04-11-2019
Grèce
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Bonjour

Début novembre 2019, un groupe de 6 gaulois est parti grimper dans le Péloponnèse ((Frygani, Leonidio, Kyparissi). On devait y rejoindre d’autres gaulois qui étaient parti grimper à Kalymnos la semaine précédente .
Ce séjour a fait l’objet d’un CR éphémère d’un des participants, qui a depuis disparu des CR du GAUL. La cause ?
Probablement ma réaction stupéfaite à la sortie de ce CR (quatre points d’interrogation dans les commentaires du CR), de ne pas voir mention de ce que ce qui c’était passé le lundi 5/11 sur la falaise de Frygani.
Ce jour là c’était notre premier jour de grimpe, j’étais arrivé la veille avec Marie, pour rejoindre l’autre groupe de 4 gaulois(e)s arrivé 2 jours plus tôt et qui avait fait un peu de tourisme à Athènes et alentours.
En début d’après midi, alors que le temps tourne à la pluie et en commençant une voie pour aller récupérer les dégaines avant le déluge qu’on voyait arriver, j’ai chuté au niveau du deuxième point. 
En temps qu’ancien équipeur de voies, j’avais remarqué que le deuxième point des voies était régulièrement mal placé, cad quasi à la même distance qu’entre le sol et le premier point, ce qui garantit à  coup sur un retour au sol si on rate le mousquetonnage du deuxième point.
Je ne sais pas pourquoi je suis tombé, le bas de la voie était facile, et ne présentait aucune réelle difficulté, … glissade due au rocher mouillé, absence (malaise ?), déséquilibre, je m’interroge encore.
Par contre la conséquence a été immédiate, avec un retour au sol sans que mon assureur ne puisse rien faire (et il n’y était pour rien vu les conditions).
Réception sur les 2 pieds après une glissade sur les mains et les bras, mais pas de chance, un rocher mal placé coté gauche, a fait violemment pivoter mon pied avec un craquement sensible et une douleur immédiate. Le pied a triplé de volume le temps de descendre jusqu’à la voiture heureusement proche.
Le reste, c’est ce que tout les accidentés connaissent, passage aux urgences (à Corinthe), la radio n’indiquant rien de suspect d’après la radiologue, ce qui semblait indiquer une entorse simple. 
Mais bon le problème supplémentaire pour moi, c’est ce que je me suis déjà cassé ce pied en petits morceaux il y a 7 ans dans des circonstances identiques (au mur de Bron, hormis que là, l’assureur était fautif à 100%).
Passe 3 jours à me battre avec l’assurance rapatriement pour rentrer en France, pour avoir un avis médical pertinent sur ce pied déjà dégradé.
Petite parenthèse, je pense qu’il faut éviter d’utiliser le rapatriement par l’assurance de la fédé si on a une autre couverture plus efficace type CB Visa premier ou équivalent.
Après maints coups de fil et énervements, rapatriement le 7/11, rdv chez le médecin le 8/11, échographie le 12/11 découverte d’une fracture de l’extrémité du péroné (arrachement  osseux par le ligament), entorse sévère avec atteintes ligamentaires diverses.
5 semaines sans poser le pied par terre, radio de contrôle le 12/12 avec découverte d’une autre fracture de la malléole, toutes 2 en voie de consolidation, retour à une marche sur 1 pied 1/2 avec béquilles.
J’ai repris le travail ce lundi après 2 mois d’absence.
D’aucun(e)s seront probablement surpris de la teneur de ce CR (pas bcp de grimpe jusque là …), et du délai avant qu’il soit posté. J’ai attendu de retrouver une mobilité partielle pour enfin me libérer de ce poids.
Je passe sur ma difficulté personnelle à revivre cela une deuxième fois, mais clairement je n’ai pas compris que dans le premier CR, il ne soit pas fait mention de cet accident : Vu le contexte ce n’etait pas à moi à faire le CR (j’ai grimpé une 1/2 journée), mais ne pas mentionner cet accident c’était blessant, difficile à accepter, surtout dans le contexte psychologique d’isolement consécutif à cet accident. Comme si ce n’était qu’une péripétie anodine qui n’imposait pas qu’on en parle. 
 
 On a tous tendance à vouloir minimiser ces accidents ou les presque accidents (les SIF comme on dit dans mon boulot « Serious Injuries and Fatalities » ).
Nos activités en montagne restent des activités à risque et c’est aussi pour cela qu’on les aime.
Mais occulter ce type d’événement est pour moi une erreur manifeste, il faut partager cela, même si c’est parfois douloureux pour son amour propre et son égo, car il faut que ces événements servent à tous. Et si ça suffit à faire qu’on soit encore plus attentif lors de notre pratique, ça évitera certainement d’autres accidents bénins ou graves. Et c’est vrai dans chaque activité que l’on pratique en montagne, escalade, ski de rando, alpinisme etc …
 
Ces dernières années un certains nombre d’incidents voir d’accidents ce sont produits dans le cadre de sorties officielles du GAUL ou à des gaulois autonomes.
 
Le petit triangle en PJest très connu dans les tous les métiers «  à risque » et il est parfaitement adapté à un usage en montagne : l’accumulation d’incidents, doit interpeller, car elle dénote une dérive, et elle doit faire réfléchir.
 
Car la principale raison de tous nos accidents/incidents en montagne, c’est rarement une cause technique, ou météo, ou autre, c’est le FACTEUR HUMAIN ! Dans mon cas, se dépêcher de grimper alors qu’il commence à pleuvoir, ne pas être attentif et concentré car le départ de la voie est facile, avoir hésité à faire la voie en second alors qu’il commence à pleuvoir, pour finalement la faire en tête, etc … Sur le moment tout cela n’était qu’anodin, mais comme toujours ce sont le cumul de petits détails qui engendrent les problèmes.
 
Alors je vous exhorte à ranger votre amour propre et votre égo et à communiquer sur ces incidents ou accidents dont on n’est pas fier, car il touche à notre maitrise de notre pratique et à l’image qu’on a envie de donner aux autres.
 
Donc si ce CR ne sert qu’à vous faire vérifier une nouvelle fois le noeud d'encordement de votre compagnon de cordée, hésiter avant de prendre cette pente un peu chargée à ski, mettre les couteaux ou les crampons avant d’être dans la pente raide et glacée, il n’aura pas servi à rien.
 
Faites moi plaisir, rester concentrés et impliqués dans vos pratiques en montagne, pour que cela donne des CR plus joyeux et positifs, où la prose et la manière de raconter ont plus d’importance que ce qui est écrit. Et qu’ils ne fassent que raconter, le bonheur qu’on a tous à être en montagne.
 
Pour moi la saison de ski est probablement finie avant d’avoir commencée, et ce type d’événement interroge forcement sur ma pratique de la montagne.
 
Sinon l’escalade dans le Péloponnèse en fin d’automne c’est top, mais faudra attendre la sortie d’un CR plus habituel pour avoir le retour de celles et ceux qui ont pu profiter du beau calcaire grec.
 
Denis