31-03-2017
Mont Blanc
710
3300
4013
D
7H
Sylvain PERRET

Départ de Lyon le jeudi à 13H, après avoir délivré un cours empressé. .Je récupère Sylvain à la gare Perrache et nous partons vers Chamonix. Quelques travaux nous retardent sur la route. Nous arrivons à 16H10 à Chamonix, le temps de se changer et nous pouvons grimper dans la dernière benne pour l'Aiguille du Midi.


La benne est quasi vide. Une cordée de deux suisses qui montent aux Cosmiques pour faire des goulottes et 4 membres de la "Police de Montagne" qui montent au Torino. Nous échangeons sur les prévisions : vendredi devrait être beau, sauf en fin de journée où le vent devrait se lever, amenant pluie et neige pour samedi et dimanche.

Arrivés là haut, nous descendons la Vallée Blanche sur une neige assez désagréable puis nous remontons vers le col du Géant. La montée se passe bien, nous sommes juste un peu chargés de matériel de grimpe et de bivouac. Nous nous installons sur un le grand plateau qui est en dessous de la Dent. L'ambiance est magnifique. La tente se trouve assez vite fixée en utilisant skis, batons et piolets comme ancrages. La nuit est un peu fraiche et agitée. M'étant passé de tapis de sol pour optimiser le sac, je suis passé au tapis de cordes. Ce n'est pas si mal !

Au lendemain on attaque la montée. Pentes de neiges qui nous mènent vers un petit couloir sur la gauche. Nous constatons rapidement que nous allons brasser de la neige fraiche. La progression n'est pas évidente, mais le temps est beau (sauf un peu de vent) et nous avançons assez rapidement. Nous remontons le couloir de gauche (voir photo), puis dans des pentes de neige. Ces pentes sont beaucoup moins négligeables qu'il y semblait. Nous arrivons à la salle à Manger. A ce stade, nous constatons que le temps est en train de méchamment changer : le vent s'est fortement renforcé et des nuages remontent depuis l'Italie : nous sommes au dessus, mais par moment, nous ne percevons plus rien de la vallée Blanche.

Depuis le début de cette course, le topo est tout fait clair et la course très lisible. Nous voyons la petite vire sur la gauche qui va nous permettre de basculer vers la face ouest. L'hésitation entre chaussons / chaussures de ski / chaussures + crampons est vite tranchée : la face nous a semblé sèche et le froid interdit les chaussons. Restent les chaussures de ski.

Nous prenons la petite vire, elle est équipée de cordes fixes pour la progression. On part d'abord vers la gauche puis on remonte. Je passe en premier. Je suis un peu atteint physiquement, un peu inquiet par le temps qui change, mais tellement content à l'idée d'aller attaquer cette magnifique tour de Granit ! Il faut tirer un peu fort sur les bras pour arriver au premier relais (R0 dans le topo C2C). La corde fixe continue un peu à gauche. C'est par là qu'il faut aller pour engager la voie. Je repère à peu près ce qu'il faut faire. Sylvain n'arrive pas. Il bloque sur les cordes fixes. Le fait de n'avoir pas grimpé depuis plusieurs années, cette énorme impression de vide et le temps qui s'avère de pire en pire sont autant de facteurs qui le minent.

Nous redescendons. Je passe sur la frustration, mais je me rends compte que j'ai probablement mal choisi la course : mon camarade est physiquement bien plus affuté que moi, mais n'a pas grimpé depuis vraiment longtemps. La redescente des couloirs / pentes ne nous prend pas trop de temps, mais la météo qui évolue prend beaucoup plus de place dans mon esprit et m'inquiète un peu.


Arrivés en bas du couloir, nous avons la désagréable impression de ... ne plus rien voir, y compris notre tente. Nous l'appercevions pendant la montée, tout petit point sur le plateau, mais là... Petit moment d'angoisse et petite blague sur les alpinistes qui n'ont jamais retrouvé leur tente. Nous convenons de progresser vers le gros rognon rocheux à la base du couloir : nous savons qu'ainsi, nous recroiserons notre trace du matin. C'est la seule trace du coin puisque personne n'est venu ici depuis quelques temps.

Cela fonctionne et nous finissons par retrouver la tente. Le vent est froid et vraiment pénible. Le tout ne donne pas envie de rester. Nous plions bagage et rechaussons les skis pour descendre vers la vallée. Le vent à conduit à des accumulations de neige, mais rien de trop problématique.
Au fonds de la vallée, le vent est moindre. Nous redescendons plus tranquillement. Refuge du Requin, puis Montenvers. On peut encore skier jusqu'à l'aplomb du Montenvers, mais c'est juste. S'ensuit la longue, longue remontée des marches. Au Montenvers, tout est fermé, l'hotel est en refection. Pas âme qui vive. Nous dormons dans une cabane de chantier.

Le lendemain, redescente vers Chamonix.

Il reste pas mal d'enseignements, et l'envie de retourner terminer cette course magnifique dans un délai assez bref.