13-04-2024
Ecrins
2080
PD
1

Ce Davin, un merveilleux couloir rectiligne avec un développé de 800m de dénivelé, pente à 40 et plus si affinité, il me faisait de l'oeil depuis longtemps. Ayant eu des infos sur les conditions par Barbara ,jeanne et Emeric ayant fait les agneaux le weekend avant, je cherche des camarades.


Guillaume répond présent, après un nicopat récupéré à Lyon ,partant pour rejoindre d'autres gaulois pour une autre aventure que la notre et après une nuit réparatrice à Besse, nous montons tranquillement depuis le Casset en passant par le col d'arsine pour arriver au refuge de Villar d'arène.


Au passage , un regard sur les conditions du Davin , il se dresse devant nous et tout semble correct, pas de purge dans la ligne, nous reperrons quelques skieurs dedans , ils sont bien petits ; je me rappelle alors la vue de cette ligne très impressionnante depuis les combeynots et aussi depuis la pointe de l'étendard et maintenant vu de plus près elle me fait un peu moins peur et je me dis que finalement c'est peut être possible et réalisable.


Après une longue marche sur une neige dont la blancheur a laissé la place au jaune rosé suite au vent du sahara nous emmenant la chaleur ambiante, nous arrivons au col, pause picnique et sieste pour moi pendant que guillamme part en repérage pour la monter de nuit du lendemain, accompagné de nicopat en mission repérage du piaget de son coté, à chacun son couloir.


L'arrivée au refuge se fait dans la foule des grands jours , il est plein, nico retrouve ses compères et nous nous retrouvons tous ensemble autour de la table en parlementant sur l'heure de départ , on y va ,on n'y va pas, sur les futurs projets , tiens me dit nico tu as vu c'est paul Bonhomme, du beau monde dis donc.


Nous partons nous coucher pour un lever à 3h20 le lendemain matin , tiens en même temps que Paul Bonhomme, je m'équipe donc à 4h15 à ses côtés , cet homme qui a fait des premières à ski dans des pentes dont la raideur dépasse l'entendement de ce que l'on peut faire à ski , a toute mon admiration, mais voilà par discretion ou par manque de sommeil je reste concentré sur mes préparatifs ; seul le regard du chien du refuge m'attendrit , il semble me dire mais enfin que vas tu faire là , dans le noir et le froid , tu n'es pas bien ici bien au chaud ,en sécurité au sein du nid douillet du refuge; et ben voilà et oui tiens pourquoi donc, les conquérants de l'inutile de lionel Terray nous formuleraient peut être un élément de réponse, va savoir , en tout cas cela est difficile à exprimer en un mot.


Au rythme de nos frontales nous avançons tranquillement, les lumières de Mr Bonhomme sont déjà loin lorsque nous atteignons le glacier du réou d'arsine puis le lever du soleil, toujours aussi grandioses avec ces couleurs magiques.


Puis une belle frayeur pour moi sous le col du réou d'arsine, heureusement des anges gardiens juste derrière moi m'ont aidé à retrouver mes esprits , la solidarité montagnarde réchauffe les coeurs et les esprits.
Au col, nous mettons les crampons pour une centaine de mètre de descente, c'est pas ce que je préfère , la encore mes anges gardiens posent une corde fixe qui rassurera ma descente , vivement que je chausse les skis.


Guillaume trace jusqu'au sommet dans une neige qui ramollit vraiment beaucoup, nous atteignons le sommet grâce à ces efforts à 12h , puis il faut vite redescendre.
Un peu de poudre en rive droite du glacier du casset ; puis de la transfo , puis l'entrée intermédiaire du Davin, on y est ; il nous manquera la sortie haute mais repauter pour une centaine de dénivelé supplémentaire demandera trop d'effort après les 1800 m de déniveler déjà fait.


L'engagement dans le couloir n'est pas si évident que cela , un dérapage sur une arête , un virage sauté et une traversée un peu expo et le graal est là sous nos spatules.
Je suis en total euphorie, mais la concentration reste de rigueur , que du bonheur , une belle pente bien large, bien régulière sur une neige poudreuse tassée , nous skions l'un après l'autre pour ne pas être géner par ce fameux sluff ; et cela dure encore et encore, mais tout à une fin, heureusement il y a les petits bonbons de julien glissés par ses soins la veille dans le soufflet de mon sac , et puis déjà les mélèzes du vallon du casset puis le sentier et ses crocus, et la voiture.


Merci à Guillaume pour le partage de ce beau voyage et nous quittons les écrins des images et des souvenirs pleins la tête et peut être avec un peu la réponse sur le pourquoi aller la haut affronter ces montagnes si belles, si grandes et si fortes