La sortie était bien vendue. « Venez découvrir un petit paradis au cœur de la Vanoise, à seulement 2h15 de Lyon ! Le refuge de l’Orgère dispose d’un local d’hiver très agréable : 14 couchages, coin cuisine tout équipé et… chauffage et lumière ! Dans ce versant orienté sud, vous profiterez d’un soleil généreux lors de 2 magnifiques randonnées à ski, encadré par un des membres les plus sympathiques du club, au tact légendaire ! »
Une fois n’est pas coutume, nous sommes 3 partants pour 4 places proposées. Méfiants, les gaulois ?
À 6h30 samedi, nous nous retrouvons devant la porte dudit encadrant au tact légendaire. Les skis tous neufs de Duncan, 103mm au patin, rentrent tout juste dans le porte ski, mais ça passe.
Après quelques kilomètres, une sonnerie sans doute similaire à celle entendue dans le cockpit d’un Boeing 737 MAX plongeant vers le sol retentit dans la voiture. Alarme doublée de 2 messages sur le tableau de bord : « STOP », en lettres capitales sur fond rouge, et « DEFAUT DU SYSTÈME DE FREINAGE », en lettres rouges tout aussi capitales. Si on avait sorti le manuel de la Mégane, on aurait sûrement lu un truc du genre « arrêtez-vous immédiatement et ne touchez plus rien». « Elle me fait ça depuis un an, c’est une fausse alerte ». On connait tous le « je suis pas inquiet » du conducteur. Y’a peut-être une raison pour laquelle on n’est que 3 à cette sortie finalement… mais non, effectivement, quand il a fallu freiner, ça a freiné.
Après un achat de mouchoirs sur une aire d’autoroute (y’avait marqué « cuisine toute équipée », mais le reste pas forcément !), on finit par arriver au parking du lieu-dit Amodon, 100 mètres plus haut que prévu, la route étant praticable plus longtemps qu’indiqué dans le topo.
A priori, à part des chasseurs, on est seuls. Et pourtant, “J’ai fait tous les topos, mis tous les filtres, aujourd’hui, ici, c’est The place to be !»
Nous chaussons à la voiture, accompagnés par U2 – Beautiful Day. Emeric continue a capella dans la montée… et se fait reprendre par notre native speaker du weekend ! Dur de chanter en anglais quand on est accompagné d’un écossais ! En conséquence, on note (fait rare !) une certaine baisse de confiance chez notre chanteur.
Vers 1900m, nous arrivons au refuge non gardé de l’Orgère. Suspense, serons-nous seuls ? Oui. Il faut bien quelques minutes à nos deux ingénieurs EDF pour faire fonctionner le gaz (cette façon de faire bouillir de l’eau met en œuvre une technologie différente de celle de leur domaine d’activité). Mais finalement, on a de l’eau chaude, du chauffage, et un dortoir de 14 places pour 3.
On repart donc pour la deuxième moitié de la rando du jour, direction Tête noire. Plus on monte, moins il y a de neige… l’arrivée au sommet se fait via une étroite bande de blanc bordé de vert, façon piste de ski à Dubaï. La vue vaut tout de même le détour. Traditionnelle déclamation des sommets : « Aiguille de Doran, Râteau d’Aussois, Grand Argentier, Thabor, Barre des Écrins, Meije, Aiguilles d’Arves ».
La descente n'autorise pas du grand ski. Du « ski à l’écossaise » selon Duncan. De retour au refuge, on attaque le repas pour finir sur du Whisky, meilleur que le ski écossais.
« Demain, ce sera mieux. Je suis pas inquiet. »