12-04-2014
Ecrins
2200
1667
3614
PD
2 j

Un combiné "Igloo + Grande course d’alpi"

Il s’agit d’une "classique" du GAUL qui est proposée depuis plusieurs années au programme officiel de ski de randonnée du Club. Cette année l’idée de cette sortie était de combiner :

-           l’apprentissage d’une technique de fabrication d’un igloo, la mise en pratique, le test de l’ouvrage par une nuit passée dedans !

-           avec la réalisation d’une course de ski-alpinisme de niveau intermédiaire mais longue, c'est-à-dire qui gagne à être réalisée depuis un point déjà élevé en altitude 

Défi audacieux et séduisant s’il en est, qui ne fut pourtant relevé que par deux valeureux gaulois : Geoffroy et Pol ! (quand on pense qu’ils étaient 8 courageux en 2012 !)

 Le choix de l’organisateur, Geoffroy Pichon, Himself, Président en exercice et tout nouvellement promu "initiateur ski de randonnée", se porte sur le Pic de Neige Cordier. Une belle ascension en versant Est, un peu sportive et techniquement variée, un sommet offrant un beau point de vue notamment sur la Barre des Ecrins qui la domine, et une descente longue et sympatique en versant Nord et Ouest.

 Samedi 12/03/14

 La ballade du samedi

Le départ de Lyon est plutôt tardif pour la saison : 6h30. En effet le 1er jour est consacré à la montée en altitude et la fabrication de l’igloo et ne nécessite pas un timing contraignant.

Départ, du lieu dit le Pied du col  (Villar d’Arène) à 1667m à 9h30. En cette période avancée d’une saison à la neige peu abondante un peu de portage s’impose jusqu’au verrou (Pas d’Anna Falque). Longue remontée en ski dans la Vallée de la Romanche, puis Rif de la Planche en direction du col d'Arcine. On reste en fond de talweg et évitons le détour inutile par le Refuge de l’Alpe de Villar d’Arène. Néanmoins sa vue nous rassure dans la perspective de passer une nuitée sous la neige dans le secteur !

Les sacs sont lourds et nous pèsent jusqu’à ce que nous croisions peu avant midi un couple d’extra-terrestres qui revient du Pic de Neige Cordier (notre destination du lendemain) et s’en retournent au parking qu’ils ont quitté vers 3-4h le matin même ! Faire en une demi-journée ce que nous entreprenons, nous, en 2 jours, voilà de quoi blesser notre orgueil et nous faire oublier nos soucis de portage.

 Arrivés en contrebas du Col d’Arcine, vers 2300m, nous parons au plus pressé : boire une bière et faire une bonne sieste au soleil sur le rocher bien plat ! Sieste brève mais intense dans le calme absolu de cette haute vallée.

 L’igloo

La recherche du site de construction de notre igloo se révèle est une étape clé dans cette aventure : en effet, autour de nous de gros rochers aux contours soufflés par le vent présentent des murs de neige de plus de 2m de haut ; de quoi creuser plus confortablement notre abri directement à l’horizontal.

1h30-2h nous sont quand même nécessaires pour construire et aménager un abri tout confort,  conforme aux normes en vigueur. En plus du creusement d’une galerie dans notre mur de neige nous nous sommes payé le luxe de  préfigurer le dôme par la technique dite "des sacs recouverts d’une couverture de survie recouverte de 40cm de neige". Bref le résultat est très satisfaisant et mérite d’être inauguré en grande pompe en buvant notre 2ème et dernière bière !

 L’attente de la nuit

A partir de ce moment là, alors que nous rêvions de passer notre fin d’après-midi à lézarder au soleil, des nuages s’amoncellent au dessus de la Meije et le vent se lève. L’attente de la nuit s’annonce longue…

Nous passons alors 2h à piétiner inutilement une terrasse devant l’igloo en papotant, à monter des murets contre le vent pour éviter de se refroidir, à faire semblant de réviser des techniques d’alpinisme. En fait nous tentons juste de nous occuper et de nous distraire en attendant qu’il soit une heure raisonnable pour vite, grignoter un petit apéritif avec gâteaux salés (apportés comme les bières par Geoffroy), avaler en hâte notre petit repas de soupe et pates lyophilisées (beurk !) et vite vite se mettre au chaud dans nos duvets !... mais tout ça dans la bonne humeur, le papotage (voir le commérage !) Complice

 

Il fait bon dans notre igloo : le zéros degré ambiant garanti par ce cocon de neige et nos duvets confort -10°C, voilà une combinaison parfaite pour assurer le confort thermique de cette nuit dans la Nature (…c'est-à-dire ici "à l’intérieur de la Nature" quand même !).

