11-12-2021
Grandes Rousses - Arves
F
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En ce début de saison, voilà des intempéries terribles annonçant des milliers de mètres cube de neige fraiche, et un BRA que l'on prédit catastrophique. Que faire pareil weekend end? Un stage de formation Neige et avalanche pardi !

L'arrivée vendredi matin à La Grave est déjà une aventure en soit. Il neige tant qu'à peine déneigées, les routes sont déjà recouverte d'un manteau qui épaissit à mesure que l'on progresse. Dès l'autoroute Lyon > Grenoble, la progression est lente est difficile. Jérôme gère la conduite de main de maitre, mais malgré tout, nous arrivons un peu en retard. Bien avisé Marine, et d'autres stagiaires, d'avoir fait la route la veille.

A notre grand soulagement, la première matinée est consacré à de la théorie sur la nivologie, plus ou moins au chaud dans la grande salle du gite Le Rocher : plus ou moins car nous apprendrons plus tard que le chauffage n'avait pas été allumé. J'évolue en terrain familier, grâce aux conférences suivies au GAUL et surtout à l'excellent travail de Serge. Mais y'a rien à faire, je n'arrive pas à retenir par coeur les différents types de grains et le sens des étapes de transformation du manteau. Pendant ce temps, dehors les flocons continuent de tomber.

L'après midi, on s'habille, on va aller enfouir des DVAs. Ha c'est sur qu'avec tant de neige, ça va être autre chose que les feuilles de la Feyssine! Nous descendons dans le vallon sous le téléphérique, le long de la Romanche. ça brasse jusqu'au bassin, et parfois plus. Puis, séparés en deux groupes, nous revoyons les bases de la recherche de DVA. On brasse, on creuse, et parfois un stagiaire disparait sous la poudreuse, déséquilibré par ce manteau sans fond.

Le soir, c'est un repas de roi qui nous attends ( soupe Potiron/Saint Jacques et Chevreaux de La Grave), et la suite de la formation qui dure une partie de la soirée.

Vendredi matin, nous passons à la pratique! Départ skis aux pieds depuis le gîte, et nous voilà qui skions à travers les ruelles de La Grave. C'est ce qu'on appelle le folklore! Nous sommes scindés en deux groupes, et la progression est très lente, ponctuée de nombreux arrêtes pédagogiques : la gestion du groupe, de la course, la recherche d'indices quant à la nivologie, tout y passe. L'atelier le plus éprouvant est sans nul doute celui de la trace, qui s'apparente plutôt à une brasse coulée. Nous progressons au dessus de La Grave jusqu'au hameau des Terrasses, et nous poussons jusqu'au petit bois qui le surplombe. Pause déjeuné, après un dénivelé extrême de 500m. Puis, nous faisons une petite coupe du manteau. C'est un bon moyen de comprendre un peu mieux ce qui se passe dans le manteau, tout en se réchauffant la pelle à la main! Puis, nous attaquons la descente.

Vient là l'exercice que j'ai préféré lors de ce stage : un exercice de recherche multi-victime sous forme d'un jeux de rôle. Premier scénario (que bien sur nous découvrons au fur et à mesure) : 3 skieurs, qui rencontrent un témoin les informant d'une avalanche qui vient de coffrer ses amis. On essaye de récupérer les informations, on s'organise comme on peut et on se lance dans les recherches. 4 personnes à sortir en condition réelle, c'est à dire dans une pente et les skis aux pieds. On essaye d'appliquer ce que l'on sait, mais nos connaissances se perdent dans l'urgence et le stress. Notre guide joue tour à tour le rôle de l'opérateur du 112 ou du témoin désorienté pas toujours clair. Et chaque fois qu'un DVA est retrouvé, il est accompagné d'une petite fiche indiquant l'état de la personne : si elle est consciente, alors un membre du groupe qui ne participe pas à l'exercice vient prendre la place. Si elle est inconsciente, un petit papier nous indique des indices sur son état. 

Deuxième scénario, cette fois ci c'est 4 stagiaires qui ont coffré deux de leurs copains. Puis ils sont pris à parti par un témoin agressif : la coulée a emporté un autre groupe en contrebas. Là encore, l'exercice est difficile : ils ne savent pas combien de personnes il faut chercher, et cerise sur le gâteau, aucun réseau, pas d'appel au 112 possible! Là encore, la recherche "en condition réelle" est sacrément difficile, ces exercices sont très formateurs. Petit debrief personnel : dans ma recherche je suis descendu trop bas, et quand il a fallu remonter j'ai perdu un temps précieux à brasser, avant de finalement repeauter. Il est bien plus rapide de prendre 1mn pour repeauter, je fait donc évoluer ma pratique en ne rangeant plus les peaux dans le sac à la descente mais en les portant systématiquement dans ma veste, pour les avoir à portée de main. 

Une fois au gîte, debrief' de cette sortie, et un nouvel exercice qui nous attends avant le repas : la préparation de la sortie du lendemain, avec la présentation de la méthode de la carto des vigilance de Paul Grobel (méthode qui a tant séduit que chacun compte l'adopter). Puis vient la fameuse soirée "Première neige" du Rocher, où nous avons le bonheur de retrouver un important groupe de Gaulois. 

Et ce dimanche, c'est direction le col de la Pare, au départ de Villar d'Arène. Cette journée sera consacré à une mise en pratique de ce qui a été appris pendant le stage, principalement autour de la gestion du groupe et de la sortie , sous un soleil radieux. L'itinéraire est agréable, et si la neige commence à souffrir du beau temps et du réchaud, on garde des conditions de ski tout à faire agréable.

Puis voilà l'heure de la fin de ce stage Neige et Avalanche, qui voit 4 Gaulois de plus parfaire leurs connaissances sur le domaine. Nous avons trouvé ce stage vraiment intéressant, et ne saurions que le conseiller à tous!

PS : deux ressources en vrac, qui peuvent servir : 

- vidéo de l'ENSA : stratégie de recherches en avalanche

- vidéo de l'Armée : le bon et le mauvais chasseur, une ressource qui sera utile à tout les néo-skieurs pour parfaire leur technique!