16-12-2022
Belledonne
D
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Goulotte ( Bruno)

Aussi étrange que cela paraisse, je n’ai jamais fait de goulotte… Mais ça, c’était avant ! Un froid samedi de décembre, je me retrouve à pédaler dans Lyon endormi, chargé comme un baudet (skis, grosses, crampons, etc.) pour retrouver Pierre-Marie devant chez lui. Alors que les premiers promeneurs de chiens apparaissent, nous finissons de charger la voiture d’Amandine (merci merci) et filons à la boulangerie, puis sur l’autoroute de Grenoble. Lorsque le jour se lève, nous roulons dans les sapins enneigés et givrés qui encadrent la route de Chamrousse. Bientôt, nous retrouvons François et Robin qui viennent d’arriver sur le parking de Casserousse. Le froid pince. De longues processions de cafistes, pré-initiés, et autres Grenoblois tortillent lentement sur la piste, étrennant leurs peaux de phoques toutes neuves, soufflant leur débutantisme, et gérant l’inertie de groupes démesurés dans l’air glacial. 

Pour notre part, un petit coup de télésiège, et nous voilà au soleil. Ah ah, les amateurs ! Malheureusement nous glissons rapidement à l’ombre et nous retrouvons sous les fameuses goulottes de Casserousse. Objectif : le bloc coincé. Une cordée est devant mais disparaît avant que nous ayons fini de nous équiper. Pierre-Marie part en tête, suivi de Robin. François et moi battons la semelle pendant une bonne demi-heure, contemplant les torrents de neige poudreuse qui dévalent le couloir. Apparemment ça brasse… Comme je débute, c’est François qui part en tête et je continue à me congeler doucement pendant 20mn supplémentaires. Enfin, je peux monter ! En effet, la neige est sans cohésion. Ça brasse, mais ça réchauffe ! Je parviens rapidement au premier ressaut et comprends pourquoi mes vaillants prédécesseurs ont traîné : c’est tout bête, un mètre cinquante au plus, mais il n’y a pas d’ancrage dans cette neige, et il faut oser faire un pas d’escalade un peu bizarre sur un rocher verglacé pour passer. Plus haut, rebelotte. Enfin, me voici au relais sous le fameux bloc coincé – la taille de mon appart, au bas mot… Pierre Marie vient à peine de finir la section de rocher sec qui domine le relai et a disparu. Nous voilà repartis pour une demi-heure de glaçonnage supplémentaire. Heureusement, cette fois, c’est à moi de partir en tête ! Grimpeur avant tout, je range les piolets et m’en trouve fort bien : le mur est grimpé en trois mouvs. Et là… ouh là c’est bizarre la goulotte ! Je me retrouve devant les pieds de Robin, enfilé dans une chatière en mode spéléologue. Son sac vaguement posé sur la neige glissante manque de me tomber sur le museau. J’attends un peu avant de pouvoir constater l’inévitable : il faut, en effet, enlever son sac pour passer dans une chatière. Or, je DETESTE enlever mon sac en montagne ! J’ai tout le temps peur de faire tomber du matos, et surtout mon sac. Malheureusement, pas le choix… J’enlève mon sac mais, contrairement à Robin, je ne le laisse pas traîner derrière moi. Je l’enfile dans le tunnel et le pousse devant moi. Comme ça, je l’ai bien sous les yeux et j’ai la main dessus, il risque moins de m’échapper ! Et me voilà à ramper dans un tunnel en poussant mon sac au dessus de moi, avec les pieds qui ne peuvent pas pousser dans la neige faute de consistance et les mains coincées par le sac et les bords du tunnet… bizarre, bizarre ! Mais bon, pas très dur. En mode reptile, je sors de l’autre côté. Emballé par mes exploits, je file 10m plus haut et me trouve face à un autre ressaut. Il y a des traces sur la gauche, mais j’ai l’impression que ça passe tout droit : 2m, c’est vite fait ! C’est un joli petit défi pour pimenter l’itinéraire. Hop là… et je me retrouve pendu à mes piolets plantés dans la neige pulvérulente, une demi-pointe de chaque crampon vaguement posée dans la même fissure verticale sur le mur de droite, gainage à fond en diagonale. Physiquement, c’est du bon 5, psychologiquement un bon 6+ ! Je me dis que je ne peux quand même pas me la coller dans une goulotte où les ressauts ne font que 2m de haut, surtout que c’est censé passer à gauche et que tout le monde va voir que j’ai voulu faire mon malin : je souffle un bon coup, envoie le pied dans un dièdre derrière moi, tire fort sur les bras, et me retrouve à plat ventre dans la neige au-dessus du ressaut… Bon, ça m’apprendra, la goulotte ça se fait bien mais il ne faut quand même pas trop faire le mariole. Je file vers le haut dans le couloir de neige et rejoins Robin et PM au relai. Je me pose un peu au-dessus d’eux sur un relai sur spits, pendu dans le vide. J’imagine que dans un mois il y aura 2m de neige de plus dans ce couloir ! PM repart, puis Robin, pendant que j’assure François. Au-dessus de nous, c’est plus raide et moins neigeux, ça n’a pas l’air évident… François confirme que ce n’est pas cadeau. En second cela ne passe finalement pas trop mal. On retrouve le soleil, les pins solides et rassurants, le ciel bleu… J’ai fini ma première goulotte ! Conclusion : la goulotte, c’est sympa (mais il ne faut pas trop faire le mariole quand même).

 

Ski( François)

En arrivant au parking, PM nous fait une magnifique démonstration de ski sur cailloux dans le chemin entre les deux niveaux de parking. Nous nous délestons du matériel d’alpinisme et repartons avec des sacs bien légers.

L’idée est de se remettre en skis et reprendre confiance dans les couloirs sous la croix de chamrousse et éventuellement le couloir de la passerelle (aussi appelé couloir du cul de la vielle) de casserousse. Facilement accessibles avec les RM les croissants permettent d’en enchainer plusieurs du 3.3 au 4.2 selon l’enneigement. Tout en bénéficiant du soleil couchant, nous avons parcouru :

-l’agnelier (3.3)

-Le grand croissant (3.3)

-couloir de l’etroiture (4.1)

Pour le couloir de la passerelle nous avons renoncé ayant un doute sur la nivo.

Au final une chouette journée, variée et permettant de bien se remettre en jambe pour la saison hivernale ?