21-07-2019
Mont Blanc
D
1
Cela commença par une ambition : la traversée Charmoz-Grépon.
 
J'avais l'acclimatation, un week-end de trois jours, l'info que Camille est également motivé pour aller grimper à Cham'. Zou !
Plan initial, vu la météo qui annonce une belle journée lundi et un peu moins stable les deux jours précédents :
- une voie à l'aiguille de l'M
- une voie dans le peigne
- la traversée Charmoz-Grépon
 
Samedi
Partis à 6h de Lyon, nous attaquons vers 8h45 après un rapide choix de matériel, le sentier de montée au-dessus de l'incommensurable parking du Montenvers, direction la moraine du glacier des Nantillons en passant par Blaitière dessous, Blaitière dessus, Blaitière par-ci, Blaitière par-là...
Nous aurions pu faire encore pire, mais nous sommes tout de même chargés comme des baudets, pour un bivouac de 2 nuits avec tente, bouffe et matériel pour course glaciaire et rocheuse. Camille emmène un petit train de 600m/h sur le sentier efficace, bien roulant et rasé de frais pour la période touristique, à travers les framboises.
Nous prenons le temps de choisir le spot de rêve pour établir notre campement ; une vieille sardine oubliée nous confortera dans notre décision. Petite pelouse, rhododendrons en fleurs, vue sur les Charmoz avec en face les Aiguilles Rouges mais pas la ville. On est bien. Seul défaut, il n'y a pas d'eau dans les environs.
 
Il est 11h, on mange un bout et on part en direction de l'M et son arête NNE. Vite fait. Il y a pas mal de cordées engagées mais personne ne lambine et puis nous ne sommes pas pressés, les orages prévus en fin de journée se décalent dans la nuit. Grande découverte pour moi du rocher chamoniard (qu'on vante tant, à raison) et du style associé, avec coincements de tous ordres. Finalement le IV+/V n'est pas si terrible. Ca me plaît bien ! 
La descente dans le couloir est dégueulasse, bien comme il faut. Le glacier des Nantillons fait grise mine. On se demande un peu à quel niveau on chope le rognon.
Soupe et semoule, à l'eau du glacier aromatisée aux extraits de Grépon, ça croustille ! 
 
Dimanche
Un orage dans la nuit, comme prévu. Au réveil ça semble encore un peu bouché, alors on ne se presse pas. Vers 6h, tout est déjà presque sec. On reprend le sentier jusqu'au Plan de l'aiguille et direction l'arête des papillons à l'Aiguille du Peigne. Précédemment, le choix de la corde (simple 50m ou brin de rappel de 60m ?) nous aura occupés un petit moment ; le topo n'est pas bien clair à ce sujet ; on opte finalement pour la 50. En revanche, la question des crampons est sans appel : tout est bien sec.
Déjà pas mal de monde engagé sur l'arête mais ça s'étage assez bien. Encore du très bon rocher et du style. Le pas de 6 est finalement moins teigneux que les cordes en place n'y laissent paraître. C'est vrai que je passe en second mais ça sort sans tirer au clou. 
Nous rattrapons l'itinéraire de la voie normale ("vire" du topo) à la mi-journée. Des cordées descendent déjà. On mange un bout et on pousse jusqu'au sommet. Là, la description de l'itinéraire sur c2c devient franchement foireuse, à trop vouloir décrire ça en devient déroutant. Bref, on cherche un peu, on se fait indiquer le chemin par des guidos occupés à décoincer leur rappel. On traverse la salle à manger à la recherche de la bonne cheminée, je cherche beaucoup, je bricole... Camille, plus inspiré, prend le relais et finit par rejoindre l'arête. Gaz. Je repars pour 10 m, je cherche le rappel de 4 m, fais des relais pas des plus opportuns niveau déroulage de corde, je commence à en avoir plein la musette ! Repassage en tête de Camille, petit rappel (au bon endroit ce coup-là) et nous arrivons finalement au sommet. Magnifique fil, tout de même ! 
Ca m'a rincé. Je n'ai qu'une motivation : la binouze au refuge du Plan (la buvette de la gare intermédiaire a déjà rangé les parasols). 
Pour la descente, les rappels passent à 25 m, puis à partir de la salle à manger, nous désescaladons dès que c'est possible histoire d'éviter les déconvenues. 
 
