20-03-2021
Belledonne
1250
1000
1250
TD
6h
1

Après moult tergiversations et changements d'équipes (ceux qui se découragent, ceux qui se greffent, ceux qui font sécession, ceux qui veulent se tester dans le raide, ceux qui veulent se balader, ceux qui ont le niveau, ceux qui sont un peu juste, ceux qui ont un imprévu) nous voici trois à partir pour un gros morceau en 5.1, qu'on espère rendu plus facile par les conditions de neige parfaites : le couloir NW des Grands Moulins, en partant du vallon du Gargoton. La météo annonce du grand bleu et du froid.

Nous sommes étonnés à la sortie de Lyon de voir du gris en face de nous. Nous imaginons des bancs de brumes au pied des montagnes, mais passé le tunnel de Chambéry il s'avère que les sommets autour sont tout de même un peu pris. Pas de panique, il est encore tôt.

Passé le village de Presle, dès les premiers virages qui montent vers l, nouvelle surprise : il y a BEAUCOUP de neige malgré l'altitude encore basse !

Nous devons nous garer à 1000m après avoir mis les chaussettes, et bien que quelques passages de jeep 4x4 aient un peu déblayé la route les jours précédents. Le ciel est gris, sans luminosité. En revanche, la neige est étonnament bonne, encore poudreuse !

Nous attaquons gaiement, d'autant que la trace est faite. 30mn passe, puis 1h. Nous sommes dans la brume. Julien et Minh doutent que le ciel se dégage, Bruno est optimiste. Mais vers 11h il faut se rendre à l'évidence, le soleil ne percera pas de sitôt. A la sortie de la forêt nous sommes en pleine purée de pois, nous avons même du mal à suivre les traces.

Nous parvenons tout de même à trouver le bas du couloir facilement. Nous remontons le cône, à la neige bien dense. Nous déchaussons à l'entrée du couloir, où la neige est déjà profonde. Cependant, elle est bien homogène et assez feutrée, ce qui nous décide à tenter le coup quand même. Après un petit ressaut raide en neige dure où nous sortons les piolets, nous montons une vraie petite entreprise de brassage, avec un roulement en 3x8 : nous sommes trois ; nous brassons tout ce que nous pouvons ; nous passons le relai à un nouveau brasseur tous les 8m de dénivelée.

Mais la neige est de plus en plus épaisse, et surtout nous observons qu'elle a été compactée par le vent en surface, et que la couche plus dure ainsi formée ne tient pas très bien sur le manteau qui la soutient. Au début, cette plaque inquiétante ne fait que 2 ou3 centimètres, mais elle est de plus en plus épaisse et de moins en moins cohérente avec le dessous. A 2250m, nous décidons que la situation est trop risquée et nous faisons demi tour. Malgré le manque de visibilité, la neige est excellente. Mais nous avons bien fait de renoncer : Minh fait en effet partir un bon bout de la couche superficielle compacte. C'est sans conséquence, mais cela aurait sans doute été une autre histoire 100m plus haut...

Nouvelle péripétie au passage du ressaut. Bruno, engagé dans une conversion hasardeuse juste au dessus du goulet raide, se met dans une position inextricable. Il finit par débarouler les 5m de neige dure, et s'arrête 10m plus bas, freiné par le doux matelas de poudre. En se relevant, il se rend compte qu'il a skié tout le haut du couloir avec les chaussure bien fermées, mais en mode marche... Julien s'étonnait justement de son style très "a cul" ! Comme quoi, le 5.1, ça ne nécessite pas des chaussures si rigides que ça...

La suite est une merveilleuse trace dans la poudre compacte du cône, puis une descente un peu longuette, d'abord sur du presque plat puis dans une forêt fort fort dense. Retour à Lyon à 18h, au soleil...