02-09-2022
Cerces - Thabor - Mont Cenis
ED
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Pendant le camp du Gaul, en compagnie de Florent, Edith et moi n’avons eu ni les cojones ni les ovarios (respectivement et dans la langue de Cervantès) de finir une voie mal embarquée.

Après cet échec peu reluisant, Edith et moi prévoyons d’aller grimper dans les Cerces. Elle m’envoie quelques propositions de grande voie dans le 6a. C’est le niveau dont j’ai l’habitude, car, prudent voire peureux, je préfère en général garder beaucoup de marge en grande voie. Mais, inspiré par l’exemple de nombreux Gaulois et Gauloises plus gonadus qui n’hésitent pas à sortir de leur zone de confort, je lui fais cette fois comprendre qu’il est temps d’aller voir ce dont nous sommes capables !

Je repère deux voies à l’aiguillette du Lauzet : Demain c’était hier, de Mussato ; et Bébert sur Prises, de Chantriaux. Edith, plus expérimentée que moi dans ce genre d’aventure, épluche les nombreux commentaires de Camptocamp et me fait comprendre que la Mussato est, comment dire, enfin, voilà quoi, une Mussato : cotation sévère, équipement aéré, ambiance inquiétante… Bébert semble plus avenant.

Nous partons donc de Lyon un vendredi en fin d’après-midi et arrivons à l’Alpe du Lauzet vers 20h après un double-dîner dans la voiture. Il a manifestement plu dans l’après-midi, mais la végétation et la terre assoiffées ont déjà tout bu. Bivouac au sec donc, sur un replat repéré grâce à Iphigénie.

Le vent qui se lève perturbe la fin de la nuit à la belle étoile, mais nous sommes plein d’allant au petit matin. L’approche est nettement plus longue que nous le pensions, et heureusement : la voie est à l’ombre et le vent, qui a forci, est très frais. Le 6c sans échauffement picote. Sur le conseil avisé d’Edith, je fais une petite pause avant le toit, car il reste quand même un certain nombre de longueur dures au-dessus et il ne s’agit pas de se cramer les bras pour la journée… Edith enchaîne sur un second 6c. En dalle. En dalle lisse. En dalle lisse et raide. Avec uniquement des inversées. Elle ne passe pas. J’essaie. Je ne passe pas. Nous finissons tous deux par tirer au clou. Elle enchaîne ensuite un 3e 6c plus classique quoique bien conti et nous débouchons enfin au soleil, sur un sentier où passe l’autoroute la via ferrata de l’aiguillette.

Après un en-cas au soleil, nous nous sentons bien requinqués. Le topo indique 6b, et nous partons la fleur au fusil. Ah oui mais non, ce 6b est hyper dur ! Tous les pas sans exception sont des pas de 6b, principalement sur des pieds verticaux et fuyant et des petites prises inconfortables, et il n’y a pas une seule position de repos sur 35m. Je finis lessivé. La fin de la voie est encore bien rude. Ni Edith ni moi n’envisageons un instant de tenter de libérer le pas en A0 de l’avant dernière longueur. Nous avons même du mal à profiter du dernier 6b, pourtant magnifique : nous sommes trop rincés ! Heureusement, les rappels sont efficaces et 1h plus tard nous sommes au pied de la voie, fiers et contents d’avoir eu les gonadas de s’engager dans une voie de ce niveau et d’être allés en haut !