13-02-2022
Chablais - Faucigny
1100
F
Raph, Tanguy
3

Au lendemain d’une sortie très réussie au Charvin, on retrouve 3 Gaulois et 2 copains à la Chévrerie, un petit fond de vallée au bout d'une route niché au cœur du Chablais. On y trouve une petite station de ski sur son versant sud, mais aussi de nombreux itinéraires qui viennent arroser de randonneurs les versants nord qui surplombent la vallée. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent.

Nous partons sous les hurlements des chiens de traineaux, plus excités encore que nous à l’idée de la journée qui s’annonce. Nous remontons une large route forestière, qui coupe un sous-bois dense. Quelques choix malheureux nous amènent à quitter la piste pour lui préférer un petit sentier. Ce n’est pas le plus optimal en termes de temps et de facilité de progression, mais aucun regret tant ce sous-bois est beau et sauvage.

Plus loin, quelques doutes quant à la marche à suivre. On file à droite, mais nous tombons nez à nez avec un groupe qui monte. On se dit qu’on est en train de redescendre, alors demi-tour et on repart. Face à la trace qui se fait de plus en plus raide, je me dis qu’on s’est planté d’itinéraire. Mais comme l’endroit est beau, et les pentes qui nous entourent sont vierges de traces, on continue comme si de rien n’était.

Nous arrivons dans une magnifique combe. À notre droite, de belles et larges pentes de poudre vierge. À notre gauche, des sapins habitent un système de pentes et de contre-pentes, qui viennent buter contre une épaisse muraille. L'endroit est sauvage, aucune trace de descente et tout juste une ou deux traces de montée qui vont desservir ici un col, là une pointe. Nous sommes arrivés à la friche de Pététoz. La bonne nouvelle c'est que c'est très joli, la mauvaise c'est que c'est très le mauvais vallon

Un coup d'œil à la carte, on doit pouvoir rebasculer depuis la crête sur les pâturages de Pététoz. Et en plus, une trace y monte ! Malheureusement, une fois en haut, on ne distingue pas bien la descente. Entre les rochers et les sapins, ça semble passer mais difficile d’être certain de l’absence de barre rocheuse. Aucun de nous ne souhaitant se lancer dans une formation accélérée en saut à ski, on suit la trace qui file sur la ligne de crête vers le nord. Rapidement, on débouche sur une croix, qui marque le sommet. Nous sommes arrivés sur la Pointe d'Auvellaire. Ce sommet surprise est un beau lot de consolation, de par le belvédère qu’il constitue ou de par les belles pentes en poudre qu’il surplombe...

Un selfie, un dépautage et c'est parti pour une belle descente plein nord. La neige y est plutôt légère, la pente agréable, on se régale ! Le vrai drame c'est qu'il faut bien s'arrêter, à moins de vouloir être à Lyon pour Telefoot. Repeautage et c’est parti pour une traversée sous la crête que nous avons quittée. Du bas, on constate que ça passait à peu près partout, mais la prudence nous aura récompensé d’un magnifique bonus, alors on ne se plaint pas !

Après quelques centaines de mètre, nous passons une épaule, et voilà qu’apparait notre objectif du jour : le couloir NW de Pététoz. Avec nos errements, ça semble ambitieux de se lancer dedans à présent. On n’a pas fait beaucoup de dénivelé, mais pas mal de développé, ce qui a entamé nos cuisses. Après négociations et d’intenses hésitations, on décide de scinder le groupe en deux : Raph et Tanguy vont remonter à travers les pentes jusqu’à notre crête, pour redescendre dans les champs de poudre vierge de notre itinéraire de montée. Quant aux Gaulois, on décide de poursuivre notre traversée des alpages de Pététoz jusqu’à la pointe de Chavasse.

À un bon rythme, on longe la muraille qui forme la pointe de Chalune, non sans repérer les nombreux couloirs qui en occupent les moindres recoins. Puis notre regard se porte sur un large tobogan caché dans l’ombre : la combe nord de la Pointe de Chavasse. On double quelques piétons en raquettes, avant de manquer de nous envoler, soufflés par les rafales : nous voici arrivé au col de Vésinaz. Autant au nord on était plutôt tranquilles, autant au sud on aperçoit pas mal de randonneurs qui montent depuis le Praz de Lys. Mais ce qui nous subjugue, c’est la vue. Le Mont Blanc en large et en travers, les aiguilles rouges, le Beaufortain et la Pierra Menta, et même le Cervin. Incroyable.

De là, quelques lacets nous permettent d’arriver à un collu, surplombant la combe nord. On shunte le passage au sommet proprement dit et on décide de se préparer ici, à l’abris du vent. Un dernier regard derrière nous, et nous voilà lancé. La pente est bien tracée, mais l’ombre a gardé la neige légère alors les virages s’enchainent dans un immense plaisir. Au loin, on aperçoit deux petits points dans la pente : Raph et Tanguy, qui ne semblent pas progresser très vite. Ça sent le plan merdique. Et forcément, quand on sait les copains en galère, on ne peut s’empêcher de penser à eux, sourire jusqu’aux oreilles en enchainant les virages dans la poudre. Question de priorité.

En contrebas, nous arrivons à la lisière de la forêt. On y abandonne la poudre pour gouter aux joies d’un border cross damé dans le sous bois. Puis nous rejoignons un chemin, là aussi bien damé par les passages successifs. La progression y est relativement pénible et exigeante pour les cuisses. Enfin, on arrive sur une large (et plate) piste qui nous ramène à la station , non sans slalomer entre de nombreux piétons.

Il ne nous reste plus qu’à siroter une mousse autour d’une assiette de frites, en attendant les copains …