Bilan : L'enchaînement Arête des Papillons puis sommet par la voie normale s'avère bien plus long que ce que nous avions estimé à la lecture du laconique topo.
Nous atteignons le refuge du Plan vers 19h ; il n'y a pas d'eau courante mais il y a de la bière. J'ai déjà averti Camille que l'aller-retour au sommet du peigne avait obéré ma motivation et ma forme pour la traversée du lendemain ; je n'ai pas trop de mal à le convaincre de prendre le repas du soir. 
 
Lundi
Après une bonne nuit réparatrice, nous refaisons les sacs. Direction le pilier SW à l'Aiguille des Petits Charmoz (avec deux brosses).
Une nouvelle fois, la question de la corde se pose mais avec des longueurs de 45m et un rappel "d'environ 30m", on embarque les deux.
Depuis le campement nous remontons la moraine chacun selon ses goûts. Le bas du glacier est en neige légèrement transformée, on atteint le pied de la voie sans problème. Une cordée est dans les rappels du rognon des Nantillons. A cette heure-ci ? on spécule.
La fissure d'attaque en Dülfer est vraiment sportive, d'autant que ce n'est pas ma discipline de prédilection et que en calant un coinceur tous les 2 m ça demande pas mal de résistance. Ca sort tant bien que mal, suivent des gradins et je fonce tout droit faire relais sur un becquet équipé de sangles. Camille me rejoint et demande où sont les spits ; j'avais oublié cette partie là. Ca commence bien ! Il enjambe un rocher, avise des spits et un couloir avec un vieux coinceur, nous revoilà sur l'itinéraire du topo. Relais sur friend (qui y restera) et becquet sur une bonne terrasse. A moins que ... 
A la réflexion, je crois qu'on a zappé L3. Alors on ne comprend pas trop le coup de la vire, on ne voit pas le coin de bois ni la fissure évidente. Quoi qu'il en soit, des fissures et des cheminées, il y en a partout. Comme des pitons et de la cordelette. Et puis ça passe bien et c'est rigolo. Du vrai TA, en somme. On rejoint l'arête à corde tendue une quinzaine de mètres sous le sommet. Longueur "Jardiland". 
Du sommet, on s'en retourne par un brin de désescalade peu engageant vu du dessus mais qui passe finalement bien (la patine confirme l'itinéraire), jusqu'à un rappel sur sangle+cordelettes. Finalement avec 25 m on aurait certainement pu prendre pied dans le couloir de descente. Mais tant pis. Gros éboulis et cailloux instables sur le chemin en direction du col de la Bûche; une pierre s'émancipe un peu trop et va se concasser dans le couloir. Engueulo d'une cordée en-dessous "Putain les gars vous avez pas le droit faire tomber des trucs ici !", indiscutable, bien méritée, heureusement pas de bobo. On retrouve les échelles de descente de l'M. Nouvelle emplette au jus de Grépon et re-moraine, avec des caillases qui déboulent de temps à autre sur le bas du glacier.
-- pendant ce temps, une cordée remonte le rognon et s'en va probablement faire la traversée --
On démonte le camp, on écluse tous les restes de bouffe, on refait les sacs et en moins d'une heure on rejoint le parking et la chaleur brûlante de la vallée.
 
Du beau caillou, un équipement modéré, de belles fissures et l'art du coincement qui va avec, des chaussons trimbalés pour rien ...
Encore !
 
Les topos C2C, plus ou moins facile à suivre :