05-05-2018
Vanoise
2700
AD

C'est au gymnase des Brosses que cette sortie commence.

Après nous avoir narré ses talents d'apnéiste sous neige, Jérôme à le malheur de susurrer à mon oreille deux vilains mots: "couloir", " italiens": deux mots qui résonnent dans ma tête comme "pétanque" et "pastaga" dans celle d'un marseillais. Le projet est donc fait de partir se dégourdir les jambes, et potentiellement les mollets, à la Grande Casse, point culminant de la Vanoise, de la Savoie, et par voie de conséquence, du monde libre.

Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, on décide d'aller faire un tour au col de la Glière en montant au refuge.

Bref, on part des Fontanettes, on chausse les skis quelques mètres plus loin pour se faufiler entre ombre, soleil, plaques de reptation et Nebia pour finalement arriver au col de la Glière. On y trouve un suisse déchainé qui semble voler entre deux virage sautés, un vaudois en Vanoise, on aura tout vu.

Il est 13h, après une bonne montée, du ski honnête et un casse croûte, on fini par glander sévèrement au refuge. Entre un Montagne mag' des années 2000 et Picsou, dans un excès de zèle qui demeure incompréhensible, nous irons travailler les manips de secours en crevasse sur la terrasse du refuge. Le tout sur fond de Grande Casse, Petite et Grande Glière, pas dégeulasse non plus le cadre...

L'état des lieux pour le lendemain n'est pas des plus favorable à notre projet, météo pas trop chouette, pas ou peu de regel, pas de retour récent sur les conditions dans "les italiens". On se dit que l'on verra bien, la montagne décidera pour nous, "tu nous veux ou tu nous veux pas ?".

Sans précipitation aucune on arrive à 8h au col après une approche digne d'une initiation ski de rando format EHPAD. Au col le constat est mitigé: la face est dans la purée de pois, le bas est sec, et les pentes inférieures ont l'air de brasser quand même pas mal... on s'équipe en silence, on sort les broches, un piolet pour accéder au pied de la voie. Quelques gaillards nous devançant ont eu l'excellente idée de faire la trace dans la bonne pente bien raide qui s'engage dans la face nord. Du grand art ! C'est donc, très courageusement, que nous nous élançons dans leurs traces. Sur cette belle lancé, nous nous retrouvons dans une zone confortable pour se regrouper et prendre une décision. Deux solutions: se mettre un bon CDI (Combat à Durée Indéterminé) dans les italiens, dont nous ne voyons que la partie facile, ou bien choisir ce délicat escalier de neige que nos prédécesseurs nous offrent. Quelques microsecondes après s'être posé la question, nous foulons les empruntes de nos prédécesseurs dans la petite face nord. Au coeur de notre effort herculéen,on se permet tout de même quelques réflexions intérieures nauséabondes: " il fait froid ici, c'est la montagne ou quoi ?" "il a vraiment fait des grands pas le cochon" ou encore "fichtre c'est pas un Stannah leur affaire". Alors que nous nous apprêtons à franchir les dernières marches, nos soignants nous font la mauvaise blague consistant à recouvrir les traces de montée en skiant, ces salauds n'ont donc aucune pitié. Comble de l'infortune, à partir de la sortie du col, il n'y a plus de trace. Au delà ces empruntes, tout n'est que danger et aventures.

Mais bon comme j'y suis passé il y a deux ans, ça devrai le faire même si la neige fini par faire apparaitre quelques passage ou la concentration n'est pas une option. Il faudra tout de même que l'on s'y emploie, par quelques contournement de corniche, franchissement d'arête et passages de mixtes pour que la montagne finisse pas céder à nos avances, et que le l'enfer de la solitude, si courante chez les personnes de notre génération, ne cesse.

C'est donc ainsi que nous retrouvons les innombrables salopards qui se permettent de venir conquérir NOTRE cailloux pointu tant convoité. Dans notre malheur, nous bénéficions encore une fois d'un beau rail pour rechausser les skis jusqu'au sommet aux allures de butte Montmartre un jour de pélerinage. Sans trop trainer, on prend le temps nécessaire, 10 secondes donc, de contempler le magnifique nuage qui nous entoure.

Clack Clack on chausse, fini les préliminaire, ça va claquer.

CONTENU TROP EXPLICITE CENSURE, à base de poudre fraiche tassée.

A la fin des grands couloirs, la tendresse de la fraiche laisse place à une moiteur printanière, mais reste d'autant plus plaisante qu'elle nous amène à 100m de la voiture.

 

BREF une sortie magnifique, la montagne timide mais généreuse, exigeante mais jamais ingrate, en super compagnie.

Dire qu'à l'heure qu'il est Jérôme vis le rêve dans un hôtel de manille, avec des petits déjeuné à volonté, un tapis de course surmonté d'un écran plat, une piscine à bulle et des petits chaussons brodés du nom de l'hôtel... Quel VEINARD !