08-03-2015
Vercors
900
1232
2109
D
10

Départ de Bron pile poil à l'heure. Nous ne pouvons que saluer la discipline irréprochable des participants, au contraire des deux co-organisatrices qui laissent consciemment à Lyon un brin de corde et la carte IGN du Vercors, mettant ainsi en exergue le potentiel d'amélioration certain de leur mutuelle synchronisation. Mais qu'importe, il nous reste 2 brins de double de 60m et puisque c'est la journée de la Femme, au lieu de former trois cordées de deux, nous formons deux cordées de 3 : une de filles, l'autre de garçons ! Et pour limiter les risques d'émergence de plaisanteries futiles, de tentations compétitrices autant que de chute de glaçons, à l'issue des 2h d'approche à skis nous nous répartissons dans chacune des deux goulottes jumelles. La cordée masculine se faufile entre le Pilier Martin et le Pilier des Marmottes, tandis que la cordée féminine s'engage à droite du Pilier des Marmottes. Les deux goulottes sont d'une longueur et d'une difficulté comparables. Il est ~11:30.

Nous grimpons en flèche et dès le premier point d'ancrage, je m'affranchis de ma sempiternelle offrande de matos aux Arêtes du Gerbier. Un Camalot qui ne m'appartient pas prend la fuite et se jette dans la gueule du monstre. Vorace, le Gerbier. Juron furtif. Mais ainsi allégées, nous nous élevons sans difficulté majeure à travers la goulotte. De toutes façons le rocher est peu pourvu de failles et se démarque par l'absence quasi-totale (totale ?) de béquets. De petits friends et quelques coinceurs font l'affaire. Un seul piton dans la voie pour un bon relai. Neige dure au départ, parsemée ensuite de quelques surfaces étroites de glace dure qui se prêtent bien au plantage de pointes. On touche le rocher une ou deux fois seulement. La fin de la goulotte est en neige plus profonde et moins confortable. Absurde cafouillage final où j'opte pour la sortie scabreuse à droite, trompée par des traces fraîches, lorsque la raison eut préféré nous faire sortir tranquillement sur la gauche. Ainsi, au lieu de descendre directement par les arêtes Nord, ralliant au passage la cordée des garçons, nous n'avons d'autre choix que de poursuivre la traversée des arêtes du Gerbier vers le Sud, intégralement jusqu'au rappel de sortie. Il est déjà 14h lorsque nous nous livrons à ce sort.

Parcours d'arête TRES délicat en hiver, lorsque les béquets sont invisibles, que les dalles plongeantes sont couvertes de neige et que les grosses corniches nous masquent le commencement du vide. Funambulisme aérien, passages à califourchon, ancrages de fortune, paysage ultra-esthétique que la concentration nous interdit de trop admirer. C'est avec une pointe de tension que nous atteignons le rappel. Un piolet manque de s'abandonner à la gravité. Légère fatigue, il est 16h !

Retrouvailles émouvantes avec la cordée de garçons qui attaquent leur pique-nique. Descente sur nos spatules au coucher du soleil...