05-07-2014
Ecrins
PD
3h

À une semaine du camps d’Ailefroide, cette sortie dans les Écrins étaient prévue pour mettre en jambe les Gaulois. Enfin non, elle était prévue dans le cadre d’un cycle initiation / progression : des pratiquants autonomes devaient passer en lead, faisant découvrir la haute montagne à un débutant, dans les règles de sécurité. Un encadrement expérimenté et un choix de courses judicieux permettait cette initiative. Bon, en fait, il y avait sept Gaulois autonomes, dont des expérimentés, et un seul débutant (une, pour être précis). Donc, à une semaine du camps d’Ailefroide, un octo groupe Gaulois parti de Lyon sous la pluie pour arriver au soleil dans les bouchons de Bourg-d’Oisans, la route étant bloquée par la marmotte. Cette fameuse course cycliste descendant du Lautaret avant de remonter à l’Alpe d’Huez était farouchement protégée par une troupe de gendarmes vaillants, les mains sur les hanches à regarder les voitures s’empiler. Finalement, le mot de passe “heu, nous, on va à la Bérarde” nous permis miraculeusement de passer (la route de la Bérarde ne passe pas par le Lautaret, sauf si on a de l’essence en trop).

Un peu plus tard mais pas encore en retard, les Gaulois pique-niquaient sur un parking, au bout d’une vallée de montagne. Nous étions à la Bérarde, le départ pour le refuge de la Pilatte. La montée au refuge permit d’imaginer les hauts sommets qui nous entouraient. Ici les Écrins, par là-bas derrière, les Rouies, à gauche les Ailefroides, au fond, les Bans. Nous avions le temps d’imaginer, grâce à cette monté qui est surtout 7 km de plat avant le raidillon sérieux de la fin, et aux nuages nous cachaient tous les vrais sommets.

Le refuge de la Pilatte est un joli refuge perché sur un promontoire rocheux, sérieusement protégé par de grands névés sur lesquels s’amusent une troupe de chamois et quelques marmottes (dix chamois et deux marmottes auront été comptés ce jour). Le temps de la bière permis de rediscuter des courses possibles : traversée des Bœufs Rouges par le col du Sélé au col de la Condamine, pointe de la Pilatte, ou arête NE du Gioberney. Les avis étaient partagés, les courses très différentes les unes des autres, mais toutes facile (F à PD), soit en rocher pur, soit en neige pur, soit en mixte pour les Bœufs Rouges. J’avais eu l’occasion de demander à un vieux référant ce qu’il pensait de la crête des Bœufs Rouges. Il m’avait benoîtement dit que c’était un gros tas de cailloux. J’avais été effectivement vérifié. Aurélie aussi, d’ailleurs, ce qui fit deux volontaires de moins pour les Bœufs Rouges. Finalement, la météo incertaine, la durée de cette longue course, et l’heure de réveil mécaniquement plus matinal fini par décourager même Babèthe de cette course. Pierre était motivé par la pointe de la Pilatte, moi de même, Aurélie préférait le rocher du Gioberney, et les autres pensaient faire le Gioberney s’ils n’allaient pas la Pilatte. Beaucoup d’indécision ou de non décision qui furent tranchées par le drôle de choix d’envoyer toutes les femmes dans l’arête du Gioberney pendant que les quatre hommes (puisque nous étions jusque là à parité) monteraient à la Pilatte.

Le réveil ne fit pas trop mal, à 4h30, après une nuit assez peu perturbée par un ronflement ici ou là, puis ce fut le départ pour les deux groupes, maintenant hommes et femmes séparés, un petit déjeuner et un lavage de dents plus tard. Le soleil commençait à faire rougir la face manifestement est des Bans. Dans les couloirs encore sombres de cette face austère montaient des couples de loupiotes encordées qui étaient partis du refuge deux bonnes heures plus tôt. Le temps était frai sans être froid.

votre narrateur étant de sexe masculin, vous aurez pour la suite la montée à la Pilatte

La descente sur le glacier de la Pilatte se fait à travers la falaise par des câbles et échelles. En bas, les piolets purent sortir du sac, les crampons se fixèrent sous les chaussures, l’encordement fut choisi long, le danger venant des crevasses plus que de la pente. La montée vers la pointe se fit dans un itinéraire intéressant, passant entre petits séracs et grandes crevasses. Le soleil montait également, mais de petits nuages le voila, lui évitant de trop nous cuire. C’est le temps que météofrance appelle “belle éclaircies” mais que l’on nommerait tout aussi bien “assez nuageux”. En tout cas, un temps parfait pour une monté sur un beau glacier. L’arrivée sur la pointe de la Pilatte permet de grimper quelques rochers, crampons toujours aux pieds. Le sommet fut donc atteint à 8h30, un peu plus de deux heure trente et peu moins de trois heures après le départ, pour un dénivelé positif de 1100 m. La descente fut assez naturelle, en restant toujours vigilant pour ne pas finir au fond d’une crevasse. Ce sort fut tout de même testé par un bâton de marche qui échappa à Manu, et qui n’avait pas pris la précaution de s’encorder. Nous étions tous, moins ledit bâton, de retour au refuge à onze heure. Pas longtemps après, et sans nous avoir fait attendre, nous vîmes les dames descendre des rochers nous surplombant, sautant de vire en vire pour venir se poser à nos côtés, devant la bière ou le thé justement mérité, et à l’attaque de notre déjeuner.

les courses pointe de la Pilatte et arête de Gioberney se faisant face, vous aurez ci-après la course des dames, tel que vu depuis le glacier de la Pilatte

  • 6h05 “Tiens, on voit deux cordées au niveau de la neige, sur l’arête, là bas”
  • 7:25 ”Là, regarde, elles sont à la limite ombre / soleil ; il y a une cordée à l’ombre, et une au soleil”
  • 11:15 “Tiens, regarde au dessus, elles arrivent”
Propos recueillis auprès de Nathalie – L’arête NE du Gioberney – La course des dames, vue par une novice.
Tout est dans le titre, ne comptez donc pas trop sur moi pour les infos techniques. Je n’ai cessé de m’en remettre à ma bienheureuse maitresse de cordée, j’ai nommé Babeth.
Nous sommes donc parties à sur les coups de 5h30 avec l’objectif d’atteindre 3 heures plus tard la pointe du Gioberney.
Ca y est je suis prête, j’ai tout mon barda, crampons, piolet, baton, baudar….Je crois qu’à cette heure-ci je ne sais pas encore à quelle sauce je vais être mangée, mais je suis confiante puisque les filles semblent l’être pleinement.
On démarre donc par du rocher pour rejoindre la moraine (j’me la pète maintenant que je connais des nouveaux mots) et chausser nos crampons pour attaquer le glacier (enfin,le bout de neige, enfin je ne sais pas trop comment on l’appelle). Jusque là pas de souci, et après un petit ajustement de crampons pour Aurélie (merci le couteau Suisse de Marie) nous voila parties dans le glacier pour rejoindre un petit couloir bien vertigineux de mon point de néophyte.
Devant nous une cordée s’est mise en mode grimpe et a utilisé les relais pour grimper le couloir. Mais Babeth a l’air sure d’elle, nous n’aurons pas besoin de relais, on la joue donc cordée serrée et avant Gimgamp, on se servira des marches qu’ils ont creusé dans la neige pour grimper…..
Pendant ce temps là dans ma tête : Non mais elle est barge ou quoi. Natha respires, elle a l’air de maitriser son truc et puis c’est beau de remettre sa vie entre les mains de son premier de cordée.
Bon finalement et ben Babeth elle avait trop raison, la montée s’est très passée. Dorénavant je bois ses paroles !
Par la suite, après une nouveau passage rocheux et un coup d’oeil sur le glacier du Pilatte pour voir ou en sont nos hommes, qui avancent drôlement vite, nous voila devant un choix entre neige et rocher. Nous choisirons l’option rocher que nous gravirons avec plus ou moins d’assurance et terminerons l’arète par un nouveau passage neigeux ou nous déciderons  de ne pas chausser les crampons car la neige adhere bien.
C’est à ce moment là et après une petite pause granny que les filles me glissent qu’il reste une difficulté avant d’atteindre le sommet. Naïve et fière de ce que j’ai déjà franchi, je n’en demande pas plus….
Après une nouvelle petite arête neigeuse, nous atteignons quasiment le sommet, mais avant ….un mur se dresse soudain sous mes yeux ! Quoi quoi quoi on va grimper ca pour atteindre le sommet. Panique à bord,
ou est le service client, j’ai deux mots à lui dire !
Ah non mais t’inquiète c’est du 4, c’est du pipi de chat, ca va passer comme une lettre à la poste. Babeth monte donc en tête pour m’assurer, puis c’est à mon tour. Aurélie et Marie, sont aux encouragements et me voila donc partie les jambes flopi flopa et avec la quasi certitude que la cheminée du milieu va me poser quelques soucis. Ca n’a pas loupé mais après les encouragements des filles et l’aide précieuse de Marie montée quasi à mes cotés me voila sortie d’affaire et hyper heureuse d’avoir dépassé ma peur.
La fin n’est plus loin et après un nouveau petit passage neigeux nous voila au sommet à 3352m avec quelques compagnons de route, donc un petit jeune home de 12 ans…respect !
Pour la descente, un passage rocheux et puis retour sur la voie normale par le glacier, tranquilou, au detail près que mon lacet s’est emmêlé dans mes crampons et que j’ai fait une belle petite gamelade pour finir en beauté !
Bref ce fût une belle première ! et encore merci aux filles qui m’ont été d’un précieux soutien !
La suite c’est Baptiste qui vous la raconte. J’ajouterai simplement que 1600m de dénivelé négatif en une journée, ca fait mal aux genoux  !

la suite a été vécu par le groupe de nouveau heureusement unis

Le retour ressembla finalement assez à l’aller, mais dans l’autre sens. Le ressaut et les névés avant le refuge devint une pente de neige à descendre en ramasse pour les plus téméraire, pas à pas pour les plus prudents. La longue approche à plat devint un long retour de 7 km à plat. Le pic-nique sur le parking fut une glace au genépi (ou à la chartreuse) à la sortie de la Bérarde.

Enfin, pour le dire beaucoup plus rapidement, ce fut un beau WE en haute-montagne, bien préparé par Pierre et Babeth. Les deux courses ont manifestement répondus à l’envie de tous les participants. Rendez-vous ont été pris pour les camps montagne de juillet.