11-07-2020
Mont Blanc
1300
2205
3482
D
21
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Objectif : traversée de Charmoz Grepon en 2 jours avec bivouac à quelques mètres du sommet du Grepon sur la vire à Bicyclette. Le cadre est idéal, et nous laisse une petite marge supplémentaire sur le temps pour cette course réputée très longue et difficile.

La météo est parfaite et le glacier des Nantillons en condition. Le poids du sac n’est en revanche, pas très adapté à une course post confinement, il ne sera en tout cas pas adapté aux nombreux passages physiques étroits, idem pour mon piolet standard droit, bien trop encombrant pour cette course !

Nous prenons le départ du refuge du Plan de l’Aiguille à 7h30, rejoignons le glacier des Nantillons où une belle trace nous mène au pied du rognon. Nous traversons le rognon sans difficulté, puis continuons sur le glacier jusqu’au pied de Charmoz : 3h30 d’approche sans se presser avec un sac qui nous aura déjà bien fait souffler sur les derniers hectomètres.

On attaque la monté vers la brèche de Charmoz, la principale difficulté de cette partie sera de trouver le vrai chemin vers la brèche, et tout cela en 4c max.

Le début de l’ascension est plutôt évident (un peu trop peut-être), on se laisse guider par quelques cairns et nous finissons rapidement par se retrouver trop à gauche, plusieurs dizaines de mètres sous les fissures menant à la brèche. Le topo manque cruellement de précision, on le savait ! L’effort est de plus en plus soutenu, (voire limite à certains moments pour un 4c !), on se rend rapidement compte de notre erreur mais continuons à grimper en ne perdant pas de vue notre objectif. Le chrono lui, avance, et cette fois-ci bien plus vite que nous ! On traversera plusieurs passages délicats pour finalement retomber au pied de la fissure Burgener ou plutôt face au nombreuses fissures / cheminées. Pas plus de précision sur le topo. La brèche n’est pas si évidente que cela, on hésitera un bon moment avant de se lancer (on partira sur le dièdre de droite qui se transforme rapidement en cheminée, et qui s’avèrera, après vérification, être la bonne option. Un conseil : oubliez le 4c max du topo à ce moment-là et prenez une petite pause pour bien vous ravitailler avant de vous lancer si vous avez un coup de mou ou si vous êtes en manque d’acclimatation !), les 30 mètres qui suivront, sont magnifiques mais extrêmement physiques. Faut dire que le gros sac de bivouac ne facilitera pas notre avancée dans cette cheminée.

Arrivée à la brèche : 14h45 : Pause déjeuner, on est en retard sur l’horaire mais on ne s’inquiète pas, conscient des longueurs supplémentaires effectuées dans Charmoz (4h00 au lieu de 2 prévue dans le topo). Le temps se couvre et nous empêche d’admirer la vue imprenable sur la mer de glace, on reprend des forces tranquillement avec une belle pause de 35min !

On repart sur l’arête, bien engagée dès les premiers mètres. On effectuera la traversé en tirant plusieurs longueurs sur un parcours bien exposé dès le départ de la brèche et en suivant de près le topo. On traversera l’arête du grand Charmoz dans les nuages avec quelques éclaircies pour nous permettre d’admirer la vue de part et d’autre de l’arête. On arrive au pied du sommet des grands Charmoz 1h30 plus tard. On est surpris de notre avancé et plutôt conforme au topo malgré les nombreuses longueurs. On négligera cependant la descente qui nous prendre plus de temps que prévue, entravée par une mauvaise précision du topo, la fatigue et surtout les cris de panique de la cordée qui nous précède, coincée dans la fissure Mummery qu’on arrive à deviner dans la brume !

On effectue le dernier rappel dans Charmoz, il est 18h, toujours bercé par les cris de panique du second de la cordée évoluant devant nous. On devrait déjà être sur la vire, on décide quand même de continuer comme prévue en espérant que la cordée qui nous précède ne bivouaquera pas sur notre belle vire !

On descend sur plusieurs dizaines de mètres, la descente facile du topo se transforme rapidement à une descente compliquée. Nous choisissons de faire demi-tour jusqu’à une vire aperçue directement en dessous du col. Nous la remontons jusqu’à la brèche, toujours coté Nantillons, sur un itinéraire évident, et relativement simple. Arrivé en haut de la brèche, l’itinéraire côté mer de glace ne semble plus correspondre, on aperçoit sur notre droite une grosse écaille et quelques pitons : on est au bas de la fissure Mummery, sans être passé coté mer de glace…

19h30 : On est au pied de LA difficulté de la course, la fatigue se fait de plus en plus ressentir. On décide de passer par la traversé en 5c plutôt que de débuter par le début de la fissure peut protégeable (un 5c hors catégorie : traversé de 3 à 4 m avec une bonne main au milieu … et c’est tout !). Passage finalement réalisé en AO en ajoutant des sangles sur les 2 pitons disponibles. Pour la fissure, Jérôme passera la fissure en tirant (légèrement) sur les coinceurs mais d’une manière plutôt efficace. Je me lance à mon tour, on est en retard : je garde les grosses, je ne compte même pas essayer de la passer convenablement : je me lance et tente un pas qui finira rapidement en un mouvement pendulaire, je passerai la fissure en tirant sur le peu de coinceurs restants et sur la corde.

Le reste de l’arête est magnifique, les difficultés annoncées par le topo s’enchainent les unes après les autres avec à chaque fois beaucoup d’émotion ! On rattrapera la cordée sur le premier rappel, on attendra de nombreuses minutes au pied de chaque difficulté pour finalement terminer sur la vire à bicyclette à 21h45 où nous installons seul, notre bivouac 4 étoiles.

Le lendemain, départ 8h30, nous arrivons au sommet quelques minutes plus tard après avoir passé la fissure en Z, dernière difficulté de cette ascension menant au sommet de Grepon !

Nous effectuerons ensuite la longue descente jusqu’à Chamonix !