18-06-2017
Mont Blanc
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D

Décidément, ce  mois de juin 2017 restera dans les annales du GAUL et du vol à voilure tournante.

Pour nous Tout a  commencé le lundi précédent ce weekend par un SMS  d'Emeric qui cherchait est un partenaire pour une course d'alpinisme. Nous sommes tombés d'accord sur l'arête Sud des petites Jorasses dans le massif du Mont-Blanc. Enfin Emeric était plus d'accord que moi car j'ai tout de suite précisé que je trouvais cette course vraiment dure pour moi et en aucun cas je ne passerai devant.  Emeric fini de me rassurer en me disant  avec son fameux sourire derrière ses lunettes fumées:
"J'suis pas inquiet, tout va bien se passer. Cette course je la sens bien" .

Durant toute la semaine j'étais inquiet. La date fatidique approchait et j'espérais secrètement que la météo ne soit pas avec nous .
Samedi il fait beau. Nous commençons la montée vers le bivouac Gervasutti à 11h.  Le paysage est minéral sauvage et austère. Au loin, nous apercevons ce drôle de tube rouge et blanc.
Derrière le refuge, une immense face de granit et une arête impressionnante se détachent.

J'ai la pression. Mais toujours avec ce fameux sourire derrière ses lunettes fumées Emeric me dit: "J'suis pas inquiet etc etc...  

Réveil 4h et départ 4h50. L'approche est tranquille. On franchit la rimaye quelques passages en neige et glace histoire de poser quelques broches et corps morts puis à 8h nous atteignons l'arête.
Les premières longueurs sont soutenues mais nous nous disons que cela va se calmer:

"T' inquiète j'suis p..."
Emeric certes est en confiance mais il protège beaucoup et nous sommes lents. Finalement toute l'arête sera soutenue et il y aura même quelques passages encore plus durs nous débouchons au sommet de l'arête à 14h pour constater que la voie normale de retour est impraticable.
Il faut redescendre par l'arête afin d'emprunter les rappels des voies modernes dans l'immense face Est. Pour moi c'est de plus en plus tendu. Les rappels sont garantis gazeux et pas vraiment réglementaires si vous voyez ce que je veux dire...
Nous arrivons sur une plate-forme. Emeric engage le rappel plein gaz il descend  60 mètres bout de corde et ne trouve qu'un vague becquet pour s'assurer. Pas l'âme d'une vraie ligne de rappel juste un vague becquet et son ficellou.
Je suis fatigué, je ne sens déjà plus le truc. Je nous vois coincé en pleine face cherchant désespérément une solution vers le bas.
Je craque et refuse de descendre. Emeric essaie de me convaincre mais rien n'y fait. Il me dit qu'il voit des points quelques dizaines de mètres plus bas et entrevoit peut-être une solution mais je n'y crois déjà plus. À 16h j'appelle les secours, à 16h29 nous sommes hélitreuillés et à 16h40 nous atterrissons à Courmayeur.

Maintenant que nous sommes tout en bas, il va falloir remonter chercher quelques affaires laissées au bivouac. Nous sommes fatigués, nous prévenons notre famille ainsi que notre travail car nous allons rester une nuit de plus afin de remonter le lendemain.

Nous trouvons un hébergement et après quelques bières et un bon repas nous filons au lit car une autre journée nous attend.

Lundi matin 8h30 nous remontons tout léger en direction du bivouac; Nous marchons rapidement. Arrivé au bivouac, une déesse nous attend. Elle est restée au refuge pendant que ses copains guides sont partis faire l'arête sud. Selon elle, ils ne devraient pas tarder.

Emeric arrive à son tour. L'odeur de transpiration est prenante, j'ouvre un hublot du refuge et vlan.... il tombe 100m plus bas sur le glacier. je n'en reviens pas quelle pouasse !!! Décidément ce n'est pas mon WE.

IL me faut redescendre toute l'approche terminale en corde fixe pour prendre pied sur le glacier puis descendre vers une zone de crevasse pour récupérer le hublot.

30min plus tard je suis de retour au bivouac mais impossible de le refixer. La charnière est cassée et c'est pour cela qu'il est tombé quand j'ai ouvert. Je le pose donc dans le refuge. Je prends le numéro de la belle, non pas pour conclure ( bande de dégueulasse...) mais pour avoir des infos sur la course par les 2 guides.

A 13h nous repartons et à 19h nous sommes de retour à la maison.

Le lendemain, j'apprendrais du guide qu'ils sont arrivés peu de temps après que nous soyons partis. Ils ont fait la course essentiellement en corde tendue puis ils sont redescendus par les rappels qu'ils ont trouvé. La VN de descente n'était pas non plus praticable selon eux.


Tout comme l'a fait Jérôme Chazelas  dans son ascension de la verte, vient l'heure du bilan.

-le choix de la course : difficile de répondre. Peut-être aurions nous dû choisir pour un début une course plus fréquentée sur laquelle on avait plus d'informations. En tout cas moi cela m'aurait rassuré.
-La préparation de la course ne semble pas vraiment être en cause . Emeric avait bien préparé l'itinéraire et réfléchis aux différentes descentes possibles.
Cependant, Nous n'avions aucune d'information concernant les conditions de la voie normale de descente.

-Assumer l'engagement d'une course:
Cette voie , je ne la sentais pas et ce depuis le début. Jamais je n'ai été aussi angoissé avant une course. Dépassé par l'enjeu, je n'ai jamais été semble-t-il à la hauteur de cette ascension ce qui m'a fait perdre beaucoup de mes moyens me semble-t-il et j'ai craqué. 
J'aurais dû dire: NON je ne la sens pas, j'y vais pas.

-la cordée :
Avec Emeric, on ne se connaissait pas suffisamment. Si nous avions fait plus de montagne ensemble, je pense qu'on ne serait jamais parti tous les deux dans une telle course.

Moi, trop angoissé par l'enjeu et lui, pas assez au-dessus du niveau de la voie pour me rassurer.

 

-Hélitreuillage de confort ?

je ne pense pas que l'on puisse parler d'héitreuillage de confort car l'état dans lequel j'étais risquais de nous mettre sérieusement en danger. Puisse les assurance l'entendre de cette manière.

Tout est bien qui finit bien mais ça calme franchement...