06-05-2024
Caroux
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Nous sommes au troisième jour de notre séjour au Caroux et le temps reste mitigé. Après une journée maussade de randonnée, nous sommes plus que motivés à grimper sur le gneiss caroussien. La météo reste instable pour la journée: tramontane et averses éparses, avec une amélioration possible l'après-midi. Mais les doigts nous démangent trop et nous décidons de nous engager dans l'arête nord du Minaret. Pauvres ignorants !!

 Sur la marche d'approche nous sommes accompagné par quelques-uns de nos compagnons d'aventure qui ont jugé de s'engager dans des profils plus ensoleillés. Arrivée au pied de notre "paroi" la première longueur est raide et ça semble bien grimper entre deux fissures. C'est ça du 4c !!!! In fine, les mains dans la chose, ça passe bien mais ça grimpe !! Bon cela s'annonce corsé !! Holé!! Le relais se fait sur un arbre en-deçà du mur compact, départ de la L2. Dans cette deuxième longueur ça grimpe un peu moins. Nous n'avons pas trop compris où passer après les points protégeant le début. Nous nous sommes réfugié dans les pas herbeux et faciles du dièdre situé à main droite. La fin est superbe, sur une belle écaille décollée avec un peu de gaz sous les fesses, et pour nous un vent forcissant dans la figure. Youpi!!! l'adrénaline commence à monter et les doigts à geler!!!!

La troisième longueur est une longueur de transition qui aurait pu faire l'objet que de quelques mots seulement. Mais étant en possession de toute votre attention j'ai décidé de vous faire mention de plusieurs détails importants de ce récit non moins passionnant. Alors que la journée s'écoulait le ciel carroussien déjà sombre s'assombrissait encore plus, le vent nous fouettait et je n'arrivais à trouver mon relais, escaladant et désescaladant sans arrêt à sa recherche. In fine j'arrive à relayer entre les deux dièdres verticaux marquant le début de la quatrième et dernière longueur. Les éléments se déchainent: il pleut à l'horizontale sur ma position. Estelle arrive frigorifiée et je commence à être congelé. La dernière longueur la plus dure, la plus longue; commence par l'escalade d'un des dièdres nous dominant, s'en suit de bonnes fissures raides et, à la fin, protégés par des points (comme les précédents pas difficilement sécurisable) le mur final en 5+. Derrière nous une succession de ressauts coupant toutes possibilités de retraites. En nous, dans notre mental: Froid, Fatigue et Faim. Une seule solution : sortir de là !!!

Nous nous démenons chacun à gravir non sans mal ces derniers longs mètres profitant d'une accalmie dans la tempête. Mais alors que nous sommes proche de la victoire, de crier notre hourra, l'erreur fatale: le coincement de coinceur. Enivrée par l'arrivée au sommet des difficultés, mais surtout noyée par un flot de conseils qui se voulaient êtres avisés mais qui se sont avérés totalement faussés, Estelle n'a pu récupérer le dernier coinceur posé: le n°4. Oui oui, celui qui alourdis votre baudrier et qui allège votre porte-monnaie. Il a fallu manipé du haut pour récupérer le précieux. Après ces émotions l'arêtes s'horizontalise. Cela devient un parcours pour nains de jardin où l'ambiance est moussue, végétale et aquatique. Il faut louvoyer entre les arbres et éviter d'avoir un gros sac à dos. Là il n'est plus question d'ambiance à la cliffhanger et c'est soulagé et éreinté que nous arrivons au col, notre sommet. Pour clore la boucle nous descendons par le vallon nord raide et casse-gueule en direction du camping.

Notre groupe a passé une très belle semaine dans le Caroux. Nous avons eu de merveilleuses journées de partage ensoleillées, sur un rocher sublime et sec. Les escalades étaient assez variées et toutes plus belles les unes des autres.