08-03-2021
Mont Blanc
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D
1

 

Clairement, je me suis planté. Nous voici au pied du Couloir Nord de Chaborgne et je perçois un mélange d'incrédulité et de terreur dans les yeux de mes camarades. Le couloir est raide, continu dans le 40° sur plus de 400 m, avec 2 étroitures et une sortie qui frôle les 45° sur 50 m. Pas question d'emmener le groupe là-dedans, malgré les bonnes conditions. Heureusement, il existe un plan B fort intéressant : le couloir N du col 2458 m de Chaborgne. C'est donc là (compte-rendu à venir) que le groupe ira traîner ses spatules, mené d'une main de maître par Luc, pendant que je m'attaquerai à ce grand tobogan.

Après quelques conversions fort techniques, je me décide à mettre les skis sur le dos : il s'agit désormais de tracer dans une vingtaine de centimètres de poudre sur fond dur. J'essaie de conserver un rythme réglulier. Arrivé au milieu du couloir, j'aperçois un skieur qui arrive à son pied : je suis tranquille, il ne risque pas de me rattraper, je vais pouvoir profiter du couloir vierge de trace.

Encore 10 minutes d'effort et je me retourne : le bonhomme n'est plus qu'à une centaine de mètres derrière moi ! J'essaie d'accélérer un peu... mais à 30 mètres du sommet du couloir, je me fais littéralement déposer :

"- Ca devrait être pas mal... Merci pour la trace !

- De rien Mathéo, je t'ai vu un peu en difficulté avec ton petit gabarit alors j'ai essayé de faire des petites marches !"

Ca, c'est ce que j'aurais répondu si je n'avais pas été complètement asphyxié après avoir accéléré pour tenter de sortir du couloir en premier... Peine bien évidement perdue face à Mathéo Jacquemoud.

A la sortie du couloir, on change complètement d'ambiance pour découvrir un versant ensoleillé au relief beaucoup plus doux. Une courte arête mène au sommet. Il me reste encore quelques mètres à parcourir quand Mathéo attaque la descente...

La descente est en bonnes conditions : 5 à 20 cm de poudre recouvre un fond dur avec un bon grip. Après 3 bons virages, je dérape quelques mètres dans la partie la plus raide. Il faut se méfier des amas de poudreuses à certains endroits. La partie qui suit l'étroiture du bas est moins raide et permet de lâcher les chevaux.

Je me retrouve finalement au pied du couloir du col 2458 vers 14h45 : ne reste plus qu'à attendre les camarades !