Les choix sont faits la veille, tout le monde dans la calanque de Morgiou, ou les cordées se sépareront au tout dernier moment : Voie du Levant pour Thibault^2 et Gaelle, Prends-moi sec au-dessus du lagon bleu pour les cordées Audrey - Jeremy - Loïc et Julien - Diane. Il est important de noter que Loïc, à son habitude, ne peut s’empêcher de poser des coinceurs partout (voie équipée ou non), et les emporte donc sur baudrier.
Typique des calanques, la marche d’approche est une randonnée à part entière, avec un passage digne de l’alpinisme à la fin, ou nous nous encordons pour plus de sécurité.
Nous arrivons alors devant le fameux trou béant, c’est parti pour un rappel épique ! Chacun s’élance à tour de rôle, équipé de sa frontale sur le casque. Frontale qui s’avèrera bien utile pour mieux distinguer les prises de la première longueur.
Attention, voie très prisée, et relais serrés, une arrivée tôt est donc très recommandée. Nous avons eu la chance d’avoir seulement une cordée juste devant nous.
Une fois en bas, nous prenons le temps d’admirer la vue du lagon et de repérer les points de la traversée effectuer par d’autres Gaulois 2 semaines plus tôt.
Diane et Julien partent les premiers. Audrey – Loïc – Jeremy s’élancent peu après et tous enchainent les longueurs avec brio, il faut le dire. Escalade facile (5a, 5b, 5c – variante 6a possible), mais néanmoins très belle dans une roche inhabituelle pour les calanques.
Le soleil nous accable au dernier relais, nous retournerions bien à l’ombre de la voie ! Une pause rapide à l’ombre d’une petite grotte, et hop c’est reparti.
Car pour retrouver le chemin du retour, il faut encore faire une longueur minimum. Plusieurs choix s’offrent à nous : une longueur en 5b, une longueur en 5b + traversée expo, 5 longueurs dont une 6a. Audrey et Julien votent sans hésiter pour un choix d’une longueur, tandis que Gaelle, Loïc et Jeremy se questionnent. Finalement, la chaleur l’emporte et tout le monde veut rentrer au plus vite se baigner (choix malheureux pour Loïc qui se fera attaquer par une méduse – heureusement, un passage à la pharmacie et la troisième épaule qui commençait à pousser dégonfle).
Alors que Diane et Julien passent par la 5b la plus directe, Jeremy, suivi de Audrey et Loïc en seconds veulent passer par la 5b + traversée. Et là, un enchainement de drames et mauvaises décisions (dictées par les seconds qui rigolent bien) s’ensuit.
Coinceurs de Loïc au baudrier pour la partie traversée, Jeremy démarre. Avant de partir, un petit regard à ses seconds : « C’est peut-être la longueur de trop ». Le futur lui donnera hélas raison.
Le début de la longueur se passe bien. Nous perdons Jérémy de vue momentanément, qui en fait installait son relais pour faire monter ses seconds avant d’entamer la partie traversée. Rébellion des seconds lui disant qu’il ferait mieux de démonter son relais et de continuer, “ça ira plus vite”. Jeremy, peu sûr de lui, demande si nous sommes bien certains de la longueur de la corde. Voix de Julien sur le côté : “fait pas ton p’tit joueur, au pire ça se terminera en corde tendue !”.
Jérémy, libre de ses décisions, décide de continuer et part en angle droit, à gauche toute. Il pose 2 coinceurs en cours de route (merci Loïc !) et commence à se plaindre du tirage – remarque positive de Loïc : “tu m’étonnes, tu dessines des Z avec ta corde !”. Jérémy atteint tant bien que mal un bloc rocheux, et se retrouve nez à nez avec Julien (dans sa voie) au lieu du relais espéré. Il pose alors une dégaine et demande de l’aide à ses seconds : “je fais quoi ??”. Loïc, propose un relais sur le point + coinceur, Audrey conseille de continuer, le relais est 3m au-dessus.
Jeremy décide finalement de faire marche arrière jusqu’à son dernier coinceur afin de limiter le tirage, puis de tenter de monter les 3m restant.
Le tirage ne sera pas limité du tout, et quelques pas au-dessus de son coinceur peu stable, Jérémy n’en peut plus. Après un nouveau “je fais quoi ??”, Audrey conseille de demander à Julien (arrivé en haut) de balancer une corde pour l’assurer :
Jérémy regarde Audrey, “je ne m’abaissera pas à ça, Julien me le rappellera toute ma vie”
Jérémy regarde les 3m restants, “je peux y arriver”
Jérémy regarde à nouveau Audrey, “je n’ai vraiment pas envie de demander à Julien”
Jérémy, d’une toute petite voix, “Julien aide moi !”
Tel le graal, une corde descend du ciel et vient sauver le grimpeur en difficulté.
La voie se termine finalement sans encombre, si ce n’est la perte d’ego de Jérémy. Cependant, Audrey et Loïc étaient bien contents que Jérémy se dévoue pour partir en tête. Il faut noter que la vraie traversée étaient en fait quelques mètres plus haut, ce qui l’aurait rendu plus facile.
Conclusion : Prends-moi sec au-dessus du lagon bleu est une voie superbe (tant par le rocher que par le paysage géologique) ; et ne pas négliger l’étude du retour !