie. Je commence à m’énerver, je gueule sur ma partenaire du jour qui elle reste imperturbable… Je poursuis néanmoins la longueur toujours très soutenue dans le 6, avec notamment une traversée horizontale sur micro prises (Terreur !) qui met mon mental à rude épreuve, avant de finalement poser une pédale dans un surplomb situé juste sous le relais. Claire me rejoint, non sans mal…

C’est alors qu’une GAULoise (merci Catherine S. !!!) me fait parvenir les photos manquantes du topo Piola. Nous nous apercevons que nous sommes dans la voie Pharaon d’un Soir, TD+ peu équipé… Nous avons parcouru 3 longueurs de 45 mètres :

L1 : 5c, 0 point.

L2 : 6a+/un pas de 6c+, 5 points.

L3 : 6b, 5 points.

Bizarrement, les 2 dernières longueurs en 6a et 6b avec un seul point par longueur ne nous tentent pas et nous décidons de redescendre en rappel.

Revenus sur le plancher des chamois, nous parcourons quelques dizaines de mètres supplémentaires au pied de la voie avant de trouver un second « « bloc formant abri à matériel » » : le départ de notre voie était là !

C’est donc penauds que nous redescendons à notre bivouac, à peine perturbés par les nombreux chamois croisés et un groupe de lagopèdes alpins bruyants mais difficiles à discerner dans leurs habits d’hiver.

Nous préparons notre repas en contemplant un merveilleux coucher de soleil qui embrase le Massif du Mont Blanc. Claire prend ses quartiers dans un abri naturel couvert pendant que je m’installe sous une myriade d’étoiles…


Dimanche, nous sommes de retour au pied du Doigt de Mesure à 9h, bien décidés à en découdre : l’objectif est finalement le même que celui de la veille !

A peine ai-je le temps de poser un pied dans la voie que déjà les rayons du soleil nous réchauffent : le timing est parfait et toute la journée sera à l’unisson. Nous grimpons sur un excellent rocher bien protégé, Claire enchaîne avec brio la longueur clef de la voie (6a), nous n’aurons besoin que de 4h30 pour parcourir les 11 longueurs qui aboutissent au sommet pointu du Doigt de Mesure. Le panorama sur les Aiguilles Rouges et le massif du Mont Blanc est majestueux, on ne s’en lasse pas.

La descente déroulera également très bien, nous trouverons facilement le dernier relais réputé difficile à débusquer et c’est vers 17h que nous rejoindrons finalement la voiture.

Ce secteur Aiguille Morris / Mesure / Praz Torrent mérite une visite. On y grimpe sur un excellent gneiss rouge face à un panorama époustouflant. Il bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel : on peut donc parcourir certaines de ses voies en automne et même en hiver avec une approche à ski ! En plus de Noces d’Etain, l’autre classique du secteur est la Voie Parat-Seigneur que j’ai eu la chance de partager avec Babeth et Olivier G. il y a quelques années.