06-04-2014
Taillefer - Matheysine
1600
1450
2857
AD
9 h
Daniel X

Présence clairsemée à la permanence du jeudi. Il y avait pratiquement plus « d'encadrants  attendant le client » que de Gaulois disposés à se faire encadrer. Du coup, fusion du projet « perfectionnement » prévu pour le week-end entier (le samedi s'annonçait maussade) et de la sortie de dimanche. On réussit finalement à former une petite troupe de six : Daniel, Hélène, Johan, Luc, Serge et Thomas.  

Après quelques vérifications par webcam heureusement effectuées par Johan, l'objectif initial, le Grand Galbert est abandonné au profit du Taillefer : plus de neige et moins de portage et de voiture !

8 h (environ) du matin, le dimanche, sur les lacets au dessus de la Morte (modérément marketing comme nom, on comprend qu'on lui préfère l'Alpe du Grand Serre), en direction du lac de Poursollet : il est clair que nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée. Une joyeuse pagaille pour se garer en file indienne sur le bas-coté plein de neige et une petite pointe d'inquiétude sur le moyen de repartir après la course. Heureusement, nous serons parmi les derniers à rentrer. Pour une fois que traîner facilite la vie !

Démarrage en sous-bois, avec juste ce qu'il faut (quelques pas par-ci par-là) de portage pour nous rappeler que nous sommes en fin de saison pour ce qui est des courses de moyenne montagne. Nous traversons une couche de brouillard qui baigne la Morte (ambiance !) et nous avait inquiétés depuis Voiron. Au dessus, en sortant de la forêt, grand beau.

Montée de la crête de Brouffier sur une neige relativement dure que le soleil, qui pointe tout juste son nez, commence à décailler. Les écarts se creusent au sein de notre petit groupe. Du bas, on l'impression que les copains passent plus de temps à nous attendre qu'à monter !

Avant le lac de la Courbe (le bien nommé), large virage à droite pour aller cherche le pas de la Mine. Nous mettons les couteaux car la pente est relativement raide et est restée à l'ombre.

El Tio (divinité tutélaire des mineurs boliviens) nous accepte sans exiger l'offrande de gnôle et de cigarettes qui constituent son régime habituel. C'est tant mieux, car nous n'aurions eu que des barres et des graines à lui proposer. Nous passons donc (crampons, piolet, ce dernier n'étant pas absolument nécessaire dans les conditions rencontrées) le pas de la Mine sans encombre : ni danger d'avalanche, ni corniche ou congère insurmontable. Un jeune homme du coin, pris en stop au retour, nous parlera de congères de plusieurs mètres de haut qu'il faut sortir en technique de cascade de glace ! Attention donc, coté matériel.

On enchaîne sur l'arête de Brouffier, bien skiable, sur un bon kilomètre et demi et sans trop de montées et descentes. Belle ambiance sans inquiétude particulière (ce jour-là, en tout cas). En descendant sur le col du Grand Van nous constatons qu'il ne nous reste plus que deux virages avant d'arriver au sommet. Nous ne pouvons rejoindre ce dernier à ski, il est totalement déneigé. C'est donc à pied que nous allons saluer Saint Éloi (merci Wikipédia), patron des métallurgistes en tous genres (la mine, encore... ainsi que la délicate et romantique chanson des trois orfèvres que vous connaissez tous).

Casse-croute sous le sommet, face au panorama splendide du versant Sud. L'angle n'est apparemment pas très familier aux membres de notre petite équipe, l'identification des sommets de l'Oisans s'avère laborieuse et souvent fautive.

Du sommet deux options de départ :
- par la gauche, en plongeant plein Ouest, vers le col du Gran Van, puis plein Nord ;
- par la droite, plein Est et en revenant immédiatement sous la face
  Nord du Taillefer pour rejoindre l'itinéraire précédent, dans la combe
  Nord-Est.

L'option droite l'emporte, ce sera la seule fois au cours de la première partie de la descente, pour la suite le mot d'ordre est : à gauche toutes ! Rien à voir donc avec le bilan des récentes élections municipales. La neige n'est pas si mauvaise et on arrive (oui, même Serge) à skier honorablement sur un substrat encore assez dur sur le haut et déjà réchauffé, plus bas.

Nous tirons bien à gauche pour éviter les barres au dessus des lacs plus au nord et, plus tard, pour nous tenir au dessus le forêt, jusqu'à découvrir au loin, dans une clairière, les maisons qui bordent le lac de Poursollet (invisible).

Une sortie du GAUL ne peut prétendre à ce titre sans quelque traversée de bois à la mode sanglière. Nous sacrifions donc au rite mais juste ce qu'il faut.

À partir du hameau, commence notre pénitence : la route du retour. Elle monte et descend, zigzague et prend bien le temps de bien musarder entre  Bois du Chênevier et le Pré des Dames (forêt !). Plusieurs techniques sont essayées : peau de phoque, ski nu en position de marche. Rien en tout cas qui rende les cinq kilomètres et quelques bien agréables. Le brouillard est de retour et nous évite tout de même de crever de chaud. Sans compter les moments où la neige cède au bitume. On apprend à manœuvrer ses fixations plus vite que son ombre ou on finit par traverser le goudron sans déchausser.

Une dernière tentative sanglière de raccourci pour éviter un lacet nous permet de communier très étroitement avec la Nature sous les espèces de la gadoue du sous-bois. Arrivée, enfin aux voitures, bien contents, vers 17 h, avec près de 1 600 m de dénivelé et 18 km de développement au compteur (foi de GPS !).

Tentative pour trouver un bistrot ouvert (il a fait beau, il fait vraiment soif !) à la station de l'Alpe du Grand Serre qui vient de fermer. Échec cuisant ! La station ressemble à une ville fantôme. Dommage, nous aurions bien prolongé un petit moment notre séjour dans le paysage qui, finalement débarrassé de ses brumes matinales, est bien sympathique.

Nous ne pousserons pas le vice jusqu'à chercher un rade sur Séchilienne : Gaulois, certes, mais pas alcooliques ! Retour donc sur Lyon en ramassant, au passage, un jeune auto-stoppeur qui nous contera les exploits paternels au pas de la Mine (les congères géantes !).

Au total, une belle « balade ». Si la route n'est pas déneigée plus haut, cela deviendra difficile pour le reste de la saison.