19-07-2020
Mont Blanc
3540
2700
840
AD
12
Thibaut
1

Certains voyages commencent au pas de la porte. Certaines courses commencent au dîner de la veille. C'est le cas lorsque, dès 18 heures, la soupe est prête et l'emplacement du bivouac réservé entre les murets de pierres.

Il n'y avait plus de place au refuge Albert 1er, nous avons donc ajouté dans nos sacs vivres, duvet, tapis de sol... Comme toujours, le confort d'un bivouac est diversement apprécié. Malgré la toile apportée par JC et qui couvre nos duvets, l'humidité est importante. JC et Thibaut finiront la nuit à l'intérieur du refuge. Le spectacle de la nuit étoilée fait l'unanimité.

A 4h45, nous démarrons un quart d'heure plus tôt que la veille. Les conditions sont toujours aussi bonnes. Je suis en tête sur le glacier.

A l'entrée du couloir (en neige) de la Table, deux options : le suivre un moment et rejoindre un couloir rocheux transversal (comme indiqué dans le topo de CampToCamp) ou attaquer immédiatement l'arête SW. Nous choisissons le couloir de neige, dont l'ascension est commode.

Pendant la montée, nous gardons un œil sur notre gauche : nous espérons trouver un passage vers l'arête avant le couloir rocheux classé en catégorie « pourri ». Espoir déçu.

Nous entamons donc la montée dans le couloir du topo. C'est pire qu'attendu. Claire finit par me trouver un becquet solide... mais je me retrouve rapidement en train de déplacer une grosse boite à chaussures afin d'éviter sa chute sur les suivants. Je me suis déjà retrouvé dans cette situation, je suis confiant dans mes chances d'y arriver à nouveau mais c'est tendu.

Je cale le caillou. Toutefois, face aux difficultés du même genre qui s'alignent devant moi, je préfère laisser la tête à Claire. Elle est à l'aise, je la suis sans autre ennui. La cordée de JC et Thibaut utilise nos points.

Le cheminement n'est pas évident, la course est clairement un degré plus costaud que celle d'hier. Il faut tenir compte de Thibaut, encore débutant.

Lors d'un regroupement, un pas délicat est annoncé avant une suite facile. Je jette un œil. Je trouve une solution pour le premier pas. Je demande à repasser en tête. Nouvel échec : j'aurais dû anticiper les pas suivants, plus difficiles qu'escompté.

Claire passe à nouveau en tête. La recherche d'itinéraire se poursuit, avec son lot de demi-tours.

Nous approchons de l'extraordinaire Gendarme à la Table. Un hélicoptère du PGHM s'approche, l'un de ses occupants est tourné vers nous. Il nous donne ainsi un doute mais comment aurions-nous pu nous tromper à cet endroit ? L'hélicoptère s'éloigne, manifestement pour porter secours à d'autres alpinistes et nous laissant avec notre sueur froide.

Pour l'accès à la Table, l'option du pas de 3, trop exposé, est vite écartée. Reste le pas de 5, sa pédale et sa corde fixe. Je suggère d'utiliser cette dernière avec un machard. Claire adopte l'idée.

Une fois que nous sommes vachés, JC demande à utiliser notre corde mais se lance avant que nous soyons prêts. Quelques contorsions plus tard, nous sommes sur la Table. Quel endroit !

La cordée masculine, JC en tête, est maintenant en charge de la recherche d'itinéraire. La suite s'annonce bien, sur le fil de l'arête et avec du bon rocher. Las, un peu plus loin, le fil semble trop difficile à suivre. Nous nous engageons dans une traversée terreuse entre des piles d'assiettes, à la recherche de points d'ancrage.

Nous retrouvons l'arête pour sa partie finale. JC et Claire ont encore du jus. Thibaut est agacé par l'instabilité des cailloux précédents. Mon mental et mon physique sont bien entamés et je n'apprécie pas le dernier morceau à sa juste valeur.

Au sommet de l'Aiguille du Tour, la pause me permet de me reconstituer quelque peu. Thibaut est à nouveau en pleine forme (c'est beau la jeunesse !). Nous descendons par la voie normale : c'est de la désescalade facile mais de la désescalade quand même.

Suit le glacier coté suisse (plateau du Trient), où nous désespérons à la vue d'une cordée de trois, en short et manches courtes... et le piolet accroché au baudrier pour l'un d'entre eux : c'est un record à battre dans l'inconscience !

Nous revenons côté français par le col Supérieur du Tour, plus terreux que le col du Tour de la veille ; des cordes fixes nous aident.

Le glacier du Tour nous ramène au refuge. Celui-ci en vue, la fatigue mentale s'atténue. Arrivés au bout de 12h30 de balade, c'est à dire 2h30 de plus que dans le topo, nous prenons le temps de finir ou presque nos provisions.

La descente vers le Tour, où nous sommes garés, se fait sans encombre... surtout pour Claire, qui nous devance de trois quarts d'heure.

Nous retrouvons Ludo au camping. Le camp du Gaul s'achève à la buvette, autour de salades et de planches de fromage et charcuterie aimablement confectionnées par les taverniers malgré l'heure tardive et le peu qu'il leur reste. L'accueil est décidément excellent dans ce camping.

Des herbes aromatiques sont à disposition à l'entrée. Avant de partir pour Lyon, Claire en cueille quelques unes : est-ce pour améliorer le confort olfactif du trajet ?