31-05-2019
Alpes Grées N
1500
2250
3750
F
2

Par avance je m'excuse pour les âmes sensibles et les GAULois qui apprécient la finesse. Je précise toutefois que je n'ai rapporté que ce que je trouvais de plus fidèle à la réalité. C'est mon ressenti de la journée, aussi je me devais de le retranscrire au plus juste.

 

 

Il est tôt lorsque nous arrivons au barrage du saut en ce pont d'ascension. Les troupes se sont levées à 2h30, certains n'ont pas dormi (le stress ? Non non ! Les ronflements !), et les épices du poulet de la veille commencent à chauffer les boyaux de certains. C'est tout de même plein d'entrain que le chef démarre skis sur le sac, dré dans le pentu, pendant que les autres commencent juste à s'équiper. Après 30min de portage brutal, un névé apparait. Le chef décide : "Allez, on chausse ! En traversant à gauche ça passera tout à ski ! Je vous le dis !". 30 mètres plus tard, alors que tout le monde remet les skis sur le dos, il ne s'arrête pas et fait généreusement la trace dans les touffes d'herbe, sans enlever les couteaux. Ben oui : le chef a toujours raison :)

Alors que le jour se lève, on arrive au fond de la grande combe pour enfin chausser définitivement. Nico commence à se plaindre de son ventre. Le regel annoncé médiocre est de très bonne qualité, l'équipe progresse vite, normal, ya que les cadors du GAUL. Et bam ! Se dresse devant nous un cirque digne du glacier Noir, avec un col débonnaire à droite, un plus raide à gauche. "Faut prendre celui de gauche d'après IGN, on aura plus vite fait de cramponner droit dedans, on va se faire peur à ski". "Non non, c'est le col de droite la". "...". "Ah oui, c'est le col de gauche. On va cramponner droit dedans." Le chef n'a jamais tord : c'est nous qui comprenions mal son analyse :)

Nico est en grande forme. Ou très pressé d'arriver en avance en haut, pour faire une pause utile. Toujours est-il qu'il cavale comme un lapin, avec une aisance remarquable pour ses 39ans. Pour d'autres, c'est le facteur déclenchant de la fringale : Aurélie n'a quasiment rien pris à manger... Putin Aurélie tu sais que tu sors avec les cadors la !!!

Toute l'escouade finit par déboucher sur le glacier de la Sassière. C'est Thibaut qui prend le relais pour la trace : il faut qu'il montre un peu ses nouveaux skis, normal. Le bonhomme a la caisse, il semble flotter sur la neige quasi-presque-unpeu-fraiche.

"Putin tirez vous devant faut que je fasse une pause la !!"
"Putin on arrête un peu les pauses la on se dépêche de rentrer j'ai la dalle !! Vivement le cake la !"

Au pied de l'arête sommitale l'équipe se regroupe une dernière fois. Les skis repassent sur le sac, les crampons en sortent, l'arête n'est pas très technique mais Nico est trop dans le mal pour nous gratifier d'une intégrale skis aux pieds. On progresse vers le sommet. "Dis chef c'est pas l'Etendard la bas au fond ?". "Non je ne crois pas non".

ET BAM ! SOMMET ! Qu'est-ce que c'est beau. Le soleil illumine toutes les faces alentoures, y compris la majestueuse face Nord de la Grande Casse. Du Viso au Mont Blanc, en passant par le Cervin, et... "Bon t'as peut être raison c'est surement l'Etendard qu'on voit la bas". Le chef ne s'était pas trompé : les Grandes Rousses s'étaient malicieusement déplacées pendant notre tour d'horizon.

Thibaut est conquis par les lieux : "Même du haut de l'Ama Dablam j'étais pas aussi bluffé !"
...
"Allez ya le cake au thon qui nous attend, on file hein !"
"Oui bon allez on descend parce que je vais pourrir mon bénard !"

Nous décidons une descente presque directe dans la terrible facette NO. C'est trop pour Véro qui emmène Thibaut avec elle pour faire l'arête en aller retour et chausser au Collu. Ben oui, quand on cuisine pour 7 la veille au soir, ça laisse des traces... Sylvie, elle, est au taquet ! C'est avec une jouissance non dissimulée que je la vois chausser dans la pente, et que je me prépare psychologiquement à en prendre plein la vue. C'est parti ! Les virages sautés s'enchainent, façon monoski, c'est magique, je décide de prendre exemple pour ma propre descente. Personnellement je pense que c'est totalement réussi. Nico essaie d'éviter les secousses, le chef les barres rocheuses, et Aurélie de penser à la bouffe.

Rassemblement général 300m plus bas, ça papote, ça s'esclaffe, ça rigole. Sauf 2 membres du groupe...

"Putiiiiiin ça brasse la dedans ! Vite on rentre au gite !"
"Bon allez on descend ? Le cake va sécher la !"

C'est dans une neige aussi changeante que les directives du chef, que la section d'élite du GAUL dévale les pentes jusqu'à la dernière langue blanche. Heureusement que j'ai Sylvie devant moi pour me montrer l'exemple, je descend avec classe et style, les gens en fond de vallée me prennent en photo au téléobjectif, les marmottes me demandent des autographes, bref la gloire. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Ou plutôt une faim pour certaines... Le déchaussage est inévitable et bizzarement, c'est Aurélie, suivie de près par Nico, qui mène le groupe d'une allure plus que soutenue sur le sentier d'été. La pause à la voiture est brève, on charge tout pour rentrer en vitesse au gite.

Un repos bien mérité, une douche et des échanges constructifs sur nos impressions ce jour cloturent cette belle journée en montagne.


...


...


"Ah oui il est pas mal le cake... Mais bon c'est bien bourratif quand même !"

"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah pfiouuuuuuuuuuuuuuuuuuu"