10-07-2022
Vanoise
2796
1j
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Un beau jour de juillet, je me retrouve désœuvré au camp de Pralognan… Zab m’entretient et rapidement me convainc de l’accompagner à l’aiguille de la Vanoise le lendemain. Le choix de la course fait débat, mais nous nous décidons finalement pour une voie largement à notre niveau : la Bérard-Rigotti. Quelques minutes après, les Héranney nous chantent les louanges de cette voie et nous donnent un petit tuyau pour l’attaque : il faut aller bien à gauche de la face mais pas trop, et viser là où la neige monte le plus haut sur le rocher. Il y a un cairn à l’attaque. Je trouve le topo peu clair (comme la plupart des topos de l’aiguille) et ai du mal à évaluer le niveau d’équipement de cette voie. Je me dis que je vais prendre quelques coinceurs au cas où.

Au diner, j’apprends qu’Oussama et Xavier, deux bons grimpeurs dont un montagnard aguerri, ne sont toujours pas rentrés… de la Bérard-Rigotti ! Nous les voyons finalement arriver à la nuit tombante… hem hem, ne me serais-je point fourvoyé en prenant cette voie pour une petite balade tranquille ?! Alors que je fais mon sac, Xavier, voisin de van, arrive pour défaire le sien… Je m’enquière… « euh… que s’est-il passé pour que tu rentres si tard ? » La réponse n’est pas très encourageante : attaque difficile à trouver, itinéraire incertain, équipement rare… un pas a marqué sa mémoire, une fissure vicieuse où il a monté le pied en lolotte « comme ça » (mime à l’appui). Ouh là là, dans quoi me suis engagé ! Je mets tout le jeu de friends dans le sac avec les câblés.

Le lendemain, départ de flemmard : lever 7h, départ 8 dans la voiture d’Hélène, télésiège pour épargner le genou branlant de Zab, approche tranquille dans un paysage magnifique en papotant à bâtons rompus. Après un détour d’environ 3 minutes nous trouvons le cairn qui marque l’attaque : ouf, c’est un bon début. Je pars en tête. Je trouve que tout cela est bien facile. Je file jusqu’au 2e relais en corde tendu. Zab me rejoint rapidement et me propose de rester en tête parce qu’elle profite mieux du paysage en seconde. Je continue, ne posant à peu près aucun de mes coinceurs – il y a un point tout les 5 à 8m mètres. Le plus difficile est de trouver les points, gris sur fond gris dans un terrain mi rocheux mi caillouteux où ça passe partout. Nous arrivons rapidement au pied des longueurs dures. La première est fort belle, avec des fissures franches dans du rocher excellent. LA seconde, côté moins dure, est je trouve bien plus retorse, avec un pas en renfougne taquin. Je me retrouve exactement dans la position mimée la veille au soir par Xavier !  Derrière moi, Zab, à l’expérience, passe comme une fleur. Nous filons vers le haut. 2h après l’attaque nous sommes en haut. Pause casse-croûte. Nous ne nous attardons pas, pensant avoir encore une longue traversée devant nous. Moi qui déteste le gaz, j’appréhende cette arête à la réputation vertigineuse. Nous passons le râteau de chèvre puis la poutre : tout va bien, il y a des points, et je marche sur mes deux pieds sans trouver cela si gazeux. La vue est incroyable, de tous les côtés. 30mn plus tard, nous arrivons au sommet ouest. Un drôle d’individu a tendu sa corde en travers de l’arête et assure un comparse qui se démène dans la face nord. Voici le Président et son guide du jour ! Ils n’ont pas traîné non plus, et cette rencontre au sommet conclut parfaitement une traversée à grande vitesse – 3h attaque-arrivée, pique-nique et pauses photo compris.

Nous attaquons la descente ensemble – quelques embouteillages en font finalement la partie la plus longue de la course. Nous arrivons en fin d’aprem au camping après une descente tout aussi express via le télésiège du bonheur.