Etrange vision nocturne que ces lueurs de la lune qui traversent les parois de l’igloo…et ce calme absolu…

 Dimanche 13/04/14

 Le couloir du matin

Lever 5h, départ 6h. Il s’agit surtout de ne pas prendre trop de retard sur les 2 cordées qui viennent du refuge de l’Alpe (ou de la vallée !) et qui nous devancent déjà malgré notre villégiature en alpage.

Montée tranquille le long des moraines du glacier d’Arcine en direction du couloir qui permet d’accéder à la Brèche de la Plate des Agneaux. Nous évoluons en suivant scrupuleusement les consignes strictes de notre nouvel "initiateur" (Geoffroy), c'est-à-dire en faisant une trace douce, qui suit harmonieusement et intelligemment les courbes de niveau et s’il vous plaît, SANS METTRE DE CALE !

Arrivés au pied du couloir (2900m) nous passons vite de la case "avec skis sans cale" à la case "sans skis avec crampons" car la pente est raide et la neige bien dure. Presque une heure d’ascension en mode alpi, laborieuse montée dans des marches toutefois bien faites et régulières puis nous parvenons à la Brèche (3217m).

Petite pause pour reprendre des forces en compagnie de 6 autres collègues d’une autre cordée, l’ambiance est légère et étendue car le plus dur de l’ascension est derrière nous.

 Petit passage en crête puis une longue langue neigeuse, à la pente bien douce s’offre à nous, comme si on nous avait "déroulé le tapis blanc" pour accéder au sommet. Quel délice ces derniers 400m car l’effort est y facile et pourtant l’on tutoie déjà dans les lueurs du jour naissant les sentinelles au front blancs et au casque de pierres…

 Le sommet en vue

Bon j’avoue je ne vous ai rien dit sur le temps car en s’éloignant mes souvenir s’enjolivent : il fait un temps pourri ! couvert avec du vent.

En haut de la langue neigeuse, il y a un couple de Suisse qui semble être ici comme on serait en haut de Fourvière un dimanche matin ; et voilà que ça se lance dans de grande discussion politique sur les dernières votations !

Pourtant ça n’est pas encore le sommet : un dernier couloir bien raid d’une cinquantaine de mètre, une petite arête (un peu aérienne quand même) de 20-30m et, battu par les vents, le sommet à 3614m. Magnifique panorama avec vue sur la Barre des Ecrins,  la Meije, la Grande Ruine, Ailefroide… Sourires, on check (ça réchauffe les mains), on prend 2-3 photos (ça refroidit les mains) et zou on redescend ! A la descente du couloir, je sens bien que j’ai un peu moins d’expérience que mon confrère qui trépigne au dessus de moi ! Bah oui, moi je regarde où je mets les pieds quand même ; je ne veux pas me retrouver direct aux sources de la Romanche 1471m plus bas !

 1600m de descente !

On chausse les skis pour descendre d’abord au Col Emile Pic (3483m) qui peut permettre rejoindre le Glacier Blanc et le Refuge des Ecrins. Mais nous nous descendons le Glacier des Agneaux, orienté plein Nord jusqu’à 2800m puis plein Ouest.

Voyant que dans les passages un peu plus raides notre neige de descente gagnerait à avoir quelques degrés de plus de cuisson, nous décidons de pique-niquer à mi-descente. Quelle bonne idée, car il s’en suit 300m de pur bonheur : la fameuse "neige transfo", une soupline de quelques centimètres sur un matelas de velours cotelé !

Il y a vers 2400m un passage délicat entre des rochers avec, sur une dizaine de mètres, la largeur d’un ski pour déraper mais pas de grande difficulté et surtout on avait observé de loin nos prédécesseurs pour trouver le bon embranchement de départ.

 … et 200m de remontée

Nous redescendons légèrement fatigués et un peu insouciants cette vallée de la Romanche en direction du refuge de l’Alpe sans trop penser à la dernière mais oh combien rude épreuve de cette aventure : remonter chercher les duvets et les tapis de sol laissés à l’igloo ! Seulement 200m mais un long faux-plat montant sous un caniar de plomb et sans eau ! (…ah oui le Camel back de Geoffroy avait eu maille à partir avec ses crampons…oh pas de gros bobo, juste une petite égratignure, mais 2 litres d’eau en moins !). J’avoue avoir songé plus d’une fois à abandonner le malheureux Valendre à  son triste sort (...pourtant gentiment prêté par Sam).

Conclusion pour la prochaine fois : prévoir un itinéraire de descente qui repasse par l’igloo !!!

 Re-sieste à l’alpage puis, une fois quelques ultimes forces revenues, redescente en télémarque puis portage jusqu’au parking. Là, il faut avouer qu’on était bien "décalqués" !...mais heureux !

 

PS : J’ai oublié plein d’anecdotes dont Geoffroy ne me tiendra certainement pas rigueur… si tant est qu’il lise ce compte rendu jusqu’au bout ;-)