16-06-2023
Mont Blanc
PD
David et Felix
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J'ai fait un rêve qu'un jour je monterais mes skis sur le toit de l'Europe.
Le rêve commence sur le plancher des vaches à Chamonix en attendant la benne de l'aiguille du midi qui déverse dans les deux sens son flot de touriste et alpiniste et qui va m'emmener seule au plan de l'aiguille où j'ai décider de passer la nuit au refuge du plan pour buller et effectuer un pallier d'acclimatation , les gars me rejoindront le lendemain matin.

Pour l'instant le rêve est bien loin ,en levant les yeux , il est même source d'angoisse , à regarder d'en bas cette arête du dôme que l'on doit franchir pour accéder au graal semble bien raide , cela gamberge pas mal , puis les messages aux amis et à la famille, les fleurs du refuge , le chien du propriétaire , la vue sur la vallée et les aiguilles de Chamonix me réconfortent.

J'ai fait un rêve, d'une nuit paisible et confortable en chambre individuelle, le luxe; Au repas les cordées parlent de voie difficile sous l'aiguille du midi, une cordée 100% féminine, la guide parle de la peur, mon oreille traine , et oui cette peur qui paralyse et consomme tant d'énergie, comme dirait juju pas de pression ,on y arrive tant mieux et ben sinon tant pis, je me met dans ce mode là et m'endort avec mes rêves.

J'ai fait un rêve qu'au petit matin , je me réveille à l'heure des randonneurs , tranquillement avec un bon petit dèj , profitant de prendre mon temps. Skis sur le dos , autant s'habituer car ils le seront souvent, sur le dos; je rejoins les garçons qui arrivent par la benne du matin , contente de les retrouver , et c'est ensemble que nous attaquons la traversée vers la jonction.

J'ai fait un rêve du passage tant appréhender de la jonction, ce cahot de glace que j'admirais petite du gite à Balmat, atteinte lors de randonnées familiales , très impressionnée à l'époque par ce cahot infranchissable, et nous y sommes, avec l'enneigement tout passe bien et nous sommes tous bien soulagés en arrivant au refuge des grands mulets.

J'ai fait un rêve sur la DZ du refuge à admirer tout ce qui nous entoure dont le majestueux mont maudit et son dédale glaciaire qui en découle.
Nous dinons pour certains en version popotte et pour d'autre en version rougail saucisse, préparation des sacs , petit brossage et vite au lit pour quelques heures de repos avant un réveil à 1h du mat ,enfin sans compter sur les italiens et leur réveil à 0h30.

J'ai fait un rêve, d'un départ dans une agitation d'un refuge blindé, à 1h45 à la lumière de nos frontales pour descendre la main courante qui nous séparait de nos skis.

J'ai fait un rêve, on progresse encordé tout d'abord à ski puis à pieds , puis cela se redresse et les pointes avant sont alors au goût du jour; l'arête que j'avais tant appréhender d'en bas est en bonne condition, seuls quelques lueurs de glace révélées par la lumière de ma frontale, je me crispe un peu , mais tout de suite coacher par un ange gardien juste derrière moi. Cela fini par se coucher rapidement et on sort au col du dôme au lever du soleil. Un souvenir de la morsure du froid du lever du jour sur mes doigts et c'est déjà l'abri Vallot.

J'ai fait un rêve de toilette à Vallot , d'ailleurs je n'étais pas la seule.

J'ai fait un rêve d'une arête tout en neige , d'un dromadaire ou d'un chameau de Chamonix, c'est très esthétique cette arête des bosses, j'en prend pleins les yeux et cela se termine par l'arête sommitale et le bonheur d'être tous ensemble, on prend le temps de se congratuler , de regarder l'arc alpin qui se dévoile sous nos yeux, de déguster le crocodile de la victoire , et le moment tant attendu arriva, deux claquement de fixation et nous voici skis aux pieds au sommet du mont blanc, que d'émotions ,que dire, une grosse pensée aux amis et famille qui sont en bas dans la vallée et qui pensent à nous, on gravit aussi les sommets grâce à l'énergie que nous donne les absents.

Et voilà le rêve se termine et devient réalité, j'ai encore bien du mal à réaliser mais voilà je lance mes skis dans la pente et le bonheur de la glisse est là sur cette neige poudreuse, et quel décor, un cadre glaciaire magique , nous sommes entourés de tour de glace qui n'ont rien à envier aux tours newyorkaises, le dénivelé défile ,puis le refuge ,puis la jonction , puis la traversée au plan de l'aiguille qui donnera du fil à retorde à notre surfeur du groupe.
Et c'est bien fatigués que nous nous retrouvons autour d'un verre ,
et oui nous avons fait un rêve.

Merci ,les gars ,d'avoir partager ces moments forts de montagne, et un grand merci à Guillaume d'avoir réuni toute cette belle équipe. Et rendez vous au prochain rêve.

et merci pour l'inspiration, au pasteur Martin Luther King :
"La véritable grandeur de l'homme ne se mesure pas à des moments où il est à son aise , mais lorsqu'il traverse une période de controverse et de défis"
"si vous ne pouvez pas voler, alors courez; si vous ne pouvez pas courir, alors marcher; si vous ne pouvez pas marcher ,alors ramper; mais quoique vous fassiez, vous devez continuer à avancer"