24-06-2023
Ecrins
D
1

4h30. Nuit noire. Le refuge s'éveille. Les sacs sont faits, défaits, refaits. Le sommeil est débriefé. Un réveil sonne bruyamment. Une lampe s'allume. Un alpiniste mal éveillé tape des pieds. Une porte claque. Un peu de calme. Un réveil sonne à nouveau. Le dortoir est semble vide. Pourtant au fond, deux Gaulois tentent de retrouver le sommeil. Un réveil sonne une troisième fois. C'est trop, Jean se lève, attrape le téléphone abandonné. Le pose dehors. Loin dehors. Retour au sommeil. Bruit d'affaires déplacées. Lumière qui s'allume. Réveil. Soupir. "Tu cherche ton téléphone ? Il est dehors". Grognement. Mécontentement. Retour au sommeil, pour de bon cette fois.

6h. Réveil encore. Cette fois c'est l'heure. Le refuge s'est vidé, tous sont aux Rouies. Petit déjeuner tranquille. Cordée équipé, prête au départ. Courte marche sur le sentier. Assis sur un rocher, on chausse les crampons. Un pas après l'autre, on remonte la pente. Belle rampe directe jusqu'à l'attaque. Progression aisée, plus rapide qu'escomptée. Dernière mètre raides. Hésitation sur l'attaque. Œil perçant. Une cordelette comme un oriflamme. Spit repéré. Prêt pour la grimpe !

Première longueur facile. Dalle, fissures évasées, dure à protéger. Des spits là où il faut. Seconde longueur plus raide. Cheminement évident. Entre les spits, il faut protéger. Troisième longueur. Un ressaut plus dur. Une rampe, une grande traversée. Final dans un dièdre. 6a bien tassé, protections évidentes. Beau rocher, belle grimpe. Deux longueurs de transition. Une nouvelle longueur de 6a, magnifique dalle compacte. Plusieurs pas fins, tout en adhérences. Spits judicieusement placés. Encore une transition. Dernière longueur incroyable, le clou du spectacle. Rocher rouge, tours de granit. Dièdres s'élançant vers le ciel. Relais final sur un bloc qui bouge. Frayeur. Traversée, déjà le sommet.

Relai de rappel, 10m obligatoires. 30m évitent une désescalade scabreuse. Suite de la descente en terrain pourri. Itinéraire pas évident. Désescalade dans quelques névés transformés. Ne pas se la coller. Traversée verticale au dessus du vide. Et enfin la combe. Retour rapide dans la neige. Arrivée au refuge.

Féliciation au gardien-ouvreur pour ce chouette itinéraire. L'envie de le recommander, tant le rocher est beau. La grimpe agréable et les styles multiples. Puis retour à pied jusqu'au camion. Bien trop loin là bas. Route pénible. Ho mais qui voilà ? La gardienne : "je vous dépose ?"