26-01-2023
Belledonne
1100
1138
2300
F
5hB
2

On pourrait raconter cette journée qu’en disant qu’on a fait une belle sortie, skis au pieds depuis Les Roches le long de la combe homonyme vers le col des Fontaines, dans une journée ensoleillée et froide, ou des cristaux de neige emportés par le vent dansaient dans l’atmosphère en guise de paillettes dorées. Le décor hivernal est finalement là : les arbres gardent la neige sur leurs branches, les sons sont étouffés par cette belle couche blanche qui recouvre la montagne, le nez pique, les spatules croquent sur la trace. Monté tranquille, chacun à son rythme, on s’arrête vers 14h45, un peu avant le col pour sécurité horaire et avalancheuse (quelques plaques de vent, plutôt orientation Est, se sont détachées à côté du col). Descente agréable, au début dans une poudreuse un peu lourde, trop bronzée par le soleil du matin dans cette expo sud-est (même avec le froid qu'il fait, les rayons ont fait leur bulot), et après dans une légère poudre conservée froide à l’ombre du fond du vallon. Slalom entre les buissons et partie finale de cross-ski sur le petit chemin dans la forêt. Une journée normale de ski de rando, pourrait-il paraitre, si l’on ne considère pas qu’elle a démarré qu’à 12h à cause d’une série d’imprévus, commencés bien plus tôt ce même matin...

J’ouvre les yeux, il fait encore nuit, juste le bruit de quelques oiseaux dehors…j’ai quand-même la sensation d’avoir oublié quelque chose et je ressens l’urgence de vérifier quelle heure il est. Cette sensation de ‘t’as pas entendu le réveil, t’es surement en retard!’ je la connais bien, mais souvent c’est juste un peu de stress qui disparait dès que je vois qu’il est 5h et il me reste une bonne heure au chaud sous le duvet…je suis tentée de ne pas bouger et attendre que le réveil sonne. Une petite voix stressée au fond de ma tête insiste et je me lève, un peu récalcitrante… il est bien 6h42, j’ai RDV à Bron dans 13min : j’habite à Tassin, à l’autre bout de Lyon, 27 min de voiture si tout va bien. La petite voix stressée, entre un ‘je te l’avais dit !’ et un ‘dépêche-toi, se laver les dents n’est pas la priorité en ce moment !’, essaye de calculer les minutes de retards déjà accumulés pour estimer une nouvelle heure d’arrivé: j’appelle les copains ‘je suis bien en retard : partez sans moi et je vous rejoins sur le chemin !’. Mais non, ils m’attendent : je les imagine au parking de Bron, à moitié endormis et à moitié congelés, la petite voix stressée monte d’un ton. J’arrive finalement à Bron, 25min de retard, ils m’attendent souriants et pas encore complètement congelés : on charge les affaires dans le Kangoo et c’est parti pour St. Colomban des Villards. Je commence à me relâcher, la petite voix se tait et presque ronronne avec soulagement : la bêtise de la journée est faite (je pense, ce qui me fera quand même gagner pas mal de points ‘rédaction du CR’), on roule sur l’autoroute bien blindé de skieurs qui partent en direction des montagnes finalement enneigées et les copains sont en mode relax, ‘il fait froid, ça ne va rien changer un petit retard d’une ½ heure !’. Tout semble aller bien, finalement … donc, bien sûr, les voyant rouges du moteur de mon Kangoo commencent à clignoter tandis que l’aiguille de la température du liquide de refroidissement se met à danser la rumba : j’hallucine, cette petite fête sur le tableau de bord je ne me l’attendais pas…Serge, assis à mon côté, regarde inquiet l’aiguille folle monter et redescendre : je décélère, on s’arrête à la première aire et l’on vérifie ce qui se passe sous le capot. La situation semble ok, pas de flames ou fumées bizarres, mais il vaut mieux ne pas continuer le voyage comme ça. La petite voix s’est bien réveillée : elle gueule contre ma voiture de 20 ans qui n’est pas assez fiable (et qui adore faire des scènes et se planter lorsqu’on amène des gens), contre les coïncidences de la vie , contre l’heure de retard qu’on a déjà cumulé à cause de moi, etc etc…j’essaye de l’ignorer et commence à penser à un plan B : au moins que le weekend ne soit pas gâché pour tous ! On s’arrête au péage de Chambe : les 4 malheureux de mes copains se tassent dans la voiture de Simona avec le matos de ski et repartent. Moi je reste là, incrédule, à la recherche d’un atelier ouvert le samedi matin (mais quelle idée, hein ?!?) ou une manière de les rejoindre le soir avec leurs affaires. Je laisse la petite voix stressée se défouler : je ressorts une panoplie de gros mots en toutes les langues que je connais, quelle richesse de langage je me dis ! Je suis dans mon trou noir de stress/déception/culpabilité que je reçois l’appel de Frédérique :  ses parents habitent à 10min de distance et nous laissent emprunter une voiture pour le weekend …je n’y crois pas, une merveilleuse solution s’offre devant moi : quelle chance, quel bonheur ! J’y vais, la situation s’est complétement retournée, l’espoir revenu et je commence à ressentir l’effet des montagnes russes émotionnelles de la matinée , ne sachant plus si rire ou pleurer. Les parents de Fred sont super aimables et me confient leur Polo : je repars ( entretemps, le retard cumulé frôle les 2h30 et les points ‘rédaction du CR’ ne se comptent plus). Les camarades (parce qu’on ne peut plus les appeler que ‘copains’ ou ‘coéquipiers’) m’attendent dans un bar à la sortie de l’autoroute …vous lisez bien : ils m’attendent, après tous ces imprévus et solutions improbables, ils ont décidé qu’on allait faire la sortie ensemble, coute ce qui coute. Emue, je les rejoins, je ne sais plus comment les remercier de la patience et solidarité montrée! On rejoint finalement Saint Colomban, il est presque midi et vous connaissez déjà le reste de l’histoire ?

Gros merci les camarades pour cette belle journée!!!