26-10-2019
Belledonne
1050
1336
2342
PD
1 j
2

En cette fin de mois d'Octobre, de très belles conditions s'annoncent, permettant à un groupe de 10 GAULOIS.E.S plus ou moins expérimentés (mais toutes et tous motivés) de se lancer dans la traversée Sud-Nord de la crête du Pin, dans le massif de Belledonne. Pour réaliser cette course à la journée, rendez-vous est donné à Bron à 5h. L'horaire, respecté à quelques minutes près, démontre l'enthousiasme de chacun, sans parler de Jérôme et Christelle qui, ayant bivouaqué vendredi soir, sont déjà au pied de l'approche.

Après un trajet en voiture sans encombre (mais avec une pause café), la distribution du matériel et le départ du groupe de 8 venant de Lyon se font à la lumière des étoiles et des frontales. La marche d'approche se fait sur un large chemin, montant en lacets entre les résineux. Les discussions vont bon train et les muscles chauffent tandis que le ciel se teinte du mauve pastel de l'aube. Ces premiers rayons révèlent derrière nous les falaises du Vercors et de la Chartreuse, offrant déjà un beau panorama.

Durant la montée, un coup de fil du duo de campeurs Christelle / Jérôme semble indiquer une certaine confusion sur l'endroit où nous devons nous retrouver. Le Habert d'Aiguebelle est désigné comme rancard. Peu de temps plus tard notre groupe de 8 atteint le Habert, et la pause s'impose dans l'attente des deux restant. Cet arrêt nous permet de profiter un peu du panorama qui nous entoure, et de voir notre course du jour. En effet, vers l'Est à contre-jour, se dessine sur quasiment toute sa longueur la Crête, ses divers gendarmes et les sommets Sud et Nord du Pic du Pin.

L'attente dure, et certains remettent quelques couches, car le soleil est encore caché derrière l'arête. À chaque marcheur qui passe, la hâte de partir à l'attaque de la course proprement dite se fait sentir. Enfin, par un chemin différent, arrivent Jérôme et Christelle en petites foulées. Le groupe étant au complet nous reprenons l'approche jusqu'au Pas de la Coche, où nous bifurquons à gauche, vers le Nord. Après une dernière montée, nous arrivons sur le replat au pied de la première pointe, à l'extrémité Sud de la crête du Pin.

Les cordées se forment avec deux cordées 'débutants', Rémi emmenant Charlotte et Nicolas, et David emmenant Oussama et David. Deux cordée 'autonomes' se préparent également, l'une composée de Christelle et Jérôme, l'autre de François et moi-même (Samuel). C'est cette dernière qui est désignée pour partir en premier, aux alentours de 10h, après une préparation assez lente. Nous partons droit entre rochers et talus herbeux, plutôt que de contourner par la droite dans une pente plus accueillante. Derrière viennent la cordée R/C/N (Rémi/Charlotte/Nicolas), la cordée C/J (Christelle/Jérôme) et enfin la cordée D/O/D (David/Oussama/David).

Arrivé au sommet de cette première pointe (2197m), les cordées s'attendent puis poursuivent le long de la crête vers le Pas du Pin. Au niveau d'un premier gendarme, le Pinnacle du Pas du Pin, les plus acharnés (ou les moins malins, selon le point de vue) poursuivent sur le fil, tandis que la cordée D/O/D contourne par la gauche, face Ouest, pour s'éviter un rappel et une escalade désignée comme "peu intéressante" par le topo. Ils prennent par la même la pole position du groupe. Le reste poursuit jusqu'au sommet du Pinnacle, où la cordée F/S pose un rappel, qui sera réutilisé par le reste de la compagnie. L'arête se poursuit, plus ou moins large et plus ou moins rocheuse. Arrivé au second rappel, la cordée F/S se retrouve en dernière position, et je fais tomber mes crampons (pris par tous les membres du groupe au cas où...), accumulant encore un peu de retard pour aller les récupérer quelques mètres plus bas.

Heureusement pour nous, la crête se fait ensuite plus rocheuse en allant vers le sommet Sud, nous permettant de raccrocher au reste du groupe, à l'exception de l'équipe D/O/D, échappée en tête depuis bien longtemps. Devant nous, une mutinerie a eu lieu sur la cordée R/C/N, dans laquelle Nicolas a pris la tête ! Dans cette partie plus rocheuse montant vers le sommet Sud, ses capacités de grimpeur sont mises à contribution, et il progresse rapidement malgré son statut de """débutant""".

Après le sommet Sud se profile la partie la plus effilée et "gazeuse" de la course. Une partie en désescalade sur le fil, assez impressionnante demande à Rémi de repasser en tête suivi par Nicolas et Charlotte. Il aura en plus la bien bonne idée de laisser en place ses protections pour les deux cordées autonomes suivant derrière. C'est ensuite Christelle qui par en tête, assurée au demi-cab par Jérôme. Celui-ci descend ensuite et je le suit à quelques mètres de distance sur ce bout d'arête dont le gneiss compact est entaillé de traces de crampons. La cordée C/J décide de laisser le fil de l'arête et de rejoindre R/C/N par une face plus herbeuse, tandis que François et moi-même continuons sur le fil, pour profiter un peu plus de ce bon gneiss. Derrière nous, une cordée qui suivait a décidé d'échapper plutôt que de prendre ces passages assez vertigineux. Loin devant, la cordée D/O/D, après avoir attendu un bon moment au soleil sur le sommet Nord, part vers le dernier rappel. Une nouvelle mutinerie a lieu dans la cordée R/C/N, et Rémi est laissé seul, sans corde (!!!!) sur les gradins herbeux du sommet Nord, Charlotte et Nicolas ayant apparemment trouvé son encadrement totalement inadéquat !!

Après un dernier rappel en deux parties, tout le monde se retrouve au soleil dans le pierrier en contrebas du sommet Nord, un tri de matériel s'organise, où chacun récupère son dû. La descente, assez raide, se fait dans la bonne humeur d'en avoir fini, traversant pierriers et ruisseaux, vers le Habert d'Aiguebelle. Arrivé à ce dernier, nous pressons quelques agrumes dans les derniers rayons du soleil. Puis nous quittons Christelle et Jérôme qui retournent à leurs pénates, tandis que nous finissons la descente vers le parking dans l'ombre du soir.

Après un retour en voiture à nouveau sans encombre, les jambes couinent en sortant des véhicules, conséquence (presque) agréable d'une très belle journée, où certain.e.s ont pu découvrir une nouvelle manière de parcourir la montagne, et d'autres se tester en autonomie, le tout sous un encadrement amical et GAULois !