Nous voici au dernier soir de notre superbe semaine dans le Val Müstair. Après le diner de la veille, à la thématique "on finit les reste", le frigo et le cellier sont presque vides. Mais en tant que bons Gaulois.es, on sait s'adapter à la pénurie : le programme de cette soirée des vacances est d'aller manger une fondue au restaurant du village de Lü, situé quelque trois cents mètres au-dessus de notre gite.
Pour conclure cette semaine de ski en beauté, l'idée est de rester dans le ton et de monter à ski jusqu'au restaurant puis de redescendre après le repas, toujours à ski, à la lueur de la frontale en profitant de la piste de fond qui relie le village de Tschierv à celui de Lü. Et oui, même si la coutume en Suisse est de manger tôt (rendez-vous au restaurant à 18h30 !) cela n’empêche pas le soleil de se coucher et implique un retour de nuit.
Delphine qui s'est malheureusement blessée plus tôt dans la journée, monte au restaurant en voiture, accompagnée de Colette et Babeth qui assurent son escorte. Nous sommes donc 11 à partir à ski, en ordre quelque peu dispersé : les risques objectifs sont faibles sur la piste de fond et l'humeur est à la discussion en petits groupes. L'ambiance est tellement débonnaire que mon casque, sûrement outré par notre manque d'attention et de concentration, décide de démissionner en quittant discrètement le sac sur lequel je l'avais pourtant bien accroché. Merci à Jeanne d'avoir ramassé le fuyard ! Chemin faisant nous assistons au coucher du soleil qui fait ressortir en ombre chinoises les différents sommets de la vallée sur lesquels nous avons promené nos spatules au cours de la semaine.
Après environs une heure de monte, nous arrivons au village de Lü. Nous trouvons rapidement le restaurant où nous quittons les planches et troquons nos chaussures de ski pour des tennis et autres babouches judicieusement portés jusque-là dans nos sacs à dos. Le repas à lieu dans une salle chaleureuse où nous réussissons à convaincre un autochtone de rejoindre le Gaul. La fondue est excellente, faite à partir d'un fromage de la vallée dont toute la production est réservée pour le restaurant. Fromage donc nous ne réussirons pas à connaitre le nom : le secret fromager au pays du secret bancaire. La fondue sera accompagnée de rires et de bonne humeur, mais restera arrosée avec modération. Cette relative sobriété est bien évidemment le fait de consignes de responsabilité de nos encadrants de la semaine, soucieux d'assurer un retour nocturne à ski en sécurité, et n'a bien sûr absolument rien à voir avec le prix prohibitif du vin en Suisse !
C'est donc le ventre plein que nous quittons le restaurant pour retrouver nos skis. Nous nous assurons du bon fonctionnement des frontales, mais ne les allumons pas tout de suite pour profiter du magnifique ciel étoilé qui nous accompagnera le long de la descente. La nuit nous offre une belle ambiance pour cette descente nocturne. La neige est même de bonne qualité, que ce soit sur la piste de fond ou dans les champs la jouxtant. On ne connait cependant pas la qualité de la neige dans le ruisseau, malgré la tentative (involontaire ?) d'Emeric d'aller y faire une visite, heureusement avortée in extremis ! L'itinéraire est évident, marqué par la piste de fond, mais le monde de chacun se rétrécissant au halo de sa frontale, cela ne nous empêche pas de nous disperser à nouveau.
L'ambiance onirique de la nuit inspire Jeanne qui nous rassemble à la fin de la descente et nous met tous à contribution pour une lumineuse performance artistique de groupe. Performance que nous ne dévoilerons pas ici mais qui marque certainement un tournant dans l’art montagnard contemporain !
Une belle virée conviviale qui signe une belle fin à notre semaine dans le Val Müstair !