19-12-2021
Lauzière - Cheval Noir
1250
PD
1

Première sortie d'un weekend que l'on a voulu en décalé. Parce qu’on est comme ça, plein d'amour pour les collègues quand il s'agit d'envoyer des photos de paysages ensoleillés et de pentes de poudre immaculées un vendredi. Mais bon, faire le kakou c'est bien joli, mais il faut déjà se sortir des doigts pour aller les faire ces photos!

Arrivés à Chambé', on est pris sous un plafond nuageux bas et bien dégueu. Heureusement, alors que l'on se hisse au dessus de la Maurienne, on passe au dessus du gris et voilà le ciel bleu qui vient nous éblouir! On dépasse le petit village de Montsappey pour venir se garer tout au bout de la route, sur le parking du relais du lac noir. Autour de nous, de minuscules chalets douillets ensevelis sous une épaisse couche de neige, au dessus une épaisse forêt, et enfin une superbe ligne de crêtes aux pentes immaculées. Autant de promesse d'une journée de rêve.

Mais attention, on a beau être en début de saison, en plein mois de décembre, le redoux a déjà mis à sacré coup à l'hiver. Les versants ensoleillés ont dégueulé jusqu'au sol, et partout sur la route des arbres brisés sous le poids de la neige humide. Alors on délaisse le combo petit et grand arc, les classique du secteur plein sud, pour se diriger vers la ligne de crête qui nous offre des pentes au nord/nord-ouest. Au milieu de celle ci, nous nous dirigeons vers la pointe de Combe Bresin.

On traverse le vallon en essayant de ne pas perdre de hauteur, pour pénétrer dans un sous bois assez dense. La trace que nous suivons louvoie entre les arbres, se perds, revient sur ses pas, monte, descend ... et nous avec ! Finalement, on sort de la forêt et on se rétabli sur un petit replat : il nous aura fallu une heure pour monter de 200 mètres. Nous passons devant le chalet de la Perrière, où nous arrêtons faire du repérage : des couchettes, un poil et du bois : avis aux amateurs de solitude et de nuit fraîche... Au dessus, on passe de combe en combe, et nous nous élevons petit à petit le long de la ligne de crête. Arrivé sous le pas de la mule, notre objectif s'offre à nous, et nous remontons une combe un peu plus raide, à la poursuite d'un groupe de skieurs qui osent nous devancé. Mais nous ne les rattrapons pas, et nous les voyons basculer sur un col. Un col? Interrogation et coup d'oeil au topo : on suit le mauvais lièvre ! Leur itinéraire n'est pas le notre, eux basculent plein est sur la fameuse combe Bronsin, là où pour atteindre le sommet de la pointe éponyme, il nous faut filer vers le sud. Alors on traverse, pour atteindre une nouvelle combe. Cette fois-ci, plus de doute, c'est bien là!

Face à nous une pente qui se redresse de plus en plus. Aux aguets, on s'écarte et Aurélien file devant tracer. Ses conversions sont de plus en plus difficile à faire, et la neige est un sucre sans trop de consistance : bonne nouvelle, l'ensemble ne devrait pas nous tomber dessus. Mauvaise nouvelle : ça ne porte rien! On passe les skis sur le sac et on fini à pied sur les derniers mètres. Arrivés sur l'arête, il nous faut encore faire les funambules sur quelques rochers, pour finir sur une belle (mais étroite) plateforme. De là, la vue sur un magnifique couloir plein sud qui nous fait de l’œil (mais il a déjà bien chauffé), et au bas les Frettes, le Rognolet et le grand pic de la Lauzière.

Mais nous ne sommes pas au sommet, et Guillaume est déjà parti loin devant. Nous abandonnons nos skis et tentons de le rattraper. Mais l'entreprise nous semblant hasardeuse, on décide de l'attendre au soleil sur l'antécime. Pendant qu'il nous nargue du sommet, 50m plus loin, on dévore le paysage et on prépare le casse-dalle. La Lauzière, la Vanoise, le Beaufortain et enfin le Mont Blanc nous tiennent compagnie. Et revoilà Guillaume, pile à l'heure pour le saucisson!

Puis vient l'heure attendue de la descente. De la glisse. Du ride! On s'équipe, et je ne peu m'empêcher de faire mon Cassandre et d'évoquer mon inquiétude. C'est quand même très raide à l'attaque, et j'ai un peu peur de cette neige malgré tout. Mes compères me rassurent, et on défini d'une stratégie pour descendre prudemment (mais avec plaisir!). Je me lance le premier. Les premiers mètres sont très étroits, n'ayant pas encore "sauté" en ce début de saison je préfère déraper jusqu'à avoir la place d'amorcer le premier demi tour. Puis le second. Et voilà, ça passe tout seul. Je me gare sur le côté, à l'abri d'un rocher, et regarde passer mes deux compagnons au style léger. Et je les suit dans cette courte, mais raide face où nous dessinons les premières traces. Plaisir d'offrir ...

La suite de la descente nous réserve de très joli moments de skis. Le relief offre de belle trajectoires, il est possible de se faire plaisir dans une succession de pentes et de contre pentes. Mais la neige est changeante et offre au skieur de nombreux états. Dur dans ces conditions de se lâcher totalement, alors on reste sur nos gardes. Les cuissots chauffent, et on décide de shunter la traversée dans la forêt pour passer au dessus du chalet de la Perrière et basculer dans la grande combe. De là, on peut descendre dans un petit goulet très agréable à skier. Méfiance cependant, cette combe est le réceptacle d'une large face Nord/Ouest, il vaut mieux ne pas s'y trouver quand ça purge. Puis, un peu de pousse bâton nous ramène au parking.

Carton plein pour cette première sortie du weekend: du beau temps, une belle découverte dans ce secteur qu'aucun de nous ne connaissait, et du beau ski même si la neige n'était pas uniformément parfaite. Et pour bien finir la journée, on prends une bonne mousse au soleil, sur la terrasse du relais du lac noir. C'est la première saison des nouveaux gérants, très sympathiques, et qui proposent restauration et hébergement dans un cadre idylique. Osez vous farcir les nombreux lacets de la route et on tient là une belle destination pour un weekend mobilité douce ...