J'adore l'escalade plaisir : de grandes envolées sur du rocher irréprochable, à la difficulté modéré mais au style bien marqué, tout en dalles et en cannelures. Toutes ces raisons font que j'affectionne particulièrement le Roc de Boeuf. Une belle crête rocheuses qui surplombe le lac d'Annecy et qui coche absolument toutes les cases. Je l'ai parcouru à plusieurs reprises, mais il me restait une grande classique à faire : la fameuse Directe des boeufs, une ligne semi-équipée, plutôt longue, qui comme son nom l'indique mène le grimpeur de la base de la paroi jusqu'au sommet. Une belle classique qui voit chaque année des Gaulois inspirés l'emprunter.
Mon poto Raph' à des obligation pro' sur Annecy à 17h. Sachant la voie assez longue, on opte pour un départ matinal : 7h au parking de Mont derrière. L'approche, efficace dans le plus pur style Bauge ( aka "t'arrête pas sur le deniv', ça passera dré dans l'pentu !"). Le sentier jusqu'au col de la Frasse est très bucolique, surtout en de début de saison où la neige à tout juste laissé la place aux prairies. Puis, on coupe à travers bois en profitant de la végétation encore peu chargée pour atteindre notre point de départ sans se perdre. Il nous aura fallut une heure.
Les premières longueurs permettent de se mettre tranquillement en route, malgré quelques régurgitations dans L1. Jusqu'à L4, c'est tout équipé et il n'est pas utile de rajouter de points. Le style commence dans de la dalle à crépit pour se transformer en dalle lisse. D'humeur joueuse, je décide de progresser en grosse. Dans L4, plus aucun point mais une fête à la lunule pour une longueur très ludique. L6 oblige à poser quelques friends, et propose quelques pas un peu fins, surtout en grosse. On déboule en haut du premier ressaut, sur une belle plateforme ombragée propice à la pause. Je profite de pouvoir fouiller dans mon sac en toute sécurité pour repasser en chaussons.
De là, une petite désescalade vraiment expo ramène à un collu. On aurait mieux fait d'opter pour un petit rappel sur un relais en place en haut de L6. Encore deux longueurs sans grandes difficultés, et on arrive à L9 : le crux de la voie en 5c. Raph qui est en tête, se trompe sur le cheminement et opte bien malgré lui pour le shunt malcommode à droite, que l'on déconseillera. De mon côté je fait le pas, qui nécessite d'oser monter sur pas grand chose pour atteindre un bac salvateur. Ensuite, on passe corde tendue et il ne reste plus qu'à enchainer les longueurs, encore très jolies et modérément équipées. A 13h20 nous foulons le sommet.
La vue est magnifique, un beau panorama à 360 qui dévoile ici le Mont Blanc, là la Grande Casse, et là bas les aiguilles d'Arves. Il ne nous reste plus qu'à rejoindre notre point de départ à Mont Derrière, en une petite heure.
Bilan, une voie hautement recommandable, peu difficile et qui permet à une cordée peu assurée de poser ses premières protections sur un rocher impeccable. Attention tout de même à compter large ( 15 longueurs ça prends du temps !) et à ne pas oublier que la face étant plein Est, c'est en plein cagnard dès le matin.