05-05-2023
Mont Blanc
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Après un rendez-vous matinal à Lyon, nous arrivons à Chamonix en début de matinée, sous le soleil. Grâce à la benne de l’aiguille du Midi, nous sommes au plan de l’Aiguille à l’heure prévue. Bonne surprise : on peut chausser à la benne, et la traversée vers la Jonction et les Grands-Mulets a l’air en excellente condition. De nombreuses cordées ayant fait le Mont Blanc la veille sont en train d’arriver. 

LA traversée est un peu longuette et nous ne sommes pas rapides mais nous arrivons au refuge largement assez tôt pour faire une bonne sieste avant le dîner. Le refuge est presque plein, et on se marche un peu dessus. Pas beaucoup de conversation avec les voisins, car le classique : “Alors vous allez où demain” ne fonctionne pas… 

Lever à 2h30, après une fin de nuit troublée par un groupe TRES bruyant de 7 Italiens (eh oui, il y a des gens qui reviennent dans le dortoir pour y enfiler leurs chaussures de ski, puis reviennent encore y prendre leur sac…). Nous partons dans le gros de la troupe des prétendants au sommet, notamment un guide et deux clients ayant à peu près le même rythme que nous. 

Nous allons plus vite que la veille en effet. L’arête N du Goûter, par où passent désormais toutes les cordées, est une montée assez efficace. Nous déchaussons vers 3600m pour faire un bout en crampons. La glace n’est pas loin sous la neige mais ça passe bien. Le soleil arrive à temps pour compenser l’effet du vent, qui forcit et rafraîchit bien l’atmosphère. Les nuages bourgeonnent un peu partout, mais se dégagent ensuite. Nous avons une vue magnifique sur les aiguilles de Chamonix et la Verte au milieu des nuées.

Après quelques manips supplémentaires, nous arrivons au col du Goûter vers 8h30. Nous sommes à peu près dans l’horaire, mais les autres cordées sont allées beaucoup plus vite que nous. Les Italiens sont déjà presque en haut. Le guide et ses deux clients s’apprêtent à filer vers le bas, renonçant à aller plus haut. Une cordée de jeunes germanophones partis plus tard et ralentis par un problème de peau vient de nous doubler. Après en avoir discuté, nous estimons que nous sommes trop lents pour aller en haut en toute sécurité, d’autant que la météo prévoit que le sommet se couvre en milieu de journée : nous ne voulons pas nous retrouver seuls dans le brouillard ! 

Nous allons tout de même au dôme du Goûter avant de redescendre. Un magnifique sommet à 4300 mètres, à l’issue d’une course en terrain glaciaire pas évidente. La journée n’est pas perdue ! 

Nous rencontrons deux cordées qui arrivent de la voie normale italienne. Ils ont passé une nuit exécrable dans un bivouac imbibé d’eau et renoncent eux aussi au sommet. Nous filons donc vers le Grand puis le Petit Plateau. Nous nous félicitons rapidement d’avoir fait demi-tour car la neige est exécrable : tracée, regelée, parfois croûtée. Nous n’allons pas bien vite et les cuisses chauffent mais les pauses ne peuvent être que rares et courtes sous les séracs qui menacent ! Nous pouvons nous remettre avec une bonne lampée et un sandwich au niveau du refuge. La suite de descente est un peu meilleure, avec quelques contre-pentes dégelées et quelques virages sans rails grâce aux nombreux passages de la veille. Nous remettons la corde pour passer la jonction. La traversée et les 100m de remontée au plan de l’Aiguille sont rapidement avalés. A 14h, nous sommes à la buvette, où une touriste asiatique nous prend en photo ! Il fait toujours beau sur le sommet du Mont Blanc... aurions nous pu continuer ?

Nous découvrons en arrivant en bas qu’il fait une chaleur de tous les diables, ce que nous n’imaginions pas du tout dans nos trafolles gelées comme du béton en fin de matinée ! 

Bilan : pas de Mont Blanc, mais une belle journée où Ariel aura bien rafraîchi ses manips et où j’aurai pris confiance dans la gestion d’une course sur glacier en altitude.