09-03-2019
Pologne
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Tatry J1 : Rocky windy Rakoń

Kiry 8h36 :

Good day sunshine

" Et voilà, on a raté le bus !
" Mais non ...
" Ah ça commence bien ce raid, je vous l'avais dit !
" Mais non ...
" On est bon pour attendre 45 minutes le passage du suivant, on retourne se mettre au chaud dans le gîte ..."

C'est mal connaître le principe qui veut qu'en voyage tout est très facile et nous n'avons même pas le temps de ramasser nos affaires qu'un minibus pour Chochołowska se pointe en dehors des horaires affichés, ce qui nous arrange bien. On confirme avec le chauffeur, c'est bon, on charge les skis comme des gorets dans l'allée centrale, et on monte dedans.

Roll up, roll up for the magical mystery tour, step right this way !

Emeric en profite pour rôder son nouveau sketch du GPS dans les transports en commun (" Si il ne tourne pas à droite dans 30 m, on est foutu ! ").

Après quelques minutes de trajet nous nous faisons déposer sur le parking à l'entrée du parc pour laquelle nous payons notre écot. Quelques kilomètres de plat se profilent, pas de neige sur la route. "Y en a qui veulent monter en calèche ? " Ignorant la tentative d'amadouement, on met les skis sur le sac, les chaussures de ski en boucle d'oreilles et on s'enfile la route qui s'enfonce dans la vallée de Chochołowksa. C’est habituellement le point de départ de la traversée des Tatras polonaises d’ouest en est.

You've got to carry that weight a long time

Le portage est un peu fastidieux (comme les brebis) mais le cheminement le long d'un torrent bien large encaissé entre des parois rocheuses et des pins arrachés ou coupés net à leur base par la tempête est très esthétique. 10h40 Enfin, le profil s'élève un peu, sans toutefois que nous considérions utile de chausser les skis et nous atteignons le refuge PTTK (1160m), dans lequel nous n'avons pas pu obtenir de réservation car il était complet plus d'un mois à l'avance. Rapide incartade dans le hall qui nous éclaire sur les conditions de neige et de météo affichées en temps réel sur un écran vidéo : risque 2, 90 km/h de vent au sommet. Parfait ! We can work it out.

Nous, petits français peureux que nous sommes, parlons déjà plaque-à-vent, crêtes soufflées et demi-tour.

Dear Prudence.

Mais des skieurs autochtones qui ont fait la course nous rassurent sur la stabilité et nous indiquent le meilleur cheminement. Pour de vrai, la randonnée à ski commence, dans les sous-bois où la neige est douce. Au débouché, ce n'est plus vraiment la même histoire. Les bourrasques nous assaillent et la visibilité s'amenuise. Nous faisons plusieurs arrêts-conciliabules mais nous persévérons. Négligeant le chemin balisé, nous visons le sommet par un itinéraire qui semble plus direct et peut-être mieux adapté aux conditions. Il faut pourtant remarquer que pendant que nous nous demandons un peu ce que nous foutons-là, nous croisons régulièrement des grappes de randonneurs à pied, tout à fait à leur aise dans cet exercice.
Les oreilles rebattues par le blizzard et tandis que Junior commence à faire des figures de patinage artistique sur la croûte raide, nous opérons un nouveau regroupement-palabre qui se soldera par l'abandon de trois larrons qui choisissent de redescendre se mettre à l'abri au refuge, histoire d'économiser des cartouches pour la suite du programme. Les autres visent le sommet avec plus ou moins de conviction quant à la précision de la direction mais atteignent finalement au plus court le sommet du Rakoń (1879m) et la borne frontière avec la Slovaquie dans une atmosphère très vivifiante. Le vent bastonne tellement que nous sommes littéralement tous allongés pour faire les manips. I'm down.
A notre grand effarement, alors que nous nous employons à dépeauter et bloquer les fix sans laisser rien s'envoler, nous sommes rejoints par quatre ou cinq randonneurs qui chancellent à peine en dépliant leur nappe pour le pique-nique au sommet.

Première descente circonspecte dans une neige pas si mal sur le haut, voire même carrément très bonne par endroits. Puis un peu de patinage pour finir d'arriver au refuge où nous reconstituons le groupe. Un petit coup d’œil à l'écran, le vent ne s'est pas calmé, il aurait même plutôt forci. Le retour par le même chemin qu'à l'aller s'effectue dans une recherche de glisse optimale jusqu'au replat mais le déchaussage est inéluctable. A quelques centaines de mètres du parking nous croisons un escadron de calèches tirées par des chevaux qui, personnellement, ne m'inspirent aucun regret de ne pas les avoir empruntées.
Sur le parking, un minibus attend. « Kiry ? » Réponse d’un geste du chauffeur nous invitant à monter. Rebelote, on monopolise le plancher avec notre attirail. Moins de cinq minutes et six autres voyageurs plus tard, le moteur tourne et nous pouvons profiter de la vue sur la campagne tatrzański et d’une nouvelle représentation du sketch du GPS (" Mais où il va ?! ").

The end