18-12-2021
Belledonne
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À la base, je suis venu au GAUL pour m'initier à l'alpinisme. Mes skis (de piste), je les avais définitivement rangés au placard il y a 20 ans. Marre des infrastructures hideuses des stations, marre des villages-stations champignons poussés trop vite au milieu d'espace montagnards jusqu'ici préservés, marre des sommets enneigés majestueux balafrés par le passage d'innombrables skieurs, y compris dans les zones de quiétude normalement réservées à la faune sauvage... Et puis bon, à force d'entendre les gaulois me raconter leurs sorties de ski de rando, des étoiles plein les yeux, de lire le compte-rendu d'héroïques journées de glisse à travers de grands espaces immaculés, j'ai malgré tout fini par me laisser tenter par une petite sortie d'initiation au ski de rando. Faute de participants, je serai le seul débutant de cette sortie et bénéficierai d'un accompagnement personnalisé de Serge et Jean-Christophe tout au long de la journée !

L'arrivée au parking de Chamrousse, puis la descente dans les sous-sols enfiévrés du magasin de location, un premier jour de vacances, me fait douter un instant de ma décision. Mais un fois les chaussures aux pieds et les skis à la main, seule demeure l'impatience de m'élancer sur la neige abondante de ce début de saison. Quelques ajustements techniques et vestimentaires, suivis d'un contrôle en bonne et due forme des DVA, et nous entamons donc la première montée le long du télésiège de Bachat-Bouloud, en suivant les balisages mis en place par la station. L'ascension dans la forêt est agréable, malgré la trace durement tassée. Les dernières centaines de mètres avant d'arriver à la croix de Chamrousse, en bordure de piste, le sont à mon goût un peu moins. Mais ce parcours bien tracé et peu pentu est idéal pour apprivoiser doucement les skis et éprouver l'adhérence des peaux de phoque, aidé par les précieux conseils de "mes" encadrants.

Une première courte descente jusqu'aux lacs Roberts. Les sensations de glisse, enfouies depuis 20 ans, remontent lentement à la surface. Le corps se remet en place, retrouve les réflexes et les positions autrefois familières. Je ne suis malgré tout pas complètement rassuré lorsque nous attaquons l'ascension vers le Grand Eulier. Une traversée en dévers jusqu'à la brèche Robert, puis les premières conversions dans une pente qui se fait de plus en plus raide. Nous arrivons au sommet (sauf Claude qui préfère nous attendre à la brèche) bien réchauffés par un soleil peu timide. Après un casse-croûte bienvenu, il est temps de redescendre. Jean-Christophe et Nicolas optent pour le versant est, un peu plus raide, tandis que Serge, Dominique et moi nous engageons dans la pente par laquelle nous sommes montés. La neige n'est pas de première fraîcheur mais pas trop difficile à skier. Passée l'appréhension des premiers virages, un peu hésitants, je prends de plus en plus d'assurance et de plaisir, et la descente est trop vite terminée.

Mais la journée n'est heureusement pas terminée. Plutôt que de suivre le télésiège des lacs Roberts pour retourner vers la voiture, nous choisissons de faire un boucle par le col des Lessines et le col de la Botte. Les randonneurs se font moins nombreux, tandis que le soleil est encore vigoureux au-dessus d'une mer de nuage recouvrant toute la vallée. Coupés de la station nous profitons du silence et de la beauté des grands espaces. Bras et jambes trouvent ce balancement hypnotique de la marche, ponctué de temps à autre par une conversion.

Arrivés au col de la Botte, Jean-Christophe contemple avec envie le sommet du même nom, moins de 100 m plus haut. Mais il est 15h, et la journée déjà bien remplie, il serait certainement plus raisonnable de rentrer... Allons donc ! Ne voulant pas le décevoir, Nicolas et moi acceptons de l'accompagner sur ce sommet qu'il n'a encore jamais skié. En dépit de la montée qui nous attend ensuite pour rejoindre la Croix de Chamrousse, nous ne regretterons pas ces derniers efforts. Une belle descente veloutée nous attend en effet sur la face ouest de la Botte, quasiment vierge de traces.

En descendant les pistes qui nous ramènent au parking, au milieu de la foule retrouvée, le constat s'impose : je continuerai bien à éviter autant que possible les stations, mais j'aurai bien du mal dans les mois à venir à résister à l'appel des pentes enneigées...

Merci à toute l'équipe pour cette belle découverte, et pour votre patience lors de mes longs "dépeautage/repeautage".