J’avais super bien calculé. Histoire de lever le nez des spatules et de profiter du paysage, je m’étais calé sur la sortie de l’éclopé. 800 m avec Pierre et son genou en vrac depuis sa gamelle de la veille. C’était sans compter son désistement de dernières minutes. Au petit dej., il nous annonce qu’il traîne toujours la patte et qu’il n’est pas en mesure d’assurer l'encadrement. Dont acte, son groupe est re-dispersé sur les autres encadrants. J’apprendrai par la suite qu’il s’agissait d’une entorse.
Comble de malchance, je me retrouve d’office dans le groupe d’Aurélie et sa bande de cador. Du coup j’ai plus faim du tout. Ma tartine de Nutella a du mal à passer. Skier avec Aurélie, c’est un peu comme faire l’amour avec une star du porno. T’es monté un peu fin et tu sais que tu vas avoir du mal à assurer.
Ça n’a pas raté. J’avais à peine coupé le moteur de ma bagnole qu’ils avaient déjà tous les pompes aux pieds et les ski sur le sac . A croire qu'ils ont conduit avec. Premier regroupement au bout ¼ h de marche, j’arrive dernier. C’est la double peine, « Jérôme, tu fais le compte rendu », je sens que ce n’est pas une question « Euh !! oui madame ».
On attaque la montée dans la forêt, les ski sur le dos. Pierre qui avait fait la balade la veille, nous avait vendu 350 mètres de dénivelé. 470 m au final, dixit les encadrants les yeux rivés sur leur alti. Il faut savoir que le cador ne plaisante pas avec les approximations de dénivelé. Christelle émit l’hypothèse que cela avait pu fondre de 120 m depuis la veille.
A +470 donc, on planque les baskets et on chausse les ski . Alors là, c’est le lâché de perdreaux dans la prairie. Ça s’éparpille sur toute la face, chacun y va de sa trace. La moquette à poil ras s’y prêt bien. Par confort, certains mettront les couteaux pour le dernier tiers.
Je tiens le rythme de la fille en pyjama - le qualificatif ne vient pas de moi mais d'une des cops !! - …….. qui a la bonne idée de monter avec ses stop-ski en position stop. Je fais celui qui ne voit pas. Sarah s’en aperçoit un peu trop tôt, la vie nous sépare. Je la retrouve un peu plus haut en train de papoter avec Manu. Je chope quelques brides de conversation. Ça parle de massage de pied, de piétinement du dos avec des talons aiguilles ou avec des pompes de ski. Je suggère les crampons, ils n’ont pas eu l'air de rejeter l’idée.
Arrivée au replat , ça discute de la suite à donner à la rando. Soit la montée au casque ( dû à la forme du caillou) soit la montée au col. Aurélie instaure un référendum d'initiative populaire à 2300 m, mais on sent bien qu'à l'instar de Manu - pas le skieur, l'autre - elle est pas super à l'aise avec le concept. « Alors on peut monter au Casque . Y en a pour 10', dans une neige pourrie , parsemée de barres rocheuses (qques vagues galets jetés par çi par-là) extrêmement dangereuse par cette pente (15° en fait) . Ou alors. On peut monter au col, c’est à peine plus haut ( x3 qd même), la neige est excellente ( pas vu de différence), c’est super safe (en fait, pire) et il y a cette petite combe à 32.4 ° qui nous tend les bras ...etc etc. Il faut savoir que le cador ne plaisante pas non plus avec la déclivité. Qu’est-ce que vous préférez ? » Plus faux-cul, tu fais pas.
Marjolaine n'aura pas le temps de finir son yaourth que déjà la descente se prépare. Deux écoles se distinguent
- Les petits, les coincés, les souffreteux qui skient étriqués sur 2 m de large. Ca sent le renfermé, c’est à celui qui prendra le moins de place. Certains se sentent même obligés de skier serré. Forcément, avec aussi peu de chemin à parcourir , t’es vite en bas.
- Et il y a les autres, qui respirent la bonne santé et la vigueur. Profitant de tout l'espace pour s’exprimer et tracer des courbes qui se confondraient presque avec celles de montée si ce n’était les extrémités légèrement plus arrondies.
Au final , tout ce petit monde se retrouve en lisière de forêt... et un peu plus tard, chez Michou. Le bar de Moline, un mixte entre le cabaret parisien et la Fistinière. Plein 6 mois à l’avance pour ces soirées à thème. A l’automne, c’est soirée « transformiste », au printemps, c’est après midi « scato » - l’un de nous aura ses pb intestins étalés sur toute la terrasse - et soirée « cochonne » dans le texte. Je n’ai pas bien saisi si elle y était la veille ou si elle s’est juste renseignée, en tout cas, l’une du groupe nous explique le principe. Une quarantaine de personnes rassemblée autour d’un animateur et devant répondre à un sorte quizz sous la ceinture. Et pour le vainqueur, des lots assez connotés. Pour ceux que cela intéressent, il reste encore qques places pour l’automne.