On m’avait vendu du rêve pour cette reprise. 2 jours de soleil, 50 cm de neige fraiche, petit restau traditionnel, raclette devant la cheminée. Ce fut purée de pois, BRA 4, kebab en terrasse. Par contre, on a bien picolé. Bière locale, petit Vaqueyras, à la fraîche par -10° car Christelle avait oublié son pass.
Assurément, les prémisses d’un excellent we, merci à l’équipe pour la convivialité et en particulier Laurent pour l’initiative et l’organisation.
La veille le BRA avait grimpé de 2 points. Laurent active son plan B. Ce sera le Charmant Som par la route. Rapidement, j’ai bien senti les gars que ça les démangeait un peu d’aller tâter la poudre. Déjà la route, ils commençaient à s’en écarter pour aller fricoter avec les bordures. Puis les épingles, de plus en plus à l’intérieur pour gratter un peu de fraîche, puis carrément dans le fossé, puis « Allez, on coupe » tout ça pour gagner 2 conversions. A la 3ième, ils en pouvaient déjà plus, genre ados plein d’hormones. « On coupe par la trouée à travers les arbres. De toute façon, la route ça craint trop, y a des congères »
Arrivés sur la crête, ça souffle pas mal, du givre plein les yeux. Au bout d'1/4h on tombe sur un panneau genre le sommet +25 bornes, dénivelé +10m, visibilité -10m. On insiste sans trop de conviction puis ½ tour avec l’idée d’aller bricoler dans la trouée. Et là, ils s’en donnent à cœur joie, les godilles de minet s'enchainent, ça tortille du cul, ils croisent la route à mach 2, limite une 4 voies, ils s’en aperçoivent à peine. Au bout d’un 1/4h, l’intelligence collective se met en branle et l’unique neurone disponible dans l’équipe est activé « On n’est pas un peu bas là !! »
3ième repeautage, c'est ça que mes peaux n'ont pas aimé. Au bout de deux conversions, j'en perds la moitié d'une. Deux de plus, toute la peau qui se barre. J'essaie avec une peau sur deux, j’essaie en escalier … pas mieux. Résigné, je déchausse. Je brasse de la neige jusqu'au moteur. Je peste, j'en veux à la terre entière…, Christelle et Clément m’attendent 10 minutes tous les 10 m.
Et là, un éclair de clairvoyance, je pense Joe Simpson, la Siula Grande .., parfois le salut passe par le bas. Je rechausse mes skis en position descente, Clément culpabilise bien un peu de me laisser seul. Certainement un reliquat de traumatisme enfantin devant les épisodes de Scoubidou où les ennuis surviennent quand le groupe se sépare. Christelle pas du tout. Je ne me laisse pas attendrir, je dis adieux à mes camarades qui continuent leur remontée, prends mon courage à deux-mains et me jette dans l'abime…. Une piste verte qui débouche 500 m plus loin sur la départemental qui traverse la Chartreuse. Je remonte tranquillou à pied jusqu'au col de Porte et retrouve mes petits camarades.