25-01-2022
Beaufortain
1700
1

Arêche au mois de Janvier, c'est un peu comme les soldes chez H&M. Tout le monde repart avec le même top à -50% mais est persuadé d'avoir trouvé la perle rare et fait l'affaire du siècle. J'ai nommé la pointe de la grande journée dans le rôle du petit top.

Cohue au parking du Planay, on s'intercale entre deux groupes de Gaugaus, au taquet sur la ligne de départ. Au troisième top, on est parti dans le télésiège, direction la gare intermédiaire. On y retrouve un 4ème groupe, pendant que le premier groupe nous double pour rejoindre directement le haut du domaine. Le second groupe s'est fait largué, alors que loin devant Hamid forme le groupe zéro, en pleine échappé avant de rejoindre le quatrième groupe. Vous n'avez rien compris? Moi non plus.

On commence par remonter la trace pro sur le bord des pistes, en direction du col de la Grande combe. Il fait beau et la vue est dégagée, ce qui nous permet de profiter du voisinage : la petite colline du coin nous fait de l'oeil. je crois qu'elle s'appelle le Pic Immaculé, ou l'Aiguille de Neige, ou alors la Montagne Blanche. Enfin un truc dans ce genre. C'est ennuyeux, parcequ'à chaque virage on perds du temps à l'admirer, à ce rythme ça va être une grand journée.

Arrivés au col, hop on dépote et on se laisse glisser de l'autre côté. La neige oscille entre trois sur pas ouf et zéro sur vraiment pas ouf, même si parfois on tombe sur une petite plaque de neige six sur pas trop pas ouf. Arrivé au dessus des chalets du soufflet, on repote et on repart. La montée par la face sud de la pointe nous permet de souffrir des premières surchauffe. L'itinéraire est esthétique et on se dit que ce versant sud doit être bien sympa à dévaler en bonne conditions.

Sur l'antécime de la pointe, on rattrape le groupe deux, menés par Aurélie et Barbara. Nous nous engageons derrière eux sur l'arête qui mène au sommet. Celle-ci n'est pas très large. Chacun y va de sa technique : du "yoloçapasse" qui tente ça skis aux pieds au "jaimequandçaracle" qui sort les couteaux, et n'oublions pas le "fautpasdeconnerjelesaipasmonterpourrien" qui sort les crampons. L'arrivée au sommet est un grand moment d'émerveillement. Y'a pas à dire, le Beaufortain c'est quand même non sacrément canon.

Après une analyse très poussée des différentes pentes, on décide de poursuivre 50m sur l'arête nord pour aller chercher une belle rampe Est. De ce côté, l'arête est plus aérienne encore, et un petit pas étroit donne l'occasion à chacun de mesurer la puissance de ses sphincters. Les miens atteignent 17bars, et vous? La descente dans cette belle pente, face au Mont Blanc est à peine gâchée par la qualité de neige, qui n'est pas pire. Puis nous descendons la combe jusqu'au pied du pic de Vache rouge. Pour une orientation globalement nord, on aurait pu s'attendre à mieux. Là, on fait taire les estomacs et on repote en direction du sommet.

L'ascension se fait entre ombre et lumière, avant de se faire cueillir par un petit vent frais au sommet. On redescend donc un peu pour s'abriter, et on en profite pour casser la croute. Chacun y va de sa petite anecdote plus ou moins sexuelle (ne cherchez pas, ce qui se passe dans une sortie reste dans la sortie). La mastication s'intensifie à mesure que les sandwich monstrueux sortent des sacs et que les tablettes de chocolat disparaissent sous la langue. Et puis, <insérer ici un commentaire sur la beauté de la vue> <je vous ai dit qu'on voyait le Mont Blanc?>

Une nouvelle descente s'engage alors, et là le groupe tombe sur une belle poudre quasi vierge. On prends un malin plaisir à tout ravager, c'est à peine si on ne s'arrête pas en pleine pente pour pisser nos initiales. Le gaugau' est comme ça, sympa vite fait mais pas partageur en fait. Vers le bas de la combe, on quitte les traces qui contournent une barre pour forcer celle-ci dans un petit couloir sympathique, qui vient clore avec délice cette descente.

Puis, il faut repeauter pour repartir en direction de la côte 2000. Là, le groupe explose définitivement, entre les bourrinos qui en veulent encore, les cuitos dont les cuisses demandent grâce, et les fragilos que leurs fixes ont abandonnés. Tout ce petit monde arrive finalement au pied de la Légette, rattrapant là le groupe des félons : ceux là qui ont empruntés les remontées jusqu'au col de la Grande Combe (une manoeuvre infamante qui ne mérite que notre mépris).

Certains pousseraient bien jusqu'au sommet de la Légette du Mirantin, mais ce rab est-il compatible avec une arrivée à l'heure pour la Galette ? Bon sang, quel dilemme terrible. La Galette ou la Légette ? Les sportifs tentent de jeter leur dernières forces dans un sprint vers le sommet, quand les gourmands préfèrent filer vers le bas. Quel que soit le choix, ce ne sera pas pour la neige qui n'est ici qu'un machin infâme qui ne mérite pas que l'on s'attarde dessus.

L'arrivée au gite se fait incognito, et c'est parti pour une troisième mi temps bien méritée...