09-06-2018
Mont Blanc
800
3371
4001
AD
11H
1

Dans cette période où chaque WE est annoncé orageux, il est parfois difficile d'envisager des courses d'ampleur. Nous choisissons de partir le vendredi vers le Torino, le samedi étant annoncé correct (orages avec une faible probabilité en fin de journée).

Notre objectif initial était la Dent du Géant. Arrivés au refuge, nous prenons conseil du gardien qui nous indique que la voie n'est pas au mieux en terme de conditions : il reste de la neige et de la glace susceptibles de gêner l'escalade. Il nous conseille les arêtes et l'aiguille de Rochefort, ce qui était un des plans B. Nous renvoyons la décision au lendemain, à l'arrivée à la Salle à Manger du Géant.

Le lendemain matin, réveil à 4H, départ à 5H. Il n'y a qu'un léger vent qui chasse la nuit et le massif se découpe merveilleusement sur l'obscurité. Nous avançons bien. 7H15 à la Salle à Manger. Plus de vent, un temps dégagé. Il fait assez froid : pas la peine d'aller grimper dans une face qui ne prendra le soleil que l'après midi : nous laissons la Dent et nous nous engageons sur les arêtes de Rochefort. Nous sommes quelques cordées : deux cordés autrichiennes, une italienne, une anglo-saxone, une française (dont un exhubérant et fort sympathique alpiniste) et notre cordée belgo-française.

Etant bien plus des alpinistes rochassiers que des grandes accoutumés des courses de neige, nous découvrons la progression en neige sur une arête magnifique (en l'occurence, le terme n'est en rien galvaudé), mais ô combien efilée, exposée et improtégeable. Nous progressons prudemment entre les montées, qui ne posent pas beaucoup de problème et les descentes face à la pente qui sont beaucoup plus impressionnantes ! Arrivés au pied de l'Aiguille, il y a un bouchon, les anglos-saxons ont du mal à grimper : attente dans le froid et dans une certaine inquiétude à l'idée que la grimpe doit être difficile au dessus. Le tout finit par avancer et nous progressons de deux longueurs. Toute l'arête est au soleil, il n'est que la face de l'Aiguille dans laquelle nous grimpons qui est dans l'ombre. Catherine a très froid, mais elle tient le coup pour que nous puissions finir. Les longueurs de grimpe sont en réalité très simples. Il y a des relais (une sangle sur un rocher puis des relais spités). Nous croisons les cordées qui descendent. 50 m et nous sommes au sommet de l'Aiguille. Le plaisir est complet : plaisir d'avoir terminé, plaisir de retrouver le soleil, plaisir d'une vue splendide sur les Grandes Jorasses, le Mont Blanc, les arêtes de Rochefort, l'Envers des Aiguilles, le Cervin au loin ...

La descente se fait en deux rappels : il faut admettre (hérésie pour un grimpeur) de tirer des rappels sur des sangles sans maillon. Retour au pied de l'Aiguille, progression de 50m environ sur l'arête et deux petits rappels pour descendre un passage qui a été équipé pour éviter une redescente qui serait complexe sans cela (la montée se faisait très bien). Le retour sur l'arête est long : nous sommes prudents, l'arête est toujours aussi effilée et nous avons plus de descentes que de montées ! Les nuages montent et nous cachent le vide sur la fin (est-ce plus rassurant). Nous arrivons à la salle à Manger en même temps qu'un guide et son client croisés près de l'Aiguille. Petite discussion sympathique avec lui. Il ne nous cache pas que l'arête a causé beaucoup d'accidents. Rien d'étonnant au vue de la configuration... Quelques cordées redescendent de la Dent.

La redescente de la salle à Manger et le retour seront assez long : la redescente de la Salle à Manger n'est pas triviale mais protégeable.

Aller : 5H, retour 6H. Un brin de corde, un stock de coinceurs et de dégaines transportés pour la Dent qui ont surement été très content de se promener dans le sac mais n'ont servi qu'à peser lourd (pour le deuxième brin de corde inutile cela devient un peu une habitude chez moi).

En conclusion : l'idée qu'une course peut être AD et infiniment plus dangereuse qu'une course plus difficile,  le plaisir d'une classique magnifique dans un environnement grandiose. Merci à Catherine pour sa solidité et sa forme tout au long de la course.

PS : Ce CR n'a pas beaucoup de photos de bonne qualité, nous étions trop concentrés sur la course.