23-07-2021
Valais
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Une sortie proposée par François dans un environnement suisse que je connais fort peu, au contraire de lui, qui s'en fait l'exégète à force de le pratiquer.

Le départ se fait de Gasenried : c'est suisse, c'est organisé, c'est propre. Nous partons vers 10H30 de la voiture pour aller vers la Bordierhuette (le refuge Bordier). La montée est très belle jusqu'au refuge, notamment le passage dans une vallée bordée par une haute moraine à gauche et de magnifiques falaises à droite. Un chalet et quelques constructions en pierres ont été édifiées pour la garde des troupeaux. Nous croisons quelques moutons peu farouches et fort volumineux de leur abondant lainage. On a presque envie d'aller les caresser, si on ne craignait pas de les déranger ou ... leur odeur quand la notre est encore tout à fait acceptable. Le refuge se voit de loin dans la vallée, on le repère grace au drapeau suisse fierement déployé face à la vallée. La montée finale s'effectue après un passage dans des pierriers en contrebas des glaciers. La montée est donnée en 4H15, nous parvenons à la boucler en 3H. Du refuge, on voit le premier sommet à atteindre (le Dirruhorn) et son antécime. Nous prenons des informations sur le couloir d'accès qui semble exceptionnellement en condition à cette période avancée de l'année. Je suis quand même un peu sceptique et inquiet : une cordée souhaite prendre l'arête plus bas, via le Dirrujoch, pensant que le couloir n'est pas en condition. A voir demain....

Le vendredi, reveil à 2H, départ à 2H30. Le début du chemin est équipé de capteurs luminescents qui reflètent la lumière des frontales : c'est charmant d'être ainsi guidé dans le pierrier nocturne. Arrivé en bordure du glacier, je me rends compte que j'ai oublié mes piolets techniques au refuge : étant un piètre grimpeur de couloir, j'avais choisi de partir avec deux Quark, il me reste le piolet droit de François qu'il met généreusement à ma disposition, gardant un Quark pour lui. L'inquiétude relative au couloir ne s'en trouve pas vraiment diminuée, mais nous continuons. Nous sommes au pied du couloir vers 5H. J'hésite et François me laisse généreusement le choix : nous pourrions aller faire la voie normale du Nadlehorn. Je sais cependant qu'il l'a déjà et que son intérêt se porte sur l'arête qui suit le couloir. Je valide et nous y allons. Le couloir s'avère être en très bonne condition et ... facile. Nous sommes en haut vers 5h45, dans les temps ... mais je suis déjà épuisé. Le peu d'entrainement, le manque cruel d'acclimatation pèsent très lourdement. Le leadership de François et sa forme vont malgré tout nous conduire le long de l'arête, l'une des plus longues que j'ai jamais faite, jamais dure, toujours un peu grimpante et ... magnifique. A droite, le Cervin, la Dent Blanche, la Dent D'Herens, le Dome des Mischabel... Notre parcours va être long : c'est pour moi un mélange d'émerveillement et d'épuisement total. 4 sommets de 4000 sur l'arête : le Dirruhorn, le Hobärghorn, le  Stecknadelhorn et le Nadlehorn. 4 sommets, 3 croix, 2 grimpeurs dont 1 fantomatique. Nous finissons par parvenir à 50 mètres sous le Nadlehorn, nous rejoingnons la voie normale sans faire le sommet : François l'a déjà fait et il semble prudent de garder un peu d'énergie pour le glacier et la remontée prélable vers Ulrichshorn.

L'arête de descente est globalement facile, il faut remonter vers le Ulrichshorn pour ensuite redescendre vers le glacier en évitant des zones de séracs. Le passage du glacier se fait bien, si ce n'est que les parties un peu plus pentues ont chauffé : on s'enfonce et il faut constamment consacrer de l'énergie à s'extraire pour repartir.

Retour au refuge vers 16H. Notre temps est plutôt honorable ! Il y a beaucoup moins d'animation que la veille au refuge : la météo du lendemain est annoncée mauvaise et peu sont montés. Les nuages s'accumulent déjà sur les sommets et le vent se lève. Notre rêve de ripaille s'effondre quand il nous est opposé que la cuisine est fermée : il ne semble pas dans les habitudes du refuge de sustenter les valeureux alpinistes de retour de course. François négocie une pauvre saucisse, deux cornichons et une misère de fromage. Nous finissons par repartir le ventre vide dans une longue mais belle descente.

Un GRAND merci à François pour l'idée et le leadership de la course !