13-11-2021
Les Calanques
1
La cible du jour définie avec Nicolas était le bec de Sormiou, que nous espérions à l'abri du vent et d'un soleil qui promettait de taper un peu. Le plan était de se chauffer dans une grande voie dans le 5 (idéalement Antécime, que je n'avais pas encore faite), avant d'aller se frotter à du 6a dans le secteur de la Momie.
 
En falaise comme ailleurs dans la vie, il y a souvent un écart entre ses désirs et la réalité. Ce jour-là, la fréquentation démentielle promettait un écart massif, la ruine de nos espoirs et le saccage de nos ambitions... Mais c'était sans compter sur notre esprit de ressource et nos capacités d'improvisation !
 
1, 2, 3, 4... 50 personnes au moins sur ou au pied de la paroi à notre arrivée à 10h sur le secteur, d'après le comptage officiel de Nico (beaucoup moins d'après les gardes-côte). Quoique l'on choisisse, il faudra attendre une bonne heure avant de partir, alors autant rester sur notre plan initial, Antécime.
 
Tandis que l'on patiente, la queue derrière nous s'allonge. Notre tour vient enfin, et comme les deux cordées qui nous précèdent ont sauté le 2ème relai (ce que nous ne faisons pas, grâce aux conseils avisés de Julien) nous progressons rapidement jusqu'à R2. Quand Nicolas atteint R3, il me crie d'attendre. Je ne le vois pas, on ne peut pas vraiment parler, alors j'attends sans savoir ce qui se passe. 20 minutes plus tard je le rejoins enfin : c'est le temps qu'il lui aura fallu pour obtenir une place à R3 !
 
On ne peut continuer comme ça, il faut faire quelque chose... Mais quoi ? Les options sont minces... Il y a bien un relai de la Grande Traversée du Bec visible à une dizaine de mètres, à l'écart de la foule... La vire qui nous en sépare semble facile, les coinceurs "au cas où" embarqués au baudard dissipent toute hésitation. Après avoir convaincu Nico que l'escalade horizontale, c'est de l'escalade quand même, et que ça vaut de toute façon mieux que pas d'escalade du tout, je me lance. Les pas de descente sont déroutants, et étonnamment physiques. L'ambiance aérienne au-dessus de la calanque est sublime. Nous sommes seuls, la voie est libre jusqu'au secteur de la Momie que l'on aperçoit devant  nous, il suffit de maintenir le cap horizontal !
 
Mais les lignes se croisent dans tous les sens et nous nous retrouvons, malgré nous, dans la L2 de l'éperon NE. Qu'à cela ne tienne, c'est une voie que nous avions aussi envisagée, autant la finir ! Elle s'avère très belle, et Nico ayant brillamment franchi le pas dur, nous parvenons à atteindre la crête, puis la plage, avant la tombée de la nuit - contrairement à nos collègues du Dièdre Guem qui nous laissent pétris d'inquiétude... (retrouvez leurs aventures ici : https://www.legaul.fr/escalade/cr-escalade2/2886-melody-ou-presque-13-11-2021-2886)