15-03-2022
Vanoise
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Raid Vanoise - J4 : objectif Pointe de la Sana

La nuit au refuge de la Leisse nous a requinqués ! Cachés sous 3 à 4 couvertures qui grattent, la plupart d'entre-nous ont dormi intégralement habillés, doudoune et bonnet compris. Cette nuit le vent annonciateur du sirocco a dû être un terrible obstacle pour les pauses pipi, la cabane d'aisance se situant au fond du jardin. Petite perf : la température du refuge est passée de 0°C la veille à 21h à 4°C à l'heure du réveil (6h45).

La team encadrante tempère au petit-déjeuner les plus rapides d'entre-nous, notamment Florent qui avait déjà son sac sur le dos en trempant ses tartines à la confiture poire-gingembre, considérant la météo peu engageante : visi médiocre, vent, neige fraîche transportée avec probablement quelques accumulations piégeuses. On est pas trop pressés. Mais on l'est un peu quand même parce qu'on doit franchir le col de la Sana, avec une descente plein Est, et rallier la pointe du même nom.

Check DVA, nous partons à l'affront du jour blanc.

Nos vaillants pousseurs de neige se lancent dans la formation de la trace. Régulière, ni trop raide ni trop dure, en évitant les coups de cul. Un vrai savoir-faire. Nous nous relayons tour à tour, Iphigénie dans la main, en direction de pentes qui se redressent. A l'approche du col de la Sana notre choix d'itinéraire nous impose de maintenir de l'espace entre nous, parfois de progresser un par un sur certains passages. La neige s'humidifie, nous le sentons sous les skis. Sylvie avance, établit un rythme parfait, prenant sa revanche sur la matinée de lundi.

Enfin le col ! Ca souffle fort. Heureusement, hier soir nous avons lesté nos estomacs au dîner grâce à un risotto champignons-poireaux de chef étoilé. Roulé sous les aisselles il aurait pu s'apparenter à un kloug. Erica, native de Trieste, fait preuve d'une grande abnégation et nous promettra plus tard une remise à niveau gastronomique. Merci toutefois à la Leisse : grâce à ce repas, personne ne s'est envolé au col de la Sana. Mais il n'y a pas que le riz collant qui nous a fait ne pas nous envoler au col... Au premier coup d'oeil, la pente exposée Est - colorée jaune et orange sur la carto - laisse certains dubitatifs, d'autres plus confiants. Ni une ni deux, nous envisageons de tester ce terrain. Je pose un corps mort avec les skis de Jordi pendant que François se confectionne un baudrier avec une sangle. Un brin de corde, un mousqueton, un demi-cab, j'assure notre encadrant qui s'engage quelques mètres sous le col. Exercice qui n'en était pas un : le sol s'effondre sous François, comme dans les vidéos sur Youtube ! "On se casse, fin du jeu !" Et effectivemment nous nous cassâmes de ce col sous lequel une rupture de pente non purgée pouvait s'avérer menaçante.

Quelques pentes chargées et colorées mi-Alpes mi-Mauritanie nous amènent au spot du picnic pas très loin à vol d'oiseau du lac des Nettes. La journée n'est pas terminée...

Deux choix s'offrent à nous. En contrebas de la Grande-Motte, il est possible de remonter une moindre distance, de ruser pour prendre un télésiège du domaine skiable, puis de se laisser guider par les pistes de Val d'Isère pour rejoindre les navettes qui ramènent à une des deux voitures. Il existe aussi une option qui relève plus de l'aventure : se diriger vers le col de Fresse et retrouver la voiture de Florent garée au parking du Manchet. Attention car l'histoire à ce stade ne liste pas exhaustivement les activités que nous allons devoir réaliser entre le col de Fresse et la voiture de Florent. Je fais partie de la team qui après moultes tergiversations internes choisit l'aventure : remontée de pistes, neige qui colle, télésiège en filous sans recours aux négociateurs du GIGN, neige pourrie, canyon, coulées, skating, parking. 23,9 km de ski ce jour et avec le sourire car nous aimons l'aventure et encore plus taquiner leurs auteurs !

Fin du raid, l'heure est à la bière, aux cookies de Sylvie qui ont été entamés par deux renards (Sylvie se méfie des choucas et autres prédateurs de picnic, elle a bien raison) et aux projets relatifs à l'hygiène personnelle : LA DOUCHE ! Retour avec escale à Albertville pour les estomacs creux, vol direct pour les plus pressés. Ca sentait fort la chaussette dans tous les cas, quelle que soit la voiture.

Une bien belle bambée s'achève. Merci à nos encadrants qui l'ont rendue sûre et belle, ainsi qu'à chacune et chacun pour tous ces bons moments partagés !