- « Hé la cordée en dessous, vous n'auriez pas ramassé un #3 bleu par hasard? »
- « … je pensais que tu l'avais vu ! On l'a vu passer, il a atterri dans la rimaille ! »
- « ?!»
Nous sommes mardi 7 juillet à Chamonix, et on s'y est pris un peu tard pour les réservations : la benne de l'Aiguille du midi est déjà bookée sur tous les créneaux matinaux, et les refuges des Cosmiques et de Torino sont complets pour le mercredi soir. Il reste des places au Torino le jeudi. Le programme est donc de monter par le côté italien mercredi matin (des places dispo et moins cher), de faire la Pyramide du Tacul la journée, de bivouaquer pas trop loin et de faire le Roi de Siam juste à côté le lendemain, avec ensuite une nuit au Torino.
L'approche est courte, environ une heure depuis Torino, globalement en descente et bien tracée.
La voie est en 4c/5a max. Le topo donne 11 longueurs, « ascension 2 à 3h ».
Oui mais... le « pas de 5a » dans la fissure-dièdre de L3 nous met un gros stop. Ça finira par passer après 2 tentatives chacun (2 désescalades en mode « non je le sens pas », et deux petites chutes sur un piton, renforcé d'un friend #3 plus bas). Un #4 peut être utile pour se rassurer une fois engagé dans ce passage.
La cordée derrière nous a choisi de faire demi-tour ici (...après m'avoir appris la localisation du coinceur que je pensais avoir remis au baudrier).
Le reste se passe bien, même si les divers pas de 4c ou 5a rencontrés paraissent assez sévères. La voie est belle, le rocher nickel, l'ambiance superbe avec la Dent du géant derrière nous.
Les rappels se passent bien aussi, même s'il nous aura fallu chercher un peu les « bons » relais dans le haut (certains sont vraiment pourris). Surprise, le friend bleu est bien visible dans la rimaille, dans laquelle je continue donc le dernier rappel pour le récupérer :-)
Nous bivouaquons au col du gros rognon, à un peu moins d'une heure de montée depuis le bas de la voie. C'est plat, et il est possible de manger au soleil sur les rochers un peu au dessus. Un bon choix !
Vu la tête des 4c / 5a du coin, un but dans le 5c du lendemain nous semble tout à fait plausible. Il n'en sera rien ! Les difficultés maximales des deux voies (Arête Est et Le lifting du roi) nous sembleront a posteriori comparables.
On ne se méfiera jamais assez des cotations de 1940... attention aux débutants qui s'y aventureraient le cœur léger après avoir lu dans le topo que la voie « est une bonne transition entre l'école et le terrain naturel » !