09-08-2024
Mont Blanc
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J'ai entendu parler de l'Arête du Chapeau à Cornes au Requin il y a quelques années à l'occasion d'une sortie GAULoise de Sabine et Jean. A la recherche d'un itinéraire rocheux, je retombe sur cette course sur Camptocamp, qui ne recense que 5 sorties en 25 ans, dont 2 hélicoptères, 1 but et 2 horaires explosés. Bref, une course qui a tout pour plaire.

 

Claire et moi arrivons au Refuge du Requin le vendredi en fin d'après-midi. Nous sommes seuls, le refuge n'est pas gardé, je profite d'un apéritif anisé face aux Drus et à la Verte dans la lumière du soir, moments de plénitude...

 

Le lendemain, nous partons peu avant 5h, je sens rapidement que la forme n'est pas vraiment au rendez-vous... Nous disposons de plusieurs topos pour la course, avec certaines versions qui ne passent plus. Sur la fin de l'approche, je me laisse tromper par de grandes flèches blanches qui semblent indiquer l'attaque, mais qui en fait indique la fin des rappels de descente. Après une longueur trop difficile pour l'itinéraire, nous concluons que nous ne sommes pas dans le bon itinéraire : les relais improvisés nous montrent que nous ne sommes manifestement pas les seuls à être passé par là...

 

Après une traversée scabreuse en neige, nous finissons par rejoindre la véritable attaque, nous avons sans doute perdu près de 2 heures, autant dire qu'on est mal parti pour une course réputée longue. Premières interrogations sur l'opportunité de faire demi-tour.

 

La suite est une traversée en ascendance vers la droite puis vers la gauche jusqu'à l'arête du Chapeau à Cornes. Je passe d'abord en tête puis Claire prend le relais. Nous sommes beaucoup trop lents sur ces parties faciles, Claire se plaint à plusieurs reprises du poids du 2ème brin de corde dans son sac, je le récupère. Pourtant, nous grimpons plutôt légers puisque nous avons laisser crampons et piolets à l'attaque.

 

Claire me propose de repasser devant pour gagner du temps, je ne quitterai plus la tête. Nous accélérons sur l'arête mais à l'approche du Chapeau à Cornes, l'itinéraire devient beaucoup moins évident : « Remonter ensuite l'arête en restant le plus possible sur le fil ou légèrement en contrebas côté refuge (face E) jusqu’à un système de dièdre et fissure vers la droite (passage de IV+++) ». Ce « système de dièdre et fissures » n'est pas facile à localiser, je fais une première tentative mais je me mets au taquet dans du terrain manifestement trop dur. Je réessaie un peu plus loin et tombe enfin sur une série de 3 pitons, nous sommes bien dans la voie mais c'est effectivement du gros IV+ chamoniard, pas si facile en grosses. Claire tire aux clous. Un peu plus loin, dans du terrain facile, elle chute sur une terrasse alors que nous sommes en corde tendue.

 

La suite est plus simple à déchiffrer même si elle présente encore plusieurs passages en IV+ plus ou moins commodes. Nous finissons par atteindre une terrasse où passe la ligne de rappel. Il reste 60 m difficile pour atteindre le sommet, il est plus de 15h30, je suis fatigué, il reste 16 rappels à faire. En plusieurs centaines de courses, je crois que je n'ai jamais décidé de faire demi-tour aussi près du sommet. Il faut une première à tout, c'est aujourd'hui ! Sans regret car je me rends rapidement compte que je n'ai plus d'eau.

 

La suite n'est pas un long fleuve tranquille, je suis obligé de remonter dans du IV pour décoincer un rappel. Beaucoup plus bas, nous perdons la ligne de rappels et finissons à pieds par un itinéraire scabreux équipé en partie d'une corde fixe.

 

Nous rejoignons le refuge vers 20h30 où nous sommes bien contents d'être accueillis par Fanny qui est monté garder le refuge pour 15 jours. La fatigue et l'annonce d'orages dès 14h nous dissuadera de nous lever tôt le lendemain pour aller sur l'Aiguille Pierre Allain.

 

Bilan : une course longue avec de vrais passages de IV+ chamoniards, à ne pas sous-estimer. Et la série de 18 rappels dans du terrain pas forcément toujours très raide et qu'on n'a pas parcouru à la montée nécessite une certaine expérience...