22-01-2022
Beaufortain
1150
1350
2489
F
4h30
2

Une lame jaune commence à peine à soulever la nuit et nous sommes sur le départ. Le carrosse de Jérôme est choisi pour la navette. Nous filons sur l’autoroute.

Déjà les premières montagnes enneigées apparaissent lorsque notre chauffeur nous lance un regard inquiet. Malgré son pied collé au plancher, nous perdons de la vitesse. Un arrêt rapide s’impose. Jérôme perplexe observe le moteur et sa tuyauterie. Nous cherchons une éventuelle flaque sous la carlingue. Mais rien. Nous remontons sans plus réfléchir. Le soleil a bien déjà pointé le nez mais on n’en ressent pas encore la caresse.

Nous sommes bloqués à 90 km/h. En fond sonore un bruit de pot d’échappement percé nous donne l’illusion de progresser à vive allure. Des gaz d’échappement s’infiltrent dans l’habitacle et nous obligent à aérer, accentuant cette sensation de vitesse. On se sent bien, libre, plus rien ne semble pouvoir nous arrêter.

Nous arrivons péniblement à avaler la côte qui nous amène à Chornais grâce à la dernière vitesse encore disponible. Le reste du groupe nous attend. Pas le temps de nous réoxygéner les poumons que nous sommes déjà fixés sur les spatules.  

Le rythme est élevé. C’est certainement parce que nous avons pris un peu de retard ou peut-être que ce groupe de garçons  a besoin de se la mesurer ? Nous progressons dans le vallon du Grand Mont et doublons rapidement le second groupe de gaulois. La pente s’accentue sur une neige dure, il nous faut déchausser. S’en suit un petit passage scabreux à l’aplomb du ruisseau du même nom. Nous choisissons de nous échapper de ce vallon par la rive gauche pour rejoindre une dorsale qui nous offre un 360 ° sur les montagnes environnantes et une vue exceptionnelle sur le Mont Blanc. L’objectif se dessine au loin.

Jérôme dont les jambes fourmillent prétexte sa lenteur pour écourter une pause et nous lâcher. Il nous promet de nous attendre plus loin mais n’en fait rien. Nous l’observons patauger dans une belle pente de poudreuse et se débattre avec ses conversions. Luc décide de ne pas lui emboîter le pas et nous filons sur des courbes plus douces.

Nous nous retrouvons tous au sommet. C’est beau mais ça burle !

Nous shuntons l’itinéraire de montée et parvenons à tracer quelques courbes sur une pente de poudreuse à 40°. Un replat en contre bas fait l’affaire pour une petite collation. Nous bifurquons dans le vallon du ruisseau César. La neige reste relativement bonne jusqu’à l’orée d’un bois (vers 1650 m au niveau d’un chalet d’alpage). Dans la forêt (sentier d’été) la neige est dure avec quelques plaques de terre gelée. Des cailloux affleurants suffisent à extirper quelques belles figures. Chacun avec sa technique, plus ou moins académique, nous finissons par dévaler les dernières pentes glacées. Nous arrivons tous en bas avec le sourire, heureux d’avoir fait éclater le chrono (>1h de descente…) et d’aller déguster la galette.

Epilogue : La voiture de Jérôme a dû rester dans le Beaufortain pour subir quelques réparations de la tuyauterie conduisant les gaz d'échappement au turbo.  Nous avons tous trouvé une âme généreuse pour nous ramener à bon port. Deux d’entre nous ont fait leur retour dans un « aspirateur à gonzesses » (comme dirait Jérôme).  Des  slaloms à 160 km/h sur l’autoroute avec un conducteur qui parle avec les mains ont vidé mes réserves d’adrénaline ! Bon, il paraît que la voiture freine toute seule s’il manque de réflexe.

Christelle