Montagne située un peu au sud de Narvik, au-delà du cercle polaire, les norvégiens l’ont élue « plus belle montagne de Norvège » C’est vrai que, très pointue (genre Dibona), 1400m droits au-dessus du fjord, elle a vraiment de l’allure… quand on peut l’apercevoir entre les nuages ! Les prévisions météo ne nous laissaient pas beaucoup d’espoir, et à notre arrivée sur le parking désert, après 300km sous la pluie et dans la lumière glauque du milieu de la nuit, le plafond reste désespérément bloqué entre 300 et 400m. Le lendemain, pas mieux… Grasse matinée et pêche dans le fjord (cabillauds, lieus noirs, lieus jaunes, maquereaux, moules…). Le soir, une petite éclaircie nous permet de voir le sommet, rocher noir caparaçonné de glace… Vision inquiétante, mais qui ne nous empêche pas de programmer une tentative pour le lendemain.
Nous visons la voie normale, 1200m d’approche puis 200m d’escalade avec une longueur en 5. Départ à 5h30. Dès le départ le « chemin » est détrempé, et la pluie nous rattrape rapidement. Il fait froid, et à la sortie de la forêt, le vent se lève : ça caille vraiment ! Mais c’est beau, très sauvage dans tous les sens du terme. On dépasse le Svartvatnet, joli lac encore à moitié gelé, et il se met à neiger : le sommet, on le sent de moins en moins…
On continue quand même sur des pentes bien raides encombrées de blocs rocheux, avec quelques névés ; heureusement qu’on a pris un bâton de ski. A 9h, on est à 100m sous l’arête, dans le brouillard, le vent et la neige : belle ambiance, coupés du monde. On essaye de se réchauffer un peu avec une soupe brûlante, en attendant de voir comment le temps tourne : ça empire… le rocher est complètement plâtré et plus haut, ça doit être l’enfer... Nous décidons donc de redescendre, avec ce sentiment partagé de lâche soulagement et de douloureux regret de ne pas avoir tenté plus…
Dans la descente, la pluie s’arrête, et arrivés vers midi sur le parking, un rayon de soleil nous salue avec ironie. Les nuages se déchirent, le sommet apparaît… le temps de prendre une photo ! Il est tout blanc, contraste avec le rocher noir luisant, et le vent qui souffle là-haut à l’air dément. Que c’est beau ! Puis les nuages le recouvrent à nouveau, et nous ne le reverrons plus. Dommage pour nous, ce n’était pas le bon jour, mais nous avons très envie de revenir tenter ce sommet si attirant, et quelques autres dont la région de Narvik regorge. Pour l’heure, nous repartons vers le sud, pour rejoindre le reste du groupe et de nouvelles aventures.