31-01-2021
Grandes Rousses - Arves
1550
F
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Dix  valeureux gaulois avaient répondu à l’appel pour ce week end en liberté conditionnelle à Besse, village très préservé de l’oisan où notre ex-président finira paisiblement ses vieux jours, bien loin des sacro-saints EHPAD sur le parvis desquels fleuriront les plaques commémoratives en hommage aux milliards de jeunes sacrifiés pour rallonger de 6 mois l’espérance de vie des grabataires en bout de piste.

 A la faveur d’un report de confinement sonnant comme un sursis et d’une météo dominicale clémente, lesdits gaulois aspiraient à goûter -comme une dernière fois- au grand air. Quitte à défier un BRA particulièrement dissuasif.

Au lendemain d’une raclette party -en 2 demi-groupes- bien arrosée chez le maître des lieux, les urines n’étaient pas plus claires que les idées. C’est donc avec une soif de chameau que Jérome et moi même –logés au gîte avec Elisa, Vanessa et Laurent- retrouvions Aurélie, Emerick et Luc à 9H skis aux pieds dans la rue enneigée qui traverse Besse.

Après 20 minutes de glisse à plat à travers le sous bois blanchi en contrebas du village, nous abordons les premières pentes, encore à l’ombre, du 1erobjectif du jour : La Quarlie. Cette grosse bosse attire d’autres prétendants qu’on ne tarde pas à dépasser par la gauche, dans une fraiche très prometteuse. Nous traçons à tour de rôle jusqu’au soleil. Le panorama prend de l’ampleur, les montagnes se dévoilent une à une : Vizelle, pic de Bayle, Etendard, Taillefer. Plus haut, la Meije nous offre son profil acéré qui émerge du plateau d’Emparis.

Les premiers virages sont enchanteurs sur le versant opposé d’une Quarlie immaculée. Les peaux sont recollées avec le sourire aux lèvres au bas d’une pente qu’on aurait voulu infinie. Luc, en pleine bourre, fait la trace un long moment en prenant soin de rester autant que possible sur la croupe de la Pissette. Plus haut, Jérome, réquisitionné par Meumeu pour prendre le relais, montre son évidente méforme en ne distançant que de quelques centaines de mètres le reste de la bande... Profitant d’un début de fringale d’Emerick et d’une énième pause pipi d’Aurélie qui justifie pleinement le nom du sommet, je ne tarde pas à rejoindre Jérome  sur ce sommet débonnaire. Une fois la fine équipe réunie, nous laissons filer les skis sur une large épaule panoramique jusqu’à la Tête de Vallon.

A 360 degrés, le regard se perd dans un paysage immense et sauvage, dominé à l’ouest par les Aiguilles d’Arves magnifiquement plâtrées qui prennent des airs de Torres del Paine, face à  la reine Meije tout aussi poudrée qui évoque le Cerro Torre.

Le pique nique royal malgré quelques rafales précède une descente d’anthologie dans une combe de cinéma. A tour de rôle, nous rebondissons, de virages en virages, sur une poudreuse onctueuse, légère, silencieuse... Au bas de cette orgasmique glissade, nous remarquons une sacrée plaque décrochée non loin de nos arabesques. Plutôt bien inspirés de ne pas avoir pris cette route à la montée...  On recolle ensuite les peaux pour retrouver le sommet de la Quarlie qu’ Emercik préfère atteindre en montant droit dans la pente tandis que nous contournons prudemment par la droite. Au pied du massif des grandes rousses une succession de ravines parallèles étincelantes rappellent presque les ices flutes du Khumbu. Nous dépassons encore le résultat d’une avalanche impressionnante et retrouvons bientôt l’impatient qui trépignait au sommet.

Toujours aussi rapide en manips’, je fais attendre 3 minutes Aurélie, Luc et Jérome alors que notre goéland des cimes s’est déjà volatilisé en aval. Nous visons plutôt l’antenne à main droite au dessus de Besse. Une fois atteinte en dévalant le glacis et après un ultime rempautage pour quelques dizaines de mètres,  nous plongeons dans une neige  lourde et mouillée jusqu’au village où nous retrouvons notre hôte que nous remercions tous pour cet inoubliable week end.

Quelle sortie... !

NB : Erreur de frappe (non modifiable) dans le titre : il s'agit bien de la Quarlie et non de la Quartile...