11-04-2024
Sultanat d'Oman
AD
Fanny, Alban
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Ce vendredi, c'est après quelques heures de route en direction de la région Parisienne (fait suffisamment rare en Gaule pour être noté) que nous arrivons sur le parking de la Canche aux Merciers, à l'heure pour le picnic. Un site agréable, offrant une multitude de blocs de tous niveaux, sans exposition, et répartis sur une agréable plage de sable fin à deux pas du parking. Autant de qualités qui en font un secteur très classique, ce qui le rend souvent bondé. En m'y rendant un vendredi, j'espérais y trouver un soupçon de tranquillité. Espoir douché quand je découvre un parking plein de nombreux vans, foule cosmopolite venue de partout en Europe : peu de Français mais de nombreux Allemands, Belges, Anglais, Néerlandais et même des Suédois.
 
Au milieu de cette nuée de grimpeurs, d'enfants, de poussettes et de chiens, on parvient à trouver des blocs sur lesquels s'amuser. Du jaune, du orange, quelques bleues. Le plaisir est bien là, et le rocher n'est pas aussi patiné que dans mes souvenirs. On se délecte du spectacle d'une jolie Néerlandaise s'échinant dans une longue traversée déversante sur plats fuyants, tête en bas et tout en jeux de talons. Un joli petit 7b, excusez-moi du peu, qu'elle finit par cocher dans l'après midi, sous les applaudissements de la foule.
 
Les moustiques sont aussi sortis d'hibernation et nous dévorent de la tête aux pieds, tandis qu'un groupe d'anglais blanchit méthodiquement tout cm2 de rocher à grand renfort de magnésie (ça fait vrai Bleausard), et s'abstient de nettoyer derrière (ça fait vrai connard). Après ce bel après-midi, nous rentrons à Milly la forêt pour recharger les bras.
 
Le lendemain, nous filons vers les Gorges d'Apremont, une belle platière qui s'étend autour de la bucolique caverne des brigands. Notre premier objectif, le parcours montagne vert, s'avère une déception : depuis ma dernière visite, les rochers ont salement patiné et le parcours est en train de se perdre sous les lichens. L'engagement de cet enchaînement sans crashpad ni parade a raison de la motivation de mes comparses, alors je nous oriente sur un plan B : le orange de la Solitude. Comparé à la veille, nous sommes tranquilles et ne croisons qu'un groupe d'Allemands perdus dans le chaos. Le lieu est magnifique, fait de blocs immenses entre lesquels on se faufile par de fins boyaux, à la recherche de flèches oranges et du bleues en guise de fil d'ariane. Les voies ici demandent un certain engagement, ce qui n'a malheureusement pas suffit à protéger le secteur de la patine.
 
Après n'avoir pu cocher que quelques numéros au forceps, l'égo est bien bas, et je décide de migrer une troisième fois. Nous rejoignons le parcours jaune en contrebas, une pause bien nécéssaire pour retrouver la motivation. Puis nous déménageons pour la quatrième fois vers le Bleu Outremer, qui s'est un peu vidé en cette fin d'après midi. J'enchaine quelques numéros, et là ça en est trop, mes pieds crient "pitié" lorsque je tente une énième fois de les glisser dans mes chaussons humides et fétides. Je décide alors de grimper un premier bloc pied nu. Satisfait du résultat, je me lance dans un enchaînement, les panards à l'air.
 
Alors qu'on fini nos bras sur une variante non officielle du circuit bleu, deux demoiselles osent passer une tête par-dessus un rocher, pour nous proposent de grimper ensemble. Je m'excuse pour les odeurs de pieds rôtis, et leur offre de profiter de nos crashpad pour quelques essais. J'aurais bien passé la soirée avec, mais mes espoirs sont douchés lorsqu'après quelques essais, les deux jeunes filles enchaînent ce bloc qui nous tient en échec depuis une heure. "Merci, au revoir !". L'humiliation est totale. 
 
Le dimanche, nous terminons tranquillement notre weekend dans le massif des gorges de Franchard, sur le secteur Hautes plaines. Un secteur que je découvre, et qui propose un circuit jaune très accessible, et un orange un peu plus relevé, dans un cadre ombragé et très bucolique. Hautement recommandable pour qui veut découvrir le grès, avis aux amateurs 
On se fumera quand même les bras (et les petons) sur le fil d'un joli toit, sur les conseils avisés d'un local qui semble connaître toutes les variantes du secteur.
 
Voilà trois jours bien garnis, le retour est nécessaire pour laisser reposer les bras mais déjà, une question se profile : quand est-ce qu'on y retourne